dimanche 4 juillet 2010

Mystras ! (réédité)


Si Sparte n'a pas vraiment tenu les promesses que nous nous étions inventées - car à vrai dire, tout le monde nous disait que y avait rien, à Sparte, comme quoi, il FAUT écouter les locaux - nous espérions bien rattraper ça avec la cité voisine de Mystras, à quelques kilomètres de là. 

Jennifer, une volontaire autrichienne, était la seule à avoir été intéressée par ce voyage, les autres trouvant ça trop cher (contrairement à l'alcool tous les soirs, hein). Du coup c'était assez facile de trouver à se loger. Après une marche sympathique de Sparte jusqu'à un petit village aux pieds de la montagne, nous mangeons ensemble à la terrasse d'un restaurant fort sympathique où nous sommes renseignés vers un hôtel pas cher. L'endroit est super confortable, très propre, très cosy, et une fois la chambre prise nous faisons d'abord une ballade digestive pour repérer les environs, alors que le soleil se couche et que se lève devant nous une énorme lune couleur de sang (ma première lune de sang, d'ailleurs, autant que je puisse me souvenir). Le lendemain matin, aux aurores (ahem, enfin, presque), nous partons à l'assaut de la montagne pour visiter la vieille cité byzantine de Mystras. 

La cité en question est à flanc de montagne et offre une alternative fort appréciable aux ruines antiques. Ironie du sort, elle fut construite par... les Francs, au XIIIème siècle ! Cocorico ! Enfin bon, dix ans après l'avoir fondée, ils perdent la cité pour payer une rançon... Hahah..ha.. Livrée aux Grecs clefs en main, ça me rappelle quelque chose, non ?

Bah oui ! Suomenlinna !! Francs / Suédois, même combat !

Bref.

Nous sommes ici dans des ruines du Moyen-Âge, dans l'Empire Romain D’Orient. Byzance, donc. D'ailleurs, c'est à Mystras que le dernier empereur byzantin fut couronné. La chapelle où eut lieu l’événement est encore là, et le tapis de protection est ouvert pour nous permettre de voir la dalle où en 1448 s'est agenouillé l'Empereur Constantin XI, dernier Empereur romain de l'Histoire, afin de recevoir sa couronne, pour la dernière fois de toute l'Histoire des Empires Romains, à la toute fin du Moyen Âge...

Alors beaucoup d'entre vous n'en ont probablement pas grand chose à cirer mais moi j'ai été particulièrement fier d'avoir la chance de visiter un des ces lieux chargés d'Histoire, bien que perdus au milieu de nulle part et dont si peu se soucient (Il suffit de comparer l'affluence du site avec, disons, au hasard... Santorin ?).

La dalle où fut couronné Constantion XI Paléologue, dernier Empereur byzantin.
En dehors de cette chapelle hautement historique, l'endroit est somptueux, bien qu'il ne reste plus grand chose qui tienne encore debout. L'endroit était toujours habité à la moitié du siècle dernier, avant d'être progressivement abandonné. Seules quelques nonnes vivent encore dans leur cloître perché sur la montagne, face à un paysage à couper le souffle. D'ailleurs, vous pouvez rendre visite à ces nonnes, le drap pour couvrir l'indécence de vos jambes et vos épaules dénudées est gracieusement mis à votre disposition à l'entrée, pour ne pas choquer les bonnes mœurs - Seulement pour les femmes, d'ailleurs, et ce même dans les églises, etc. Les mecs peuvent venir en short, pas de souci. Hum...

Bon, moi je portais un T-shirt Rammstein avec un gros crâne dessus, j'ai pas cherché la merde et j'ai mis mon poncho façon Clint Eastwood sans rechigner, et pour le reste on s'est fait bien plaisir en vagabondant, pratiquement seuls, dans ces ruines.

Jennifer fait son tour du propriétaire...

