lundi 21 octobre 2013

Conseils du jour quand on débarque en Finlande (suite)

Avant de continuer, je tiens à vous remercier pour m'avoir confirmé que notre carte d'identité est bien un simple bout de plastique merdique où qu'on se rende. Alors la suite des règles élémentaires :

L'administration en Finlande (suite)

Règle n°4 : Ne comptez pas (seulement) sur l'UE, ou le coup des "niches" exceptionnelles

Quand on part hors de l'UE, on le sait, on s'y prépare. Quand on part intra-UE, on le sait, et on y va avec ce que de beaux sites internet officiels nous disent d'emmener. On croit qu'on s'y prépare... mais non.

Attention, qu'on ne se méprenne pas, je ne suis pas en train de dire que l'Union Européenne ne sert à rien. Seulement force est de constater qu'une réglementation européenne, même très utile, ne vous servira à rien si le pays où vous vous rendez l'applique mal... ou pas du tout. (cf. l'article précédent) Et ce n'est pas Bruxelles qu'il faut blâmer dans ce cas là, car Bruxelles a fait sa part du travail.

Exemple : Je suis un étudiant ressortissant de l'UE qui part étudier en Finlande pour l'intégralité de mon cursus. Comme je me suis installé en Finlande avec mes papiers en règle et un numéro de résident, je devrais avoir les mêmes droits - y compris sociaux - qu'un Finlandais. Du moins ça, c'est la théorie.

Où est le piège : Pour toucher, disons, des aides étudiantes, le petit peu d'argent qui me permettrait de ne pas vivre uniquement aux crochets de mes parents durant mes études, Kela, en gros la CAF locale, ne me donne rien. Pourquoi ? Parce que la raison principale de mon séjour en Finlande, c'est les études, or, des aides financières ne sont données à des étrangers que si  : 1) Leur motif principal de résidence est un emploi (et pas un job étudiant, c'est un vrai boulot qui dure toute la semaine avec un quota d'heures minimum, donc, pour un étudiant, ben...) 2) Ils se marient avec des Finlandais(e)s. Pour la Finlande, rien ne prouve que je ne vais pas me barrer comme un voleur après mes études après avoir sucé l'argent de leur contribuable. Le hic, c'est que la France, de l'autre côté, me répond "vous vivez là-bas, vous êtes déclaré résident, ce n'est pas à nous de vous donner des aides sociales". Bah oui, je ne suis pas en échange... Donc je me retrouve dans une niche. Est-ce un trou dans la législation européenne ? Est-ce que l'un des pays se fout des législations en question pour économiser quelques euros ? Je n'ai pas encore réussi à percer le mystère.

Bon après, ne pas toucher d'APL, par exemple, c'est moins gênant quand on ne paye pas de taxe d'habitation, concept qui leur fait ouvrir de grands yeux ronds. C'est déjà ça de gagné !

(Quand j'explique que le montant de la taxe d'habitation dépend de la surface, mais aussi, entre autres, du nombre de fenêtres, souvent, ils rient)

Règle n°5 : Laissez votre paranoïa au vestiaire

...ou vous ne pourrez rien faire aboutir. Comme je l'évoquais précédemment, l'administration finlandaise fonctionne comme Google, tous vos comptes sont plus ou moins liés, et on peut s'identifier dans tous les services avec le même identifiant (majoritairement bancaire, d'ailleurs... ce que je ne peux pas faire à cause de mon problème de droit en ligne). Du coup, la moindre démarche peut vous faire passer un check-up complet afin de vérifier que vous êtes un honnête citoyen que rien ne s'oppose à ce que accédiez à ce service. Alors bon, si c'est un service de l'Etat, et qu'on vous demande "puis-je vérifier vos informations confidentielles", vous dites oui parce que bon, c'est l'Etat. 

Mais quand c'est le vendeur de téléphonie mobile ?

