mercredi 31 décembre 2014

Noël en Alsace : Le Temps de l'Avent

Je sais, il est assez ironique de parler de l'Avent après (padam tschiii !) Maintenant que cette blague vaseuse a été expédiée, rappelons que le mot "Avent" n'a étymologiquement rien à voir avec "avant", même si le Temps de l'Avent, c'est bien le temps avant. 

Plusieurs tradition égrènent ce Temps de l'Avent, Advent comme on dit par chez nous (comme en allemand ou en anglais, rien d'exotique donc). Certaines sont désormais extrêmement répandus, comme le calendrier de l'Avent qu'on ne présente plus, d'autres sont plus locales. Par exemple, la Saint Nicolas.

La Saint Nicolas, c'est une fête emblématique de l'Avent, qu'on retrouve surtout en Europe Centrale, propagée par sa grande popularité dans les pays germaniques. C'est par la culture flamande que la fête est introduite aux Wallons et au Nord de la France, la fête étant très populaire aux Pays-Bas et en Flandres, au point que ces-derniers se targuent souvent d'être à l'origine de cette fête. "Sinterklaas, c'est nous !". Est-ce vrai ?

Alerte Spoiler : Non.

Déjà, l'origine de Saint-Nicolas en tant que personne, c'est un Saint qui est né à Patara en Turquie au IIIème siècle. La fête, elle, est apparue pour célébrer ses reliques amenées au le Duché de Lorraine au Xème siècle, où on lui a même construit une basilique, près de Nancy. Les marchés dédié au Saint de cette basilique et son culte deviennent alors populaires et se répandent rapidement dans toute l'Europe germanique qui va en faire la grosse fête que l'on connaît aujourd'hui. Donc non, les Néerlandais ne sont pas à l'origine de cette fête, bien qu'elle soit chez eux devenue une véritable institution. Chez eux, ils quitte l'Espagne (?) pour venir leur rendre visite, accompagné de ses fidèles servants noirs, les Swarte Piet, aujourd'hui sources inénarrables débats sur le racisme et la représentation des noirs dans cette fête. A la limite, on pourrait se dire qu'ils s'en sortent encore bien, vu qu'ils sont gentils (un peu cons, apparemment, mais gentils) et aident à la distribution des présents, tout comme en Belgique.

En Alsace-Lorraine, on n'a pas Swarte Piet. On a le cauchemar des écoliers, la terreur des enfants, l'abomination venue du froid : Le Père Fouettard. Ou comme on l'appelle en Alsace, le... oserai-je ? Je dois être fort...

Le Hans Trapp.

*frissons*

Le Saint Nicolas apporte en Alsace clémentines et pain d'épices
Le Hans Trapp dénote d'une histoire légèrement différente du Saint Nicolas gentillet qui vient faire des cadeaux aux enfants qu'on raconte aux Pays-Bas ou en Belgique. Chez nous, Saint-Nicolas accompli le miracle de ramener à les vie des enfants qui ont été massacrés, découpés et salés par le Hans Trapp. Oui, notre Zwarte Piet à nous est un OGRE. Un ogre habillé comme un vagabond de l'enfer, grosse barbe noire et sale, chaînes, capuche sombre, martinet ou trique à la main et un grand sac de jute pour y mettre les enfants pas sages. Autant dire qu'on préfère avoir une mention "sage" sur son bilan d'écolier quand arrive la date fatidique du 6 décembre, parce que derrière l'âne qui transporte notre bon Saint Nicolas, tapis dans l'ombre, attendant son heure, y a le Hans Trapp. 

Pour (re)découvrir cette merveilleuse légende alsacienne comme on n'en fait plus, Charlotte s’est chargée de vous la résumer.

Saint-Nicolas est généralement représenté comme un vieil homme à barbe blanche en tenue d’évêque (rouge et blanche), il apporte des cadeaux et friandises aux enfants sages, parfois même dans leurs chaussons ou leurs bottes (comme en Hongrie). Je ne vous fais pas un dessin : Le Père Noël (aka Santa Claus, hum hum) c'est lui. Sa figure a évolué, s'est amalgamée avec diverses traditions locales pour devenir le très générique (et très peu religieux) Père Noël. D'ailleurs, c'est amusant de voir comment les amalgames fonctionnent, puisqu'en Finlande il a gardé le nom de l'ancienne figure qu'il a remplacé, Joulupukki. 

Le Bouc de Noël.

(Après tout, on ne sait pas tout de son caractère)

De biens jolis mannala (tirés de ce blog)
Néanmoins, certaines cultures continuent à le célébrer et le représenter indépendamment du Père Noël, notamment les Allemands et les Autrichiens pour qui il reste presque plus important que sa copie. Et pour les Alsaciens aussi. Autant dire que j'y ai eu droit comme il fallait tous les ans dans mon enfance, quel que soit le côté du Rhin où j'étais. Lorsqu'il passe on reçoit souvent un pain-d'épice décoré d'une image le représentant, avec des clémentines et des cacahuètes (et parfois du chocolat). C'est aussi lorsqu'il passent, aux alentours du 6 décembre, que l'on mange des Mannala (aka Manala aka Männele), des petites brioches en formes de bonhommes (Mannala (Alsacien) = Männerlein (Allemand) = bonhomme) qui passent très bien avec un bon chocolat chaud bien épais (on en a vu dans la vitrine de la boulangerie dans ma vidéo sur les marchés de Noël). Je les ai toujours suspectés de représenter les petits enfants qui se font bouffer pour le Hans Trapp, mais en fait ils représentent au choix le Saint-Nicolas lui-même, ou les enfants qu'il sauve (mais on finit quand même par les manger, niahaha). A noter qu'en Allemagne, ils ont un équivalent du Mannala que l'on mange à la Saint-Martin, une belle fête sur le partage dont je vous parlerai à l'occasion. J'ai découvert en faisant mes recherches qu'à l'origine ils avaient d'autres formes (animaux et démons) pour chasser le mauvais sort et les menace de l'hiver (paye ton paganisme tardif).

