jeudi 20 février 2014

Hallgrímskirkja et langue brisée

Après quelques jours sur place, je commence peu à peu à appréhender l'Islande un peu plus clairement. J'assimile tout doucement les différences et les nouvelles règles après mon conditionnement Finlandais, avec tout ce que ça inclue de bien et de moins bien. De bien quand les bus indiquent systématiquement le nom du prochain arrêt, nom qui change de couleur quand on y est pour ne pas se tromper (HSL, prends-en de la graine). De moins bien quand les gens me regardent bizarrement quand je dis merci au conducteur comme en Finlande (la politesse, bordel !). 

La rue qui monte vers Hallgrímskirkja. Notez l'architecture des maisons, j'y reviendrai.*
Bon, déjà, je réalise à quel point ce manque d'arbres me travaille, mais c'est compensé par la vue superbe des montagnes enneigées... sauf quand, comme aujourd'hui, elles sont partiellement enveloppées d'un linceul de nuages. Car j'ai également eu la chance de voir le fameux "temps qui change très vite" dont on m'avait annoncé rapidement la couleur. Les photos de cet article datent de mardi, où après le boulot j'ai fais un très rapide tour en ville pour voir l'église Hallgrímskirkja et son architecture très reconnaissable. Le lendemain nous passons une matinée ensoleillée et je me prépare à y retourner pour une visite plus longue, et là... c’est le drame. A deux heures le ciel se couvre en gris plomb, en quelques heures on est passé d'un chouette soleil à une tempête avec un vent à 40 mètres/secondes et des pluies torrentielles qui, dès le lendemain matin, ont laissé derrières elles de belles plaques de glace. Donc ce matin, grand vent et chaussée complètement gelée, j'ai marché un peu moins vite jusqu'au boulot... Il ne fait pas aussi froid qu'à Helsinki mais le vent c'est du souffle de compétition. Forcément, en face, c’est l'Océan Atlantique, pas la Baltique.

Autre changement notable, si comme à Helsinki le bon pain se trouve quand on le cherche, les gens ont l'air de préférer... le pain de mie. J'ai quitté le pays du Ruispalat pour celui du Pain de Mie, je ne sais pas encore si je dois vraiment m'en réjouir...

Au niveau de la langue... hum... je vous ai déjà dis à quel point j'étais content que le Finnois se prononce comme il s'écrit ? Parce que si j'ai omis de mentionner ce détail, il est temps de lui rendre toute la justice qui lui est due. Car la prononciation de l'Islandais fait passer le Finnois pour une langue de rêve pour tout apprenti linguiste (On prendra soin de ne pas parler ici de la grammaire finnoise, naturellement, ou mes insomnies remplies des règles K-P-T et autres verbityppit vont recommencer). Sérieusement, les gens qui ont adapté la langue islandaise par écris ont dû vouloir la coder à la source pour tromper l'ennemi, je ne vois pas d'autre explication. Entre les sons qui ont l'air de sortir de nulle part quand on a le mot écris sous les yeux et les règles que personne n'arrive à m'expliquer, j'ai du mal à ne pas chercher une corde du regard quand on tente de m'apprendre quelques mots. Exemple à la con : Le double-L. Mon adresse, par exemple, la rue s’écrit Gullengi. Passons déjà sur le fais que quand ils le prononcent le "g" sonne plutôt comme un "k", le "u" se prononce "ou" comme en Allemand et en Finnois, pas de souci, mais là en plus "ll" se prononce "tl". On prononcera donc à peu près (sons français) Koutlènki. Et là ça va, y a une voyelle derrière, mais il peu arriver que non, et là c'est pas "tèl" ou "tlè", c'est " tl' " à l'alsacienne (ou à la Lovecraft, selon les références linguistiques de chacun). Je vous dis pas le carnage pour votre langue quand vous tentez de faire une phrase. Et c'est sans mentionner les deux sons "dh" et "th" comme dans l'anglais "that" et "this" qui ont torturé bien des élèves français, on s'en souvient tous, et qui ici ont droit à des transcriptions par des lettres individuelles, respectivement ð et þ (cette dernière lettre étant à l'origine la rune Thurs. Oui, une rune survit encore aujourd'hui à travers l'alphabet islandais). Bref, je vais m'éclater avec la prononciation islandaise. En revanche, sans surprise, le vocabulaire germanique est parfois suffisamment proche de l'allemand pour permettre des suppositions éclairées et de devinettes de sens plus ou moins heureuses. Je n'ai pas encore attaqué la grammaire, mais on m'a assuré que c'était également "proche de l'Allemand". 

Je demande à voir.

Je "m'amuse" également à essayer de retenir les noms et prénoms, ce qui est d'autant plus un défi quand un nom sur trois commence par "Thor". J'exagère, évidemment. Un nom sur quatre.

A noter que les noms de famille n'existant pas (sauf rares exceptions), les Islandais utilisent encore le très classe système ancestral du "Fille de" et "Fils de", et leur "nom de famille" se finit par -dóttir (fille de) ou -sson (fils de). Moi, par exemple, mon nom islandais serait Florent Robertsson, Florent fils de Robert, ou, si je le souhaite, Florent Ursulasson, Florent fils d'Ursula. Je trouve ça très cool. Bon par contre, pour chercher un nom dans le bottin, bah... voilà...

Cela dit, avoir lu les sagas, Niebelungen et autres Eddas aide beaucoup, on reconnaîtra donc des dieux comme Thor et Baldur ou des héros/héroïnes comme Sigurdr, Harald, Gunnar, Ragnar, Gudrun, Aslaug, bref, pratiquement tout l'annuaire mythique et mythologique est encore présent dans les noms et prénoms. C'est à la fois très, très cool, mais assez perturbant aussi, quand je me rends compte au bout de quelques jours que j'ai déjà rencontré trois Thorhildur, deux Thoralla, deux Thora...

En même temps c'est un peu le syndrome Mikko/Matti/Aino des Finlandais. Mais avec le côté Dieu du Tonnerre en prime. 

Faute de tempête je n'ai pas vraiment pu faire de plus amples visites, mais voici néanmoins quelques images de Hallgrímskirkja, l'un des monuments emblématiques de Reykjavík, pour vous faire patienter en attendant un vrai article de bon gros touriste. (Et si j'ai le droit je vous parlerai aussi un peu de mon stage)


Je n'ai pas zappé la croix parce que je suis un odieux païen mais parce que pour prendre ce cliché, j'étais déjà allongé par-terre contre le socle de la statue qui m'empêchait de reculer encore plus. Désolé !
La statue en question fut érigée en 1930 par les USA en l'honneur de "Leifr Ericsson, découvreur du Vinland" (Amérique du Nord-Est), à l’occasion du Millenium du Althing, le parlement islandais - accessoirement le premier parlement au monde. Et non, il n'était pas Grec.
Malheureusement la porte a été fermée juste quand j'arrivais, j'y retournerais par beau temps car on peut monter dans la flèche et contempler Reykjavík d'assez haut, l'église était bâtie sur les hauteurs.

*Et non, amis joueurs, la rue ne s'appelle pas Baldur's Gate. Quand à l’architecture, dites-moi si vous remarquez quelque chose de curieux. Indice : Je parle bien sûr des maisons sur la gauche.

1 commentaire:

  1. J'ai pas remarqué :( par contre je trouve qu'en France tout le monde s'appelle Jérémy, Rémi, Rémy, Jérémie et ce genre de trucs! Et Ruispalat me manque tellement!

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