Exemple : Pour pouvoir bénéficier de la formule téléphone + forfait et ne plus avoir à gérer avec une carte prépayée comme un trafiquant de drogue, il me faut attendre une période de 2 ans de résidence sur le territoire, ou payer une franchise immédiate de... près de 600€ (!!). Oui, deux ans. Si je repartais après les 3,5 ans minimum de mon séjour, j'aurais attendu plus longtemps pour ce service que je n'en aurais joui.

J'ai attendu deux ans et me suis présenté chez le fournisseur.... Seulement voilà, pour que le forfait commence début du mois (donc, le dimanche) je me suis présenté le vendredi, sachant que ça aurait fait deux ans le... lundi. On m'a donc refusé. Soit. Je reviens le lundi avec : Mon document de la magistrature avec la date officielle du début de mon séjour, ma carte d'identité (encore elle) et mon compte bancaire finlandais fraîchement ouvert. J'ai toutes les cartes en main.

Le vendeur, un simple vendeur de Saunalahti, me demande les documents de la magistrature et ma carte d'ID, qu'il scrute attentivement. Il vérifie sur son ordi et me dit "Je vais devoir demander à mon patron" et il disparaît pour environ 7 minutes avant de revenir et de me dire "est-ce que vous m'autorisez à faire un check-up de vos informations personnelles". Donc près de dix minutes avec son patron n'a pas clarifié les doutes et ils veulent quand même faire le check-up...

Oui  - Non

Et là vous vous dites que ce mec, ce vendeur anonyme, il va avoir accès à tous mes éventuels rapports de police, mes éventuels impayés, mes problèmes éventuels avec les impôts, ou n'importe quel organisme. En France, je dirai non. Clair et net. Seulement en Finlande, non seulement j'ai pas trop le choix, mais en plus... c’est normal. Même quand j'évoque le problème de la confidentialité et de la vie privée, ça ne choque personne parce que "personne n'abuse".

Où est le piège : C'est faux. Le fait que toutes vos informations privées sont potentiellement et légalement trouvables sur internet via les différents services finlandais peut, et a déjà été, utilisé à mauvais escient, bien que ce soit rare il faut le reconnaître. En mars 2013, alors que de grosses manifestations étudiantes réclamaient une révision des aides, justement (et ce genre de manifestation étant excessivement rare, on ne pouvait guère l'ignorer), le plus gros journal du pays, Helsingin Sanomat, a complètement ignoré l’événement alors que le plus gros quotidien suédophone de Finlande en faisait sa une pleine page. Complètement ? Pas tout à fait. De tous les courriers de jeunes révoltés ou désireux d'expliquer où était le problème, HS a décidé de publier un seul courrier, d'une fille appelée Aino Kopra, qui y expliquait "ne pas comprendre ces manifestations" et y livrait son point de vue. Problème : Aino a 18 ans, elle n'a encore aucune idée concrète de ce que la vie d'étudiant en fac peut être, d'autant qu'elle est de famille aisée. C'était maladroit de sa part, et malhonnête de la part du journal, mais continuons. 

Immédiatement, des meme ont fleuri sur internet ainsi que d'autres images et montages ou on retrouvait la photo d'Aino, ainsi que son capital, celui de ses parents, son adresse et la valeur de l'appart, et tout un tas d'informations personnelles relatives à combien d'argent elle possède ou a reçu récemment. Et pas besoin d'un hacker pour ça, si on sait où chercher, ces informations peuvent êtres obtenues tout à fait légalement.

Donc certes, en temps normal on n'en abuse pas, et cette transparence joue certainement dans leur taux de corruption excessivement bas, mais en venant d'Europe Centrale, je suis pas forcément à l'aise quand je dis "oui, allez-y". D'autant que bon, ai-je vraiment le choix ?

Règle n°6 : Apprenez à aimer les tickets de boucherie

Si vous n'êtes pas familier avec ces petits tickets numérotés ailleurs que dans la file d'attente de votre poissonnier au Super-U, sachez que les Finlandais, eux, adorent ce système. Il est partout. Vraiment, partout. Même dans certains magasins, pour passer à la caisse !