Bref, les non-Alsaciens comprendront désormais cette blague :

Manala, dans la mythologie finnoise, c’est le monde des morts, l'équivalent de l'Hadès grec. Pour moi c'est surtout une brioche en forme de bonhomme :-D
Mais la Saint-Nicolas, si si elle reste l'étape essentielle de l'Avent, ne fait pas tout. L'Avent c'est surtout l'attente de l'arrivé du Petit Jésus (Avent vient de adventus, l’avènement). Pour garder son mal en patience, on se prépare aux festivités, notamment en faisant des TONNES de Bredele.

Que sont les bredele ? Je vous explique ça :


Bredele utilise la même forme diminutive que Manala (ou Manele), qui en font donc des "petits pains", littéralement. Ces petits biscuits de Noëls sont extrêmement populaires en Alsace et dans tout le bassin rhénan, les fameuses Trois Frontières (Alsace - Suisse - Allemagne), chaque pays apportant ses particularités, ses spécialités, ses retouches aux grands classiques. Idéal pour thés, vins ou jus de pomme chauds ( Et Glögi, aussi, quand j'en fais en Finlande !)

Moules à Springerle sur le marché de Noël de Kaysersberg.
Certains sont assez faciles à faire, notamment les sablés au beurre et les Schwowebredele, d'autres nécessitent un peu plus de travail, de temps et d'expertise. Les Springerle, par exemple, sont des gâteaux légèrement anisés qui doivent être séchés dans un torchons, dans des conditions d'humidité et de température particulières, pour être réussis - et heureusement que ma grand-mère sait les faire sinon je serai obligé d'en acheter. Leur surface est illustrée d'images de la vie de tous les jours grâce aux moules avec lesquels ont les fait. Il existe aussi des rouleaux à pâtisserie sculptés pour faire les motifs des Springerle plus facilement, en un passage de rouleau.

Pour garder le fil du temps qui passe, tout le monde aujourd'hui connaît le calendrier de l'Avent, avec ses 24 fenêtres. C'est pourtant à l'origine une tradition allemande de la moitié du XIXème siècle, apparue à peu près ne même temps que la couronne de l'Avent, dont je ne me suis rendu compte que récemment qu'elle était beaucoup moins répandue que je ne le croyais. Fonctionnant également comme un compte à rebours, elle nous vient elle-aussi d'Allemagne :


De façon intéressante, calendrier et couronne de l'Avent sont tous deux des inventions protestantes bien qu'elles aient été rapidement adoptées par les autres chrétiens (l'inverse est rarement vrai, à l'exception peut-être de la Saint-Martin que certains protestants célèbrent de façon plus ou moins détournée malgré le fait qu'il s'agisse d'une célébration de Saint.). 
Le concept initial de la couronne de l'Avent.

Toutefois, les catholiques ont introduis le concept de la quatrième bougie devant être rose tandis que les trois autres doivent être violettes. Bon, aujourd'hui, les gens mettent les couleurs qu'ils aiment, en général, et je doute que beaucoup se souviennent des symboliques plus ou moins tardives qui se sont greffées sur ces quatre bougies. D'ailleurs, comme je le mentionne dans la vidéo, les premières couronnes étaient des comptes à rebours intégraux, avec une bougie pour chaque jour de chaque semaine de l'Avent. J'en ai vue une comme ça à Müllheim, en Allemagne, montée sur une roue de chariot en bois, c'était superbe mais j'avais pas mon appareil photo... (boulet)... du coup voici un dessin de la première couronne de l'Avent.

Voilà, gavés de Bredele, nous pouvons donc aller nous balader sur les marchés de Noël pour boire du vin chaud et y acheter notre sapin, avant de le ramener à la maison et de le décorer en attendant la naissance du Petit Jésus (ou les repas de famille, quand on reste indifférent au Petit Jésus). C'est une époque de l'année gorgée de senteurs et de saveurs épicées et fruitées. Que l'on soit chrétien ou pas, on peut profiter des nombreuses illuminations et de l'ambiance qui on l'a vu n'a plus forcément toujours de grand rapport avec la fête chrétienne qui l'inspire. Les décorations de nos sapins ont perdu leur symbolique chrétienne, les figures emblématiques se sont amalgamées en images plus populaires que religieuses, et des éléments purement profanes se sont ajoutés à ce qui fait Noël, de la nourriture à l'encens en passant par les illuminations. Peu de gens ignorent aujourd’hui que Jésus n’est probablement pas né en décembre d'après les éléments donnés par la Bible - s'il est bien né  tout court d'ailleurs - et que la fête de Noël n'a été mise en place à cette époque de l'année que pour supplanter en douceur les fêtes païennes du solstice d'hiver, notamment les Saturnales romaines, puis dans toutes les cultures païennes européennes. Alors l'important est-il encore la naissance de Jésus ? Ou bien plutôt de se retrouver et se réchauffer en famille et entre amis dans la période la plus sombre et la plus froide de l'année, en se faisant plaisir, en partageant de bons repas et en renouvelant ses marques d'affection et d'amitié en échangeant des cadeaux - un présent contre un présent, comme le dit Odin dans le Hávamál ? Chacun décidera pour lui-même. Pour ma part, malgré mes propres convictions en la matière, je continue à aimer l'ambiance de Noël, par nostalgie, certes, mais aussi parce que l'atmosphère que cette fête installe entre les gens reste un des plus beaux moments de l'année.