Détails du cloître.
Depuis les ruines, on peut admirer les oliveraies et au loin, la ville de Sparte. On voit aussi la route que Jennifer et moi avons longée pour rejoindre Mystras.
Le paysage qui s'offre à nous à mesure que nous crapahutons sur la montagne.
Comme d'habitude, les hauteurs grecques valent de loin la sueur qu'on perd pour les admirer.
Le cloître, vu en contrebas.
Une des nonnes qui vivent encore dans le cloître de Mystras. Elles sont les dernières habitantes de la ville ( les derniers non religieux sont parti dans les années 50/60 ) Comme on peut le constater, c'est une vie simple et rustique. Elles ont été très gentilles, même si on a eu du mal à se comprendre par le langage parlé, heureusement, il y a le langage corporel, et Jennifer se débrouillait suffisamment en Grec (beaucoup mieux que moi) pour clarifier les doutes... C'était une belle rencontre.
On voit bien les ruines et la partie restaurée, avec des ailes bâtiments plus récents qui abritent un musée. C'est une chouette vue d'ensemble de Mystras. On distingue aussi le petit "village" le long de la route qui redescend dans la vallée.
Une de mes vues favorites, apaisante, où il ne manque que le chant des grillons et le parfum de l'herbe sèche.
Ce fut une très, très agréable visite, dans un superbe cadre et très peu d'autres visiteurs, avec une beauté qui était, finalement, un bel avant-goût de ce qui m'attendais aux Météores...

THIS IS SPARTA !! ( où ce qu'il en reste ) (réédité)

"Quelques photos des ruines de Spartes, vous constaterez dans certains arrières plans que la nouvelle ville est... bien moche ^^ Essentiellement ce qui reste du théâtre.." Moi, en 2010.

Léonidas. Pas torse nu.
C'était un peu léger comme commentaire, je dois bien l'avouer. Cela dit, j'ai pas grand chose à dire de plus sur Sparte... Depuis le succès de 300, les T-shirts à l’effigie des Spartiates déferlent sur les kiosques à souvenir, imitant plus ou moins discrètement le logo du film - bon après c’est la Grèce, le pays où la contrefaçon est socialement acceptée, voire encouragée - mais force est de constater que la ville en elle-même n'a pas grand chose à apporter. Son musée est tout petit, et les ruines sont dans un état assez médiocre, exposées aux quatre vents sans grande considération, ne serait-ce qu'esthétique. On marche, en fait, dans un grand champ de mauvaises herbes où s'entassent des pierres, parfois réalignées, parfois simplement entassées sur le côté. Et le plus drôle ? Ce sont essentiellement des ruines... romaines.
Quand les Romains ont aplati la Grèce, non sans remords puisque à l'époque ils considéraient les Grecs comme une nation supérieure, ils ont fait un exemple pour bien faire comprendre qui était le nouveau patron. En laminant les meilleurs guerriers grecs, les Spartiates, dont les légionnaires romains avaient pompé adopté et amélioré la technique de la phalange. Puis ils ont rasé la ville de Sparte jusqu'à la dernière pierre et l'ont reconstruite juste à côté, en réutilisant les matériaux. Or, ce sont les ruines de cette reconstruction que le visiteur peut aujourd'hui admirer en se promenant dans une friche.

Le reste de la ville n'a absolument aucun intérêt, une cité-dortoir.


On devine un théâtre... les gradins ont pratiquement disparu mais la scène est encore bien visible. En arrière-plan, l'ennuyeuse ville de Sparte.


Une explication, un petit panneau qui coûte pas cher ? Non, rien. Devine.
Un jour, on regardera, peut-être, où tout ça se trouvait. En attendant, ben...
Ah ! Léonidas, l'un des rois spartiates, le héros des Thermopyles, le badass, symbole de la ville. Il faut comprendre que le sacrifice des 300 spartiates (et leurs alliés, n'oublions pas, hein) aux Thermopyles pour arrêter un temps l'armée du Pont et faire gagner du temps aux cités Grecques, est aujourd'hui un symbole de fierté nationale, et les grandes citations laconiques attachées à la légendes des Spartiates, comme  la réponse grecque lorsqu'on leur ordonne de rendre les armes : "Venez les cherchez", ou encore lorsqu'on les menace de milliers de flèches qui occulteraient même la lumière du soleil : "Parfait, nous combattrons à l'ombre !", sont pratiquement devenues des devises, d'ailleurs employées comme telles par des unités de l'armée grecque, encore aujourd'hui. Le côté héroïque et badass de Léonidas continue d'inspirer aux Grecs un sentiment de fierté et de gloire, et d'unité.

Le moins qu'on puisse dire, plus de deux millénaires plus tard, c'est que son plan a plutôt bien marché, donc.

jeudi 1 juillet 2010

Santorin, le Disneyland des îles Grecques

L'un de mes plus grands regrets, en ce qui concerne mon blog et la Grèce, c'est de ne pas avoir pu faire de vidéo à Santorin, à cause de problème de transferts de vidéo. Et je pense que c'est cette frustration d'avoir été limité (problème de place sur ma carte mémoire, etc), qui m'a finalement fait bâcler mon compte-rendu de Santorin. Bon, j'ai certes mis plein de photos, c'est souvent ce que les gens veulent, après tout, un commentaire n'étant souvent qu'un bonus. Et pourtant c’est dommage, car il y a des choses à dire... d'ailleurs, quand j'y pense, ce sont peut-être ces choses à dire qui m'ont également refréné.