Le système a ses avantages, et ses inconvénients. L'avantage, c'est qu'on n'a pas besoin de rester garder sa place dans la queue. L'inconvénient c'est...

Où est le piège : ...que vous allez baisser votre garde et devenir trop confiant. Aller vous dégourdir les jambes cinq minutes, aller manger... Parce que vous avez remarqué qu'en trois heures le rythme n'a presque pas bougé. Sauf que cinq personnes avant vous vont remarquer la même chose, en même temps, et pendant que vous êtes parti acheter votre sandwich, eux aussi. Vous revenez, et le rythme s'est soudainement accéléré parce que six personnes n'ont pas répondu à l'appel du ticket. Vous venez d'attendre 3h30, vous pouvez reprendre un ticket.

Mon conseil : Même si vous allez à la police de l'immigration très tôt le matin avant l'ouverture, sachez que vous attendrez plusieurs heures. Les trois matins où je me suis présenté à Malmi, il n'y a toujours eu qu'un seul guichet ouvert pour l'UE, à raison d'un client toutes les 30 minutes... même quand le client est ressorti au bout de dix minutes en pestant parce qu'il n'a pas les bons documents. Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais la blondasse policière du guichet UE, avec sa politesse de porte de prison et son sourire réservé à ceux qui parlent finnois, a besoin d'une pause de vingt minutes quand elle n'a pas traité un dossier. Mais je m'égare.

Comme vous allez attendre longtemps quoi qu'il arrive (à moins que vous n'ayez réussi à obtenir une heure donnée via le site internet de police, petits veinards), allez-y à deux. Déjà on se tient compagnie et ça passe plus vite, ensuite, qu'il y en ait toujours un dans les parages avec le tickets, et si possible, celui (ou celle) concerné(e) par la visite. Parce qu'on ne sait JAMAIS et que ce système est extrêmement vicieux, il vous met en confiance, et CRAC, ils vous retourne, pantalon baissé. D'autant que reprendre un ticket aux alentours de midi, c'est presque inutile, car vous allez probablement rester jusqu'à la fermeture et devoir "revenir demain", auquel cas vous ne recevez pas le premier ticket du lendemain, bien sûr, vous devez revenir très tôt. Donc même si ce système est censé éviter d'avoir à faire la queue en gardant sa place, soyez deux... et gardez votre place.

D'ailleurs j'aimerai conclure avec un exemple tiré de mon expérience avec la connasse madame du guichet UE, celle qui prend des pauses de vingt minutes après le deuxième client, client qu'elle a d'ailleurs remballé en dix minutes. Oui, celle-là. Dans le genre combo Règle n°1 + Règle n°6, elle est pas mal non-plus.

Je me pointe avec tous les documents demandés sur le formulaire qu'on m'a donné précédemment. Tout ce qui est mentionné noir sur blanc, je l'ai. Et là, elle me sort "Comme vous êtes étudiant il me faut une déclaration sur l'honneur que vos parents vous soutiennent financièrement en cas de problème" "Hum, si on me l'avait dit la dernière fois - ou mieux, écris sur ce formulaire - je vous aurais fourni ça tout de suite mais on ne me l'a pas demandé..." "Moi je vous le demande" "Mais mes parents vivent en France donc ça va prendre un certain temps..." "Non, mais c’est vous qui écrivez ça vous-même et signez, c'est juste pour la forme" "Oh, donc ça prend deux minutes, je prend un papier j'écris ça vite fais, je signe et c'est bon !" "Non, vous sortez, vous écrivez ça, et vous prenez un nouveau ticket.".