Et en particulier dans une région qui le fête aussi joliment que l'Alsace.

lundi 29 décembre 2014

Noël en Alsace : Les marchés de Noël

Une crèche à Kaysersberg.
En Alsace, on ne fête pas Noël sans marchés de Noël. Tradition venue (encore une fois) d'Allemagne, elle fait partie des incontournables des fêtes de fin d'année. On vient y faire des achats de cadeaux originaux ou de décorations pour la saison, on vient flâner, boire du vin chaud et manger des marrons chauds, et on vient aussi beaucoup parce que... ça se fait. On peut également y acheter des sapins de Noël qui embaument les alentours de leur odeur de sève, se goinfrer de toutes sortes de bonnes choses, des bredele à la choucroute de Noël en passant par des Bretzels (parfois gratinés), des saucisses de Strasbourg (Qu'on trouvera sous le doux nom de Knack). On respire les relents de cannelle et de cardamome, d'orange et d'anis, de vanille et vin fumant ou de jus de pomme chaud aux épices. Bredele, pains d'épices et autres sucreries s'amoncellent aux côtés des boules en verre, décorations en bois, en paille (en plastique, aussi...) sur des étalages qui flattent les pupilles autant que les papilles. Bref, on vient se faire plaisir.

En théorie, car ces marchés attirent les foules de touristes, de plus en plus nombreuses, qui viennent s'ajouter aux locaux. Donc, y a beaucoup de monde, et il faut savoir choisir son jour. La foule sera souvent dense, mais pas forcément oppressante, il suffit de se laisser porter et de savoir se décider quant aux maisonnettes où l'on souhaite s'arrêter. Le doute et l'hésitation n'ont pas leur place dans une visite de marché de Noël. Sinon, vous êtes morts piétinés bringuebalés par les autres.

Et oui, c'est une tradition germanique après tout.

(Non mais en fait c'est pas si terrible, et en plus ce sont souvent les touristes qui ne savent pas ce qu'ls veulent qui créent des bouchons) (En Alsace, c'est toujours la faute des touristes, a fortiori s'ils sont des Français des l'Intérieur :-p)

Les marchés sont de qualité inégale, certains très traditionnels, d'autres à peine digne d'être qualifiés "de Noël", mais qu'importe, pourvu qu'on est l'ivresse, hein... Cette question de "tradition" est presque devenue une affaire d'honneur, chacun se revendiquant plus Tradi que l'autre. Le marché de Strasbourg a fait grand bruit lorsqu'il a interdit les Churros, pas assez traditionnels (mais j'y reviendrai dans un article spécial). Pour cette "petite" vidéo, j'ai visité les marchés de Colmar, dans la plaine d'Alsace (pas loin du village où habitent mes parents et où j'ai passé mon adolescence que mes amis savent radieuse) (ou pas) ainsi que celui de Kaysersberg, aux pieds des Vosges. Cela devrait vous donner une idée des marchés de Noël alsaciens !


Le Cas Strasbourg

Le fameux Sapin de Noël de la place Kléber, à Strasbourg.
Revenons vite fait sur le nom du marché de Strasbourg, Christkindelsmärik. Pourquoi ce nom me demanderez-vous peut-être ? C'est littéralement le marché du petit enfant Jésus, et ce nom remonte aux origines des marchés tels que nous les connaissons aujourd'hui. Car avant, l'Allemagne avait vu l'essor des marchés de la Saint-Nicolas, dès le XIVème siècle (La plus ancienne trace d'un marché de Noël date de 1434, à Dresde). Sauf qu'après la Réforme, les Protestants ça les faisait bien chier d'avoir une tradition si chère à tout le monde célébrer un Saint, du coup, ils ont transformé ça en marché du Petit Jésus, en le décalant de début décembre à Noël. Aujourd'hui, tout le monde est mis d'accord puisque ces marchés ouvrent généralement tout début décembre, avant la Saint-Nicolas, et ferment après Noël.

Le marché de Noël de Strasbourg, réparti dans plusieurs quartiers de la ville, a été élu Meilleur marché de Noël du monde pour 2014 et 2015, bien qu'il ne soit pas le plus beau d'Alsace, et de loin ! (Cela dit il est très ancien puisqu'il date de 1570) J'encourage vivement les gens qui voudraient venir voir des vrais marchés de Noël alsaciens à ne pas se contenter de Strasbourg pour bien profiter de la chose. Si vous n'avez pas le choix et ne pouvez vous rendre qu'à Stras, alors ne manquez pas le marché de la Petite France, bien plus beau et agréable que celui du parvis de la cathédrale !

En bonus quelques photos de Kaysersberg qui feront sans doute plaisir à Charlotte :-) J'aime beaucoup le fait que notre visite sur place ait eu lieu au soleil couchant - même si pour mon appareil photo c'était un supplice - puisque nous y étions avec mes parents le 21 décembre. La nuit qui tombe sur ces images de Kaysersberg est celle du Solstice d'Hiver !


On pourrait bien essayer de faire plus bucolique mais ça serait trop pour les touristes.
Le colombages et les maisons de toutes les formes, la touche alsacienne qui va bien.
Quand la foule est trop dense, que les gens se pressent et s'agglutinent à petits pas, il suffit de lever un peu le regard au-dessus de leurs têtes... et ça va déjà mieux !
Les Vosges à l'horizon, derrière lequel le soleil se couche en cette nuit de Solstice d'Hiver.
Jeux de couleur alors le marché de Noël de Kaysersberg entre dans la nuit la plus longue de l'année.
L'église illuminée et un parvis bien plein. Il commence à faire froid - et faim, surtout - nous nous mettons sur le chemin du retour...

vendredi 19 décembre 2014

Noël en Alsace : Sélestat et le Sapin de Noël

Comme souvent je suis de retour en Alsace pour les vacances d'hiver, histoire de passer le Solstice, Noël et Nouvel An en famille. Or, cette année, j'ai décidé de me lancer dans une présentation de cette période de l'année dans ma région, comme j'avais prévu de le faire il y a déjà un moment (sans déconner, j'ai des vidéos du marché de Noël de Strasbourg qui ont déjà quatre ans... Oui, oui, QUATRE).