A l'époque je disais :

Quelques photos prises à Santorin, comme annoncé ! Notez les falaises volcaniques noires et bien sûr les célèbres maisons blanches et bleues ! J'ai pu sauver quelques vidéos de Delphes, mais pas assez pour faire un vrai montage (note 2014 : depuis j'ai pu tout récupérer)... mais c'est un début ! Ce week-end j'ai visité Sparte et Mystras, des photos bientôt ! ( et désolé pour cette pause, je vais essayer de me manifester un peu plus ! )
Voilà d'autres photos de Santorin, où vous pouvez admirer le paysage de cette île, ses falaises volcaniques et ses "black beach", alors oui la plage n'est pas noire d'encre et sur la photo on s'en rend pas forcément compte mais le sable est vraiment gris sombre, et ce n'est pas un sable fin, en fait c'est beaucoup plus agréable car on s'en débarrasse facilement ! Et sinon, l'architecture de ces villages blancs, ces clochers typiquement grecs, les moulins à vents... Une île à touristes :-D Très jolie à visiter, mais un peu "artificielle" dans des villages comme Ia (photos 1 et 3) qui ne sont plus que hôtels, chambres à louer, restaurants et boutiques de souvenirs. Mais je ne regrette pas d'y être allé, le cadre et l'architecture sont superbes !
En fait, je faisais déjà le gros reproche que j'ai vis-à-vis de Santorin, mais il mérite développement.

Tu la sens, la carte postale, là ?
Santorin, c'est Disneyland. Un décor, une coquille. Les villages blancs à flancs de falaises ne sont effectivement plus que des chambres et hôtels pour touristes, les vrais habitants de l'île résident au centre, dans des maisons de fabrication moderne "dans le style traditionnel" dont on crépit les agglos en blanc pour faire comme si c'était de vieux villages anciens (sauf que celles en constructions révèlent la supercherie). Et la grande majorité ne vit ici que pour servir d'employés à ce grand parc d'attraction qu'est Santorin. Il n'y a rien d'autre que ça, la vie sur Santorin, pour un Grec, c'est servir le touriste. Alors certes, on pourrait me rétorquer que c'est comme Ibiza, mais là, on déguise ça sous les oripeaux d'une cultures ancestrale, à coups d'images d’Épinal qui n'ont plus rien à voir du tout avec la réalité... d'autres îles s'en sortent mieux, apparemment, mais Santorin n’est plus qu'un vaste Resort sans âme... et c'est très, très triste.

Après, y a quelques artefacts, comme cette maison creusée dans la falaise
Bon, après, c'est un magnifique Resort, hein, les falaises volcaniques sont somptueuses, et remonter à pied tout le croissant intérieur de l'île fut un plaisir ! En effet, l'île est un gros cratère volcanique, l'île d'origine ayant été pulvérisée par une éruption durant l'Antiquité, éruption qui mit probablement fin à la civilisation minoenne. Du coup, il y a un cercle central qui dépasse au centre, très actifs avec des boues volcaniques rouges "bonnes pour ta peau mais qui détruises ton maillot de bain", et l’arrête du cratère en forme de lune qui l'entour presque. A la pointe de ce croissant, Ia, village réputé pour son architecture typique et son FAAAAAABULEEEEUX coucher de soleil, le plus beau du monde on vous dit.


Ils n'ont jamais vu le soleil se coucher sur Esponlahti, les pauvres.

L'anecdote qui manquait cependant à mon récit d'origine, c'est comment nous y sommes allés, à Santorin. Oui, parce qu'il a d'abord fallu prendre le bus, puis marcher jusqu'à une gare, pour prendre le train jusqu'à Athènes, rejoindre le Pirée (le port d'Athènes), et enfin embarquer sur le Ferry. Sauf qu'évidemment, Murphy s'est senti obligé de nous accompagner. Sachant qu'on n'avait pas de cabine sur le Ferry, et que nous devions donc dormir quelque part sur le pont durant une traversée de nuit, que fallait-il éviter à tout prix ?

Être mouillé, évidemment.

Quel temps a-t-il fait, selon vous, pendant tout notre trajet de Xylokastro au Pirée ?