dimanche 20 octobre 2013

Conseils du jour quand on débarque en Finlande

On m'avait reproché, pendant mon SVE en Grèce, de ne pas y aller de mes descriptions sur la situation socio-économique dans le pays alors que bon, c'était 2010, et ça commençait à sérieusement chier des bulles à Athènes. J'ai pu évoquer les magasins vides, les manifestations constantes, le sang séché sur le trottoir du Parlement, mais j'en ai pas fait des patacaisses. Pour la simple et bonne raison que j'envisageais ce blog avant tout comme un album de voyage, pas un carnet de route ou un journal pour livrer mes états d'âmes. En plus, à l'époque en tout cas, en vivant au Péloponnèse, on n'était pas exposé à la violence athénienne. On voyait surtout que le pays s'enfonçait, on voyait les extrêmes ramper partout (tags révolutionnaires VS tags fascistes partout), mais bon, comme me l'avait dit ce Grec dans la grotte de Drongarati, à Céphalonie "Ici, c'est la Grèce", et on s'y faisait. Les grèves constantes avec les montagnes d'ordures partout, les bus qui venaient en avance, en retard, ou pas du tout, tout ça, c'était juste "la Grèce".

Je dois dire que même après ces reproches, j'ai essayé d'éviter de partir en grandes envolées sur les problèmes de la Grèce ou sur la Finlande. Et pourtant, j'ai été tenté plus d'une fois. Quand j'avais quelque chose à faire passer, je le faisais comme en Grèce, via des vidéos, histoire d'avoir des images. J'aimais l'idée d'immersion. Toutefois, il y a des endroits et des situations où on ne peut pas simplement sortir son appareil photo et dire :

"Dites, ça ne vous dérange pas si je filme toute l'absurdité de cette situation, c'est pour mon blog !"

(J'ai déjà dû négocier au Lidl de Lippulaiva, alors bon...)

Or, il était quand même grand temps que je me lance dans un petit résumé de certains trucs absurdes. Non seulement parce que ça va me soulager, peut-être vous faire rire, mais surtout, ça pourrait être utile à d'autres. Le sujet d'aujourd'hui :

L'administration en Finlande.

Avant toute chose et pour ceux qui ne me connaîtraient pas, permettez de bien rappeler que l'administration, je connais. J'ai vécu en France depuis l'âge de 7 ans, avec tout ce que ça implique de formulaires et autres demandes administratives. J'ai donc connu l'organisation démoniaque à l'origine de la Maison des Fous dans Astérix. J'ai plusieurs fois bossé comme vacataire à l'Université de Strasbourg, durant les inscriptions, j'ai donc connu la machine de l'intérieur en période de rush. Débarquant en Finlande, je me suis donc dit :

"Pas de souci, je maîtrise."

Oui, et bien j'ai réappris l'humilité.

Vous connaissez la blague que tous le monde sort quand on parle de l'administration "ah désolé monsieur je ne peux pas vous renseigner, je ne fais que travailler ici." Elle est drôle parce qu'elle est exagérée, qu'elle ironise sur un trait bien présent mais néanmoins présenté dans l'excès pour les besoin de la plaisanterie.

C’est beaucoup moins drôle quand un employé vous le dit les yeux dans les yeux, même en paraphrasant légèrement.

Donc Règle n°1 : Ne comptez pas sur une personne derrière un guichet pour vous renseigner. Même si c'est le guichet "Information".

Exemple : Fraîchement débarqué en Finlande, je me rend à la mairie de Helsinki pour avoir les infos sur toutes les procédures à suivre pour me déclarer, savoir exactement dans quel poste de police me rendre, etc. Réponse "Rendez-vous à la police de l'immigration à Malmi, mais allez-y tôt parce que y a du monde. Voici les horaires d'ouverture." Très bien, brave homme, et merci du renseignement. Je m'y rends donc dès le lendemain avant l'ouverture. Il y a déjà une queue énorme et je vais attendre plusieurs heures, nous y reviendront en détails.