Toutefois, avant de commencer cette mini-série d’article « Noël en Alsace », je me dois de mentionner que depuis quelques jours, nonobstant la volonté populaire et l’avis du Sénat, la région Alsace a officiellement été fusionnée par le gouvernement avec les régions Lorraine et Champagne-Ardennes dans une grande Région ALCA. J’en prends bonne note. Néanmoins, l’Alsace, la Lorraine, la Champagne et les Ardennes ne disparaissant pas pour autant, et la culture alsacienne étant tout de même assez spécifique, je me permets de dire un gros merde et de lancer ma série de Noël comme prévu.

En Alsace.

La classe, la vraie.
Sélestat est surtout connue pour sa bibliothèque humaniste, symbole de l’importance de la ville durant l’émergence et le rayonnement des Lumières. L’Alsace est terre d’humanisme, on se rappellera par exemple que Gutenberg y « inventa » la presse à caractères mobiles, lançant à grande échelle l’imprimerie avec les conséquences que l’on sait. Pour en revenir à Sélestat, il y a une autre source de fierté pour cette ville, qui est plus de saison. En effet, c’est dans les anales de Sélestat (enfin, dans ses livres de comptes pour être exact) que se trouve la plus ancienne mention écrite de…

…l’arbre de Noël.

Alors non, Sélestat ne l’a certainement pas inventé, mais en tout cas c’est ici que l’on peut retracer au plus loin les origines de notre beau sapin, roi des forêts. L’année est 1521, et la ville paye alors 4 schillings aux gardes forestiers pour « surveiller » les arbres destinés à devenir ces fameux arbres de Noëls qu’on appelle des Meyen. J’imagine que déjà à l’époque certains grugeaient et allaient couper le leur à la sauvage, comme quoi, rien n’a vraiment changé. Cette année, une exposition à l’église Saint-Georges de Sélestat retrace l’histoire de ce fameux arbre et j’y ai fait un petit tour.

Bon, comme niveau mise en place des sapins et éclairage c’était pas le pied pour mon appareil photo, on va y aller avec la vidéo pour mettre dans l’ambiance et je vous résume tout ça en dessous. Pour en profiter mieux et vous attarder sur chaque type de décoration, venez à Sélestat ! (Rien de plus facile, hein ?)


L’arbre de Noël est un remplacement tardif d’une plus ancienne tradition païenne, sans surprise, où les branches suspendues sont devenues de jeunes arbres entiers, au début du XVIème siècle, pas forcément des sapins d’ailleurs, même si ces-derniers font évidemment mieux l’affaire : Un arbre vert en hiver… voilà. En plus, y a le côté vie éternelle qui triomphe de la mort, je ne vous fais pas un dessin quand on célèbre l’anniversaire de Jésus. Les premières décorations étaient des petites pommes rouges alsaciennes récoltées en octobre et consommées en décembre qu’on appelle Christkindel Apfel, ou pomme du Petit Enfant Jésus.

Pommes et hosties non-consacrés : Le péché et la rédemption.
Au cours des siècles, la décoration va évoluer, évidemment. Tout d’abord on va ajouter à la pomme qui rappelle le péché originel des hosties non consacrées pour symboliser la rédemption à travers le sacrifice de Jésus (dont on fait l’anniversaire… bonjour l’ambiance. C’est comme les crèches avec des croix prémonitoires dans le fond. Youpi, c’est la fête, il est né le divin enfant !). A partir du XVIIème siècle les Protestants rajoutent des papillotes en formes de fleurs en papier, et notamment de roses, pour rappeler le « rameau fleuri de Jessé » dans l’Ancien Testament. D’ailleurs, cette même référence florale se retrouve à la même époque dans le vieux chant de Noël allemand « Es ist ein Ros’entsprungen » (Une rose a jailli), que je vous ai mis dans la vidéo.

Un siècle plus tard se généralise une autre décoration qui existait pourtant depuis pratiquement le début, à savoir les étoiles en feuilles de métal, ainsi que d’autres décorations plus populaires et moins religieuses. Sans même l’odieux complot de Coca-Cola, Noël échappe déjà au carcan strictement religieux et devient une tradition populaire où le symbolisme christique des décorations et de l’ambiance commence à passer au second plan. Entre le XVIII et XIXème siècle on commence notamment à accrocher des bredele et springerle (je vous ferai un petit truc sur les bredele plus tard), les petits gâteaux de Noël alsaciens, ainsi que du pain d’épice et des noix dorées et argentées, et les enfants ont comme droit à la fin des célébrations (les Rois inclus) de secouer le sapin pour faire tomber tout ça pour se baffrer. Bref, le sapin est surtout destiné à faire plaisir aux enfants. Toujours pas de Père Noël Coca-Cola. 

Sapin décoré de Bredele et pain d'épice avec images.
Au cours du siècle les bredele et les pains d’épices deviennent plus sophistiqués, avec des glaçages et des papiers imprimés pour les décorer (comme ceux qu’on voit encore sur les pains d’épices de la Saint Nicolas). C’est aussi à cette époque-là que les Allemand mettent un petit enclos autour de leur sapin pour rappeler le «Paradis Perdu », tandis que les Danois, après leurs petits problèmes de voisinages avec l'Allemagne parent le leur du drapeau national, lançant cette mode nordique qui perdure encore aujourd’hui (Ah oui, et aussi des soldats et des canons et des tambours et des trompettes. Parce que vive le Petit Jésus, et vive la guerre !). Fin XIXème arrivent les décorations en paille, mes favorites – qui ne sont donc pas si traditionnelles que ça. Arrivent aussi les petits anges en feuilles de métal, les pommes de pain dorées… Et surtout les bougies qui commencent à désormais à illuminer l’ensemble. Le sapin « tradi » n’est finalement pas si vieux.