Pluie torrentielle. Nous devons dès Velo acheter des parapluies - je rappelle nous sommes en Mai, en GRECE - et marchons, jusque là à peu près saufs, puisqu'on a pu grosso modo sauter du bus dans le kiosque et nous équiper. Nous marchons jusqu'à la gare, évitant soigneusement flaques étangs qui recouvrent les routes Grecques à la moindre pluie, répétant à l'envi comme il ne faut "surtout pas être mouillé sur le Ferry sinon on va attraper la mort !". Oui, oui.

Je suis en tête de file, le parapluie tendu devant moi pour contrer les giboulées, quand soudain... Une voiture qui passe, nonchalamment, passant sans se soucier dans une bonne, grosse flaque sur le bas côté. La vague, superbement incurvée comme dans un épisode de cartoon, vient impeccablement s'abattre sur ma veste et mon jean. La voiture repart, j'entends les "haaan" horrifiés, dans mon dos... et je me met à rire. C'était tellement énorme, cette vague limite cinématographique, que j'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire.

Même si du coup j'étais trempé toute la nuit.

Heureusement, le lendemain, nous sommes arrivés avec un ciel encore nuageux mais déjà plus clément, et le reste de notre séjour s’est fait sous un beau soleil grec, radieux comme on l'aime. Sauf ma peau, qui ne l'aime pas trop.

Mais assez de parlote, je sais que c'est surtout les images que les gens veulent de Santorin - Et Santorin l'a bien compris !

L'arrivée à Santorin, et son paysage "typique" des villages blancs aux toits bleus à flancs de falaises...
Falaises volcaniques, odeur d’embrun, soleil, que demander de plus, si ce n'est de ne pas tomber ?
Une petite maisonnette façon Tatooine.
J'adore cette entrée biscornue !
Toi aussi fais ta feignasse et loue un âne au lieu de te taper les marches toi-même ! Bon, faut avouer que faut se les farcir, aussi... Sinon, on ne le voit pas mais y a un petit téléphérique aussi, pour les gens pressés qui débarquent des paquebots de croisière.
Pendant notre marche le long du "croissant". A la pointe, on distingue Ia qui s'étale.
La beauté de l'érosion... et la petite barque de pêcheur pour bien faire bucolique (maintenant viens dans ma taverne !)
Une chapelle et son clocher.
Et encore une chapelle.. car oui, il a des chapelles partout. Partout ! Celles qu'on voit et celle dont on réalise au dernier moment que ce ne sont pas des maisons. D'ailleurs, si vous voyez un dôme bleu, en Grèce, c'est une chapelle. Là vous y repensez, à tous les dômes bleus que vous avez pu voir, et vous vous dites "Ah ouais..." En plus, je sais pas où ils trouvent leur pognon, les Orthodoxes, mais leurs églises / chapelles sont toujours impeccables, blanc ultra-bright ! Dans un payé ruiné, ça m'a souvent fait lever un sourcil.
Alors niveaux attractions phares nous avons :

La Plage Rouge ! Pourquoi, me demanderez-vous ? Et bien...


Une falaise volcanique vue de la "Plage Rouge". Vu la couleur des rochers et du sable, je n'explicite pas.
 Ia, ce village idéal, représentation parfaite des îles grecques (paraît-il) :
Ia et son fameux coucher de soleil.
 On a également la Plage Noire... Parce que... voilà.
You call this a Black Beach ? Come to Iceland ! La Plage Noire, une des "attractions" de l'île. Après avoir vu des plages de sable fin islandaises vraiment noires, je ris un peu en repensant à l'endroit.
Des promeneurs dans les petites rues en balcons de Ia...
Je ne suis pas allé me baigner dans les boues volcaniques, je ne peux donc pas vous en parler, mais sachez que ça existe et que c'est censé être bon pour vous. Nous, on a vu les prix pour y aller, au cratère, et s'y baigner, et on a choisi de profiter du croissant, plutôt... On a dormi loin d'Ia, dans un gîte en face d'un petit restaurant sympa - où j'ai pu savourer un tentacule de poulpe grillé avec un filet d'huile d'olive - et ça, c'était chouette. L'ambiance était bonne, la météo excellente, l'endroit très beau... On en est reparti assez satisfait du déplacement et content d'avoir "enfin vu ce joyau des îles grecques".  C'est seulement avec le recul que je me suis dit : C'était quand même beaucoup du carton-pâte.

Et c'est en allant visiter les Météores que le contraste avec des sites "authentiques" n'en a été que plus violent.