Où est le piège : Sur le site de la police (normale hein, pas spécifiquement de l'immigration), il y a un formulaire pour réserver une heure de rendez-vous et éviter le ticket d'attente, comme à la boucherie. On ne vous le dira pas, sauf si vous connaissez un ami, qui le connaît déjà. D'ailleurs, une camarade de classe a écris un mail au bureau d'information de la police pour savoir comment prendre ce rendez-vous. Réponse : "Le formulaire se trouve sur le site de la police" et un lien vers... la page principale du site de la police. Pas la page de formulaire, non non, la page d'accueil. Anecdote amusante, lorsque je m'y suis rendu moi-même à l'époque, je pouvais sélectionner mon horaire et ma date, puis j'étais invité à cliquer sur le bouton "réserver"... qui n'existait pas ! Enfin, pas sur la page en anglais... Ada jette un œil sur la version finnoise et - oh ! - le bouton y est. Quand j'ai évoqué la question à la personne qui s’est occupée de moi, on m'a dit "oh, c'est rien, ça doit être un bogue.". Vous voilà prévenus.

Souvent, quand vous aurez passé une étape, on vous annoncera, façon Astérix, comment procéder à la suivante alors qu'à aucun moment on vous aura mentionné qu'il y a une autre étape nécessitant d'éventuels documents additionnels. Et si vous demandez "Y a-t-il encore une autre étape après cette nouvelle étape ?" on vous répondra "Je ne sais pas, il faudra demander à la personne que vous verrez après moi". Donc mon conseil, n'oubliez JAMAIS de demander à chaque nouvelle personne ce qui vient après elle, ça peut vous faire gagner du temps.

Règle n°2 : Tapez du poing si nécessaire.

Je sais ce que vous vous dites : Je débarque, j'ai choisi de venir, c'est un peu gonflé de taper du poing sur le guichet pour obtenir ce que je veux. Sauf que...

Exemple 1 : J'ai deux nationalités, certes, mais seulement des papiers Français. Quand bien même j'aurais des papiers Allemands, le fait est : je suis un Euro-citoyen. Lorsque je voyage dans l'Espace Schengen, je n’ai pas besoin de passeport, ma carte d'identité suffit. Merveilleux, non ? Ceci me donne également le droit de rester trois mois sur le territoire d'un État Membre sans me déclarer, au delà, et bien je suis résident en Finlande. 

Où est le piège : Donc je me présente à la police, je fais mes démarches quand soudain : "Présentez votre assurance". Ma réponse "Je suis citoyen de l'UE, je n'ai pas besoin de présenter ce genre de document, donc je n'en ai pas avec moi." "Revenez avec un de ces documents." "Mon assurance étudiante me couvre jusqu'en décembre, mais avant qu'elle n'expire je compte souscrire en Finlande (puisque je ne serai plus étudiant en France, pour rappel je ne suis pas en échange)" "Ah non, il vous faut une assurance valide, ça ne compte pas. " "Non, mais je suis citoyen de l'UE, je n'ai pas besoin de montrer mon assurance, car je suis couvert par ma Sécu quoi qu'il arrive, en France, déjà entendu parler de la Sécurité Sociale Française ?" "Je ne peux pas vous accepter, signez ce document que je n'ai qu’en finnois et revenez plus tard". Pas le choix, je signe et rentre chez moi après plusieurs heures d'attente. Ada me traduit le document qui dit en substance "Vous avez deux semaines pour fournir le document en question, sinon votre demande est rejetée".

WTF ? Donc je dois fournir une assurance valide pour toute la durée de mon séjour, soit 3,5 ans minimum, annoncé 5 ans sur le papier. En France, mon assureur m'avait dit "Vous vivrez en Finlande, il faut vous assurez en Finlande", en Finlande, on me disait "On ne peut pas vous assurer si vous n'avez pas un numéro de résident". Et la police me dit "Pas d'assurance, pas de numéro de résident." Padam tschi !