Petite anecdote à mes camarades venus de la France de l’Intérieur, ce sont les Alsaciens qui se sont exilés en France après la guerre de 1870 qui ont massivement propagé cette tradition germanique en France. « Là où il y a une famille alsacienne, il y a un sapin de Noël », disait-on à l’époque. Merci qui ?

La Maison du Pain d’Épice de Sélestat, son sapin décoré de bredele, bretzels et pains d'épices, façon XVIIIème siècle donc. Dans le fond, l'église Saint Georges où se trouvait l'exposition.

Le sapin moderne, à guirlande électrique.

Et puis arrive enfin le siècle du Coca-Cola, des décos en plastique, du kitch avec l’ange doré sur la pointe du sapin qui fait flotter son « Gloria In Excelsis Deo ». Les bougies et les cierges magiques sont partout, remplacés plus tard par les guirlandes électriques, les décos en verre, puis en plastique, les cheveux d’ange… Bref, on arrive en terrain connu. La suite vous la connaissez de toute façon : Fausse neige en spray, surcharge multicolore clignotante, sapins en plastique pour des raisons écono/logiques, et mêmes sapins en plastiques blancs, bleus…

L’expo se terminait sur cette mode venue des USA : Le sapin suspendu à l’envers (on le voit illuminé en bleu dans la vidéo), qui fait gagner de la place et permet plus de visibilité des décos, et qu’une célèbre galerie parisienne a d’ailleurs reprise récemment. Ironie du sort, ces sapins retournés seraient tirés d’une vieille tradition païenne tombée en désuétude, qui n’est pas sans rappeler les branches suspendues que le sapin chrétien avait remplacées. Après avoir perdu sa symbolique strictement religieuse pour s’intégrer à une culture plus populaire, la boucle et bouclée, le cycle est achevé.  Pour une fête calée sur le Solstice d’Hiver, c’est d’une ironie savoureuse.
L'église Sainte Foy.

Petite anecdote pour mes camarades venus de la France de l’Intérieur, saviez-vous que les boules de Noël en verre seraient elles-aussi originaires d’Alsace ? Selon les récits populaires, c’est à cause d’une récolte pourrie dans les Vosges du Nord, en 1858, qui priva nos sapins de la fameuse variété de pomme Christkindel, et qui poussa donc un artisan de Meisenthal à pratiquer son art pour parer à la disette. Souffleur de verre, il crée des pommes en verre qui deviendront nos boules de Noël modernes.

D’ailleurs, dans l’église Sainte-Foy de Sélestat, il y avait un lustre de boules de Meisenthal en «hommages aux lustres à l’ancienne qui éclairaient autrefois les églises. C’était assez joli mais j’aurai aimé avoir une vraie expo pour les voir de plus près, ainsi que différentes sortes. C’est toujours chouette de voir le travail des artisans souffleurs de verre…
Le lustre de boules en verre de Meisenthal. Je jure que je n'ai rien retouché, la surexposition avec la lumière du lustre directement sur l'objectif a assombri les contours, du coup on ne voit pas la voûte, mais je n'ai pas eu besoin de faire quoi que ce soit, à part régler l'appareil...
J'ai fait un peu de tourisme au passage avec mon père donc en bonus je vous met quelques photos de Sélestat parce que ça vaut toujours le coup de s'y promener !


L'église Sainte Foy aussi, avec son puits et sa couronne.
L'Alsace, une terre d'architectureS.
La Porte de Brisach
La célèbre Tour des Sorcières. Non pas qu'elles y aient vécu... c'est même plutôt le contraire.
Des colombages, des façades peintes et/ou sculptées, des portails bleu vif, et surtout une Coop : Vous êtes en Alsace, et vous le savez.
Bientôt, si tout va bien, je vous emmènerai sur des marchés de Noël alsaciens, on montera le sapin et on allumera la dernière bougie de la couronne de l'avent, on boira du vin chaud et on mangera des bredele.

Bon, moi, en tout cas je le ferai, en revanche pour les articles, je ferai ce que je pourrai... ^^





QUATRE ANS DE RETARD !!

mercredi 15 octobre 2014

Impressions danoises (Partie 3) : Cimetière viking à Lindholm Høje

Alors que notre séminaire touchait à sa fin, nous nous sommes tous dit au-revoir, Norvégiens, Danois et Finlandais, parce que les Norvégiens partaient plus tôt pour passer un week-end tranquille à Copenhague avant de rentrer parce que leurs vols étaient compliqués. Nous autres du groupe finlandais, on étaient tous bloqués à Aarhus. Tous ? Non ! Un irréductible curieux résista encore et toujours à l'appel de H&M et se décida à prendre le train direction Lindholm Høje, au nord du Jutland.

Petit rappel géographique pour les nuls - et plus généralement ceux qui s'en foutaient un peu en cours, du Danemark - le Jutland, pays des Jutes, c'est la partie du Danemark dont tout le monde pense que c'est le Danemark en oubliant généralement les îles à côté (où se trouve pourtant Copenhague, la capitale). C'est la partie continentale du pays, accolée à l'Allemagne. Sur cette carte vous pouvez voir Aarhus (orthographié Århus) sur la côte Est, dans l'Est-Jutland. Pourquoi l'orthographe Århus au lieu de Aarhus, me demanderez-vous ? Parce que la ville, autrefois appelée Aarhus, a voulu se la péter en changeant de nom en 1948 à la suite d'une réforme de la langue (comme quoi, y a pas que les Allemands qui se sont compliqué la vie avec leur Neue Rechtschreibung). Sauf que les gens ont râlé, tant et si bien qu'en 2011, ils sont revenus à l'orthographe Aarhus qui ne satisfait néanmoins toujours pas tout le monde. Aujourd'hui les deux orthographes peuvent être utilisées mais le double "Aa" reste la version officielle qu'on retrouve presque partout.