Après avoir été tourné en bourrique et perdu trois jours dans leurs salles d'attente, j'en ai eu plein le cul. J'ai fini, je l'avoue non sans une pointe de honte, j'ai engueulé la pauvre policière comme du poisson pourri, en lui disant que si elle avait besoin d'aide pour localiser la France sur une carte de l'Union Européenne afin de la faire respecter mes droits, j'en serai plus que ravi, et qu'on était un peu à l'origine de cette fameuse Union Européenne, et que puisque la Finlande avait signé, je n'avais pas besoin de ce putain de document. En substance. Elle était mi gênée, mi agacée, elle est partie presque 10 minutes parler à quelqu'un dans le bureau du fond, et lorsqu'elle est revenue, ô miracle, tout sourire, "Vous n'avez pas besoin d'une déclaration d'assurance, voilà votre papier tamponné, allez donner ça à la Magistrature, voici un papier avec l'adresse exacte, et encore pardon du dérangement". Trois jours de politesse (et encore, pas consécutif et je ne prend en compte que cette étape là, et j'exclus les innombrables coups de téléphones), pour un résultat néant. Une minute trente de poing sur le guichet, j'ai mon papier. Et j'ai appris à mes dépend que malheureusement, tout marchait comme ça.

Exemple 2 : En temps que citoyen de l'UE, j'ai supposément les mêmes droits qu'un Finlandais, y compris ouvrir un compte bancaire et souscrire à une assurance. Néanmoins, attention citoyens français. Vous avez pris l'avion avec votre carte d'identité en plastique thermosoudée, vous avez obtenu votre numéro de résident auprès de la police et de la magistrature avec votre carte d'identité en plastique thermosoudée. Pourquoi ? Parce que votre carte d'identité, dans l'Espace Schengen, fait également office de passeport.

Où est le piège : Malheureusement, citoyen français, la carte d'identité que te donne ton beau pays, elle ressemble quand même beaucoup à un jouet. On dirait tellement que tu l'as faite toi-même avec la machine à plastifier de ton bureau que presque chaque fois que tu la sors, on te demande "vous n'avez rien d'autre ?". Et là où ça devient gênant, c'est qu'on va même te refuser ta carte, citoyen français. Oui. On va te demander ta carte d’identité française "européenne", celle avec le drapeau de l'UE est une puce, comme celle adoptée par tous les autres Etats Membres. Mais pas la France. Et ils vont te jurer que tu dois au moins avoir la carte à puce, même quand toi tu auras appelé ta noble ambassade qui t'auras confirmé que non, cette carte d'identité à puce n'existe pas pour la France. C’est la thermosoudée merdique ou le passeport biométrique, fais ton choix, citoyen.

Solutions : Deux choix s'offrent alors à vous (oui, j'arrête avec le citoyen) : Payer 89€ pour un passeport français - car un passeport, ça, c'est accepté partout et par tout le monde - soit... et bien taper du poing sur la table ! Comme ce français qui, avant moi, s'était fait refuser sa carte chez la banque Nordea. Et il a gagné. D'ailleurs, lisez ce second article, il contient un autre élément de surprise à la fin, j'y reviendrais. Bref, c'est l'option que je me suis résigné à prendre. Et lorsque, une fois de plus, Nordea s'apprêtait à m'envoyer balader, j'ai menacé de porter plainte. J'ai réclamer un document signé par la responsable de l'officine où je me trouvais qui prenait la responsabilité personnelle de refuser ma carte d'identité.

Et là, surprise, on peut s'arranger. Je découvre que si je suis détenteur de la carte de résident étranger en Finlande, c'est valide ! Seulement elle coûte 53 € auprès de la police (moins cher que le passeport, mais quand même). La directrice de ce bureau me propose de me payer cette carte, il lui faut seulement un numéro de compte où transférer la somme pour "m'aider dans mes démarches et faire de moi un client heureux". Oui, la banque achète ma tempérance avec une carte de résident. Cela dit, j'ai alors commis une erreur grossière pour la suite de mes démarches.

J'ai été honnête.

J'ai accepté le marché s'il n'y avait aucune solution pour faire respecter mon droit, parce que au bout d'un moment, j'en avais besoin de mon compte bancaire. Et quand le lendemain la personne m'a appelé pour confirmer qu'après vérification, ils pouvaient accepter ma carte d'identité, j'ai préféré la jouer fair-play et ne pas me faire payer ma carte de résident puisque ma carte d'identité était accepté dans le cadre des lois européennes.