Plus au nord, on trouve Aalborg, qui elle n'a jamais essayé de se la péter en changeant son nom en Ålborg, et qui doit bien se marrer maintenant. Bref. Juste à côté, mais vraiment juste à côté puisque les deux villes partagent le même système de transport en commun, se trouve Lindholm Høje, ma destination. Voilà, vous avez maintenant une idée géographique de ce mini-périple.

Et en plus, ceux qui l'ignoraient peuvent découvrir grâce à cette carte où se trouve la Vieille Zélande, ce qui est toujours bon à savoir à une époque où l'on ne se soucie plus que de la Nouvelle.

Pourquoi se faire chier à prendre le train jusqu'au Nord-Jutland alors que je pourrais tranquillement profiter de mon après-midi à Aarhus, me direz vous (sauf, évidemment, si vous avez lu l'article précédent). Et bien c'est tout simple : Se trouve à Lindholm Høje un important cimetière viking de plusieurs centaines de tombes. Pour tout vous dire, j'ai une petite liste de lieux que je tiens absolument à voir dans ma vie dans les pays nordiques, et ce site funéraire était dessus. Me trouver si près et ne pas m'y rendre, c'était simplement impossible. Presque - oui, n'ayons pas peur des mots - presque criminel. J'ai donc pris le bus mon mal en patience devant la lenteur des bus, puis le train. Bon, n'ayant pas précisé que je voulais un siège, j'ai un ticket sans siège réservé et me retrouve assis dans l'entre-wagon, ça me rappelle mes études à Strasbourg et les aller-retours en TER... ça me permet d'admirer le paysage du Jutland, fait de champs et de forêts légèrement vallonnés et parsemés d'éoliennes. Franchement, je me serai cru au Bade-Wurtemberg, si ce n'est pour l'architecture des maisons qu'on passait (BRIQUES ROUGES !). De manière générale, la région fait très allemande, avec une touche nordique. Finalement, après plusieurs arrêts, le train s'immobilise en gare de Aalborg, et j'attends, sachant que Lindholm est juste après. J'attends. Grosse gare, me dis-je, ça prend plus de temps. Quand soudain, le contrôleur me sort "Ce train ne va plus nulle part, vous devez descendre" "Mais j'ai un ticket jusqu'à Lindholm" "Ah, alors faut prendre le train qui se trouve devant."

Je tiens à préciser que je n'ai rien contre les connections, hein. Du moment qu'on m'avertit qu'il faut changer de train (au guichet, sur le billet, ou les deux, même). Je dois donc courir un peu - comme d'habitude, diront certains - mais je choppe le bon train et deux arrêts plus loin, me voilà à Lindholm. Et là, sans déconner, je débarque du train, et le quai donne sur ça :

Ceci me permet de vous prouver que la brique, c'est pas seulement Aarhus. Maintenant imaginez que vous ne connaissez pas l'endroit, ni la langue, que vous cherchez un cimetière viking, et qu'on vous largue ici. Voilà.
 Une zone résidentielle. Pas un centre-ville, pas un centre commercial, pas même un Lidl, non, non, juste des blocs d'appartements (et oui, briques). Du coup je dois m'aventurer au hasard, je tombe sur quelques personnes pas franchement prêtes à me répondre en anglais ou en allemand, mais de fil en aiguille, les vagues indications du genre "tout droit pendant, environ... je sais pas, deux trois carrefours... puis à gauche, et après un moment y aura un panneau.", je finit par trouver le panneau. Et contrairement à celui de Gamle By, il m'a pas baladé comme un couillon ! J'arrive à bon port après avoir traversé un petit bosquet, me voilà au site funéraire viking de Lindholm Høje.

Première impression du site, alors que le soleil joue à cache-cache derrière les nuages... Des centaines de pierres s'alignent sur cette colline où broutent des moutons comme si de rien n'était. Le ciel, lui, retentit littéralement du croassement des très, très nombreux corbeaux.

Une fois sur place, on peut voir les différentes formes laissées par les pierres. Trois motifs principaux reviennent ici : les formes de bateaux, les ovales, et les triangles (apparemment plutôt pour les femmes). Les pierres étaient disposées sur le sol dans ces formes au sein desquelles on construisait le bûcher sur lequel le corps serait brûlé, avant que les restes de la crémation ne soient recouverts d'un monticule. Plus tard, notamment avec la christianisation, on enterra également des corps tout en conservant la tradition des pierres.
Les moutons entretiennent le site de façon écologique et pratique, tout en donnant un charme paisible à la scène. L'endroit est un parc ouvert à tous et à toute heure, gratuitement, et est apparemment très prisé des locaux. J'y ai vu deux couples, par exemple. Finalement, c'est un peu le Père Lachaise en version viking. En plus, les moutons ayant l'habitude de voir des gens, ils ne s'effraient pas comme en Islande. Au contraire, je crois qu'ils attendent même que ça tombe de la poche !
Une tombe en forme de bateau à flanc de colline. On ne le voit pas trop à cause des arbres, mais cette colline surplombe la ville (et donc l'ancien village) avec une belle vue sur la mer si l'horizon était dégagé. Cela dit, de nos jours, les arbres limitent l'intrusion visuelle de trop d'éléments modernes et permettent au site de garder une certaine solennité et toute sa beauté.
Une autre tombe en forme de bateau, avec de belles pierres plus grandes pour la poupe et la proue.
Au premier plan à droite, un bel exemple de tombe triangulaire, avec son menhir central posé comme une stèle. Une autre tombe triangulaire plus petite se trouve juste derrière.

Quelques tombes typiques du site. Derrière les arbres on distingue légèrement le musée, très, très intéressant par ailleurs, avec un étage sur le site funéraire et un sous-sol dédié au Jutland du néolithique à l'âge viking, notamment l'exploitation massive du silex pour lequel la région était réputée.
Les corbeaux prennent leur envol et s'apprête à faire leur ronde au-dessus des tombes. Messagers d'Odin / Wodan, à l'image des deux corbeaux de compagnie du dieu, Hugin et Munin (Pensée et Mémoire), ces vols de corbeaux semblaient particulièrement appropriés à cette visite.
Tombe ovale incomplète.
Un autre envol de corbeau sous le soleil couchant...
Une colline, une tombe-bateau et des moutons, y a pire comme ultime lieu de repos.
Un dernier regard en arrière avant de quitter le site pour rentrer à Aarhus...
Représentation de Frøya, déesse de la fertilité, trouvée à Rebild.
Après avoir visité le musée et pris le temps de profiter du site, j'ai dû me résoudre à rentrer, j'avais encore le train à prendre et le lendemain matin nous devions déjà quitter le Danemark. Autant dire que je ne pouvais pas me permettre de rater un dernier train ou une boulette de ce genre-là. C'était donc une visite qui m'a pris plus de temps en transports qu'autre chose mais qui, vraiment, valait le coup. Le musée est très chouette, le site en lui-même est superbe, je suis ravi d'avoir insisté auprès de mes profs pour leur arracher cette escapade en solo la veille de notre départ.

Bilan de cette "petite semaine" à Aarhus : Un séminaire des plus intéressants sur le travail social dans les pays nordiques, de chouettes rencontres, notamment avec les étudiants norvégiens, et quelques visites calées autant que faire se pouvait dans un emploi du temps occupé par le boulot... Deux musées et de belles ballades en ville à Aarhus, je suis plutôt content de moi !

Des pièces de Hefnatafl, le jeu de plateau nordique référencé dans les sagas, remplacé plus tard par les échecs. Pour ceux qui m'ont vu jouer ou m'en ont entendu parler ! J'en parlerai peut-être dans un article à part, à l'occasion.

Et pour conclure cette mini-série d'Impressions Danoises, une petite vidéo bonus avec deux trois petites choses pour complémenter l'article sur Aarhus, celui sur Gamle By, et celui-ci :-)

mardi 14 octobre 2014

Impressions danoises (Partie 2) : Den Gamle By et plus de Aarhus

En dehors du centre-ville, l'autre belle visite à Aarhus fut celle de le la vieille ville reconstituée du Musée Den Gamle By, où des maisons démontées dans tout le Danemark ont été remontées pour créer une cité danoise médiévale (avec l'ajout d'un nouveau quartier d'époque plus récente qui reproduit les 70' ). Les Alsaciens penseront immédiatement à l'écomusée d'Ungersheim, et ils n'auront pas tort. le principe est le même, même si Gamle By n'a pas d'animaux. En revanche, on y trouve également une boulangerie pâtisserie, une vieille librairie...

Sur le chemin, en descendant du bus : Le musée d'art moderne d'Aarhus.
Bon, par contre, je suis arrivé assez tard, bien plus tard que je ne l'avais prévu... Déjà parce que notre journée de séminaire s'est un peu prolongée le temps de décider où on se retrouverait plus tard pour aller manger tous ensembles, comme les étudiants Danois le souhaitaient, mais aussi parce que j'ai rejoins le centre-ville en bus, et que les bus dans Aarhus, ils sont lents.

Mais lents ! Sérieusement, j'arrive pas à comprendre comment leurs lignes peuvent être aussi lentes. Sans déconner, on est presque aussi rapide à pieds, soit environ 25 minutes. C'est autant que de rejoindre le centre-ville d'Helsinki depuis Espoo ! En plus, certains de leurs bus sont super bien pensés : marches à l'avant et à l'arrière, avec de la place pour un fauteuil roulant / une poussette maxi à l'arrière, qui bouche bien l'accès arrière... Et au milieu, surélevé, donc, une double rangée de sièges d'un côté... et une rangée simple de l'autre ! A quoi ça sert d'avoir un énorme passage centrale si ça sert pas à faire de la place aux handicapés / poussettes ? On fait un corridor énorme pour des personnes qui peuvent se taper des marches raides, bien joué. (Et même les bus moins cons sont pas très bien pensés pour les poussettes / fauteuils roulants / valises... Helsinki wins ). Cela dit, ils sont pas prout prout sur l'accès au bus, contrairement aux Finlandais : On peut monter à l'avant, à l'arrière, au milieu, et on te fait confiance pour que tu payes, le chauffeur ne regarde pas vraiment, et les tickets peuvent être achetés dans le bus à un distributeur - donc sans retarder le chauffeur. C'était d'ailleurs rigolo de voir tous les étudiants de Finlande rejoindre spontanément la porte avant, par réflexe.

Bah oui, à force de se faire engueuler, on finit par prendre le pli.

Le moulin à vent tout près de Gamle By.
Bref, après avoir rejoins le centre-ville, encore fallait-il trouver le musée, et de vagues indications en vagues indications j'ai fini par trouver un panneau qui... m'a fait faire tout le tour du musée plutôt que de m'indiquer le chemin le plus court... Joie. Heureusement, le musée est en pleine ville et pas en rase-campagne, ça reste facile d'accès quand on sait où est l'entrée. Et puis bon, ça m'a fait passer dans un joli jardin et près d'un vieux moulin à vent, donc c'est pas si mal, mais résultat, au moment où je payais mon ticket, il ne me restais qu'une heure d'ouverture.