Hahahaha......ha...

Bref, je me représente à la banque avec ma carte, on m'inscrit et on me dit "vos droits bancaires en ligne seront débloqués après trois mois de probation, pour voir si vous gérez bien votre argent". Soit, c’est chiant, je dois vérifier combien il me reste au distributeur de billet, mais ce ne sont que trois mois après tout. Sauf que c'est faux. Trois mois après, changement de son de cloche, si je veux obtenir mes droits en ligne, il me faut une carte finlandaise - identité ou résident. C'est la loi ! Et là je vous renvoie au second article que j'ai mentionné plus haut sur le cas de ce français refusé par Nordea : On me traite comme un ressortissant apatride ! "Cela dépend des banques". Sans déconner. Et si j'avais accepté de me faire payer ma carte par la banque au lieu d'être honnête, j'aurais pas eu ce problème. Moralité : J'aurais du profiter du système et prendre le passe-droit. Bravo !

Donc mon conseil si vous venez en Finlande pour une longue durée : Dès le départ, jouez-la sûre et ne comptez pas sur vos droits européens en matière d'identité. C'est malheureux, mais la carte d'identité française sera un boulet dans toutes vos démarches, donc le passeport, ou encore mieux et moins cher, la carte de résident.

C'est d'autant plus important que, par exemple, avec mes droits en ligne limités, je ne peux pas facilement gérer mon compte aux impôts (les Finlandais rattachent et connectent tous leurs comptes et services, c'est Google au niveau administratif, avec ses avantages de facilité et de simplicité d'utilisation... et ses inconvénients quand on est pas complètement dans le système) et acheter sur des sites en ligne, par exemple, je peux seulement payer mes factures. Si vous voulez vivre en Finlande pour un moment, vous comprendrez que c'est assez pénible comme situation.

Incroyable mais vrai : Lorsque j'ai défendu ma carte d’identité française comme étant mon passeport au sein de l'UE, on m'a répondu très sérieusement, et dans deux établissements différents "Pour voyager, peut-être, mais pas pour ouvrir un compte."

Règle n°3 : Ne pensez pas en ligne droite.

Exemple : La législation finlandaise est telle que, en théorie comme on l'a vu, vous pouvez, muni d'un numéro de résident donné par la magistrature et d'une carte d'identité valide, ouvrir un compte bancaire ou souscrire à un assurance.

Où est le piège : Pour les assurances, il vous faut une carte finlandaise - identité ou résident, ou permis de conduire finlandais apparemment, sans certitude - qui donne votre numéro de résident ET votre identité. Oui, si vous avez le papier signé et tamponné de la magistrature accompagné d'une carte d'identité, c'est invalide. Et là, même une belle carte à puce allemande ne fera pas l'affaire : pour une assurance finlandaise, il faut une carte finlandaise.

Solution : Souscrire à votre assurance... par téléphone. Je ne plaisante pas, il s'agit alors d'une simple formalité. D'ailleurs, pour illustrer l'absurdité totale de cette situation, il suffit de vous raconter comment s'est passé la fin de mon ouverture de compte bancaire.

Après avoir ouvert mon compte bancaire chez Nordea, la dame qui m'a enregistré et fait signer les papiers me dit que, puisque j'étais intéressé par une assurance, je pouvais souscrire chez Nordea, qui font des assurances aussi. Mais elle m'explique également qu'elle n'a pas le droit de le faire elle-même parce que mes papiers sont invalides, en revanche, elle me propose d'envoyer un message à un de ses collègues du service des assurances, là, sur le champ, pour m'appeler sur mon portable, maintenant ou plus tard, comme je le souhaite, pour régler tout ça au bout du fil. Parce que là, je devrais simplement lui donner mon numéro de résident et mon nom...

Et oui.


Bon, je me rend compte qu'il reste beaucoup à dire, ce sera pour un prochain article :-)

Et on ne me reprochera plus de faire simplement VisitFinland.com !