Du coup le prix était à -20%, woop woop !

L'autre avantage, c'est que l'endroit était presque désert, me donnant parfois l'impression de faire une visite privée. Et comme certains d'entre vous le savent, j'ai la fâcheuse tendance à vouloir éviter de prendre des gens en photos quand je veux un paysage ou un monument - oui, je sais, ça va à l'encontre des règles de photographie - mais du coup, j'étais content, j'avais pas vraiment besoin d'attendre la seconde parfaite entre deux passants puisque... y avait peu ou prou de passants !

Bon, à partir de là, c'est de la ballade pure donc je vous fais une "simple" série de photos commentées, vous ne m'en voudrez pas :

La première rue du "village" nous met dans l'ambiance : colombages... et briques, évidemment ! On distingue au bout de la rue une vieille maison au toit de chaume, qu'on verra de plus près un peu plus tard...

La rue du bottier et du maréchal ferrant. On peut entrer dans les maisons et profiter des scènes reconstituées, évidemment.
Ça c'est de la pharmacie qui a la classe ! Encore une fois, le combo colombage-briques qui surprend un peu quand on a l'habitude de voir ce genre de maison médiévale murée au torchis... On notera également la recherche esthétique dans l'alignement de briques, c'est pas le bête mur d'usine.
La boutique de souvenir ouvre une rue fort jolie !
L'horloger et l'orfèvre dans la maison rouge.
L'échoppe à droite c'est la boulangerie pâtisserie, et j'aime autant vous dire que l'odeur dans cette rue était des plus plaisantes ! Dans la maison de gauche se trouve un petit musée du jouet ancien à l'ambiance à la fois enfantine avec la petite boîte à musique qui joue mais aussi assez glauque avec la pénombre et pas un chat...
Bon y avait de belles pièces et la présentation était chouette ! Mention spécial au clown. Vous comprendrez bientôt.
Mention très spéciale à la librairie qui non seulement est très jolie de l'extérieur...

Mais est en plus tenue par ce monsieur absolument génial. Tout, de son look à son attitude et son maintien font de lui l'archétype même du vieux libraire élégant et instruit qu'on s’imagine tenir ce genre de boutique - d'ailleurs c'est en allemand que nous avons conversé tranquillement alors qu'il me montrait le fonctionnement de sa caisse mécanique. Qui est la caisse qu'il utilise bel et bien pour les transactions en liquide.Je vous dis pas l'ambiance ! Un monsieur des plus sympathiques qui m'a collé un sourire sur la figure pour le reste de la visite.
La grand-place avec sa fontaine et son restaurant plus moderne (enfin, comparé au reste, hein)
Un vieux kiosque que je trouve particulièrement chouette, notamment la toiture avec les petites horloges. Et le moulin à vent, au fond...
Une vue de l'autre rive...
Sur le pont pour passer de l'autre côté de la rivière... On voit le moulin à eau au loin. On voit également bien les docks aménagés.
Le moulin à eau et la digue en bois.
Une belle vue du village sur plusieurs plans... Toutes les ruelles, cours et impasses (ou presque) sont accessibles, même quand il n'y a rien de spécial à voir, du coup on a vraiment l'impression de visiter un vieux village, sans impression de fausseté.
Au fond du village, on trouve également quelques maisons au toit de chaume... dont la forme m'a beaucoup rappelé les fermes de Forêt Noire.
En plus petit quand même...
Vous l'aurez compris, Den Gamle By est un régal pour les yeux (mais pas que, hein, la boulangerie est par exemple réputée pour son pain d'épice), un beau musée de plein air en plein centre-ville ou presque - même si les efforts pour donner l'impression de ne pas être dans le Aarhus d'aujourd'hui sont payants. Le style médiéval de l'ensemble (qu'on retrouve dans certaines maisons de la vieille ville) m'a beaucoup rappelé ma plaine du Rhin, ça m'a fait plaisir. Apparemment il faut vraiment voir le musée en décembre, quand ils le décorent pour Noël, et je veux bien croire que ça doit avoir de la gueule !

En revenant au centre-ville j'en ai profité pour faire le tour de la cathédrale d'Aarhus une dernière fois, sachant que le lendemain je n'aurais pas le temps de traîner en ville, ayant d'autres projets...

J'adore ces petites tours façon château de Disney...

Une vue plus générale de l'architecture du monument.
Bizarrement on n'a pas trop de mal à voir quelles plaques de cuivre du toit ont été changées récemment.
J'avais un peu de temps devant moi avant de rejoindre les autres au restaurant, j'en ai donc profité. Malheureusement j'étais pratiquement à cours de batterie donc j'ai pas pu prendre certains endroits qui avaient attiré mon regard, néanmoins je me dois de mentionner - avec une photo d'une ballade précédente - le théâtre qui se trouve juste derrière la cathédrale vaut également le détour, très joliment décoré qu'il est :

Le théâtre.
Art de rue à Aarhus.
Le lendemain c'était déjà notre dernier jour de séminaire, et parce que les Norvégiens devaient partir plus tôt, on finissait tous à 13h30, ce qui nous laissait toute l'après-midi de libre. Mes camarades de classe ont tous choisi de rester à Aarhus faire du shopping et visiter un peu (même si personne n'est allé dans un musée, hein, faut pas déconner). Moi, j'ai préféré faire un autre choix. Après avoir tanné mes profs pendant toute la semaine, j'obtenais l'accord de me barrer et faire mon petit programme perso pour l'après-midi.

Alors que les autres déboursaient leurs couronnes danoises chez H&M, je décidai donc de prendre le train et partir visiter le site funéraire viking de Lindholm Høje, à environ 120 kilomètres de là.

Parce que.