mardi 18 mars 2014

Grotta : Mer, vent et source chaude

J'ai fait récemment une ballade du côté de Grotta, à côté de Reykjavík. Une petite péninsule à deux pas de la ville avec un phare iconique et une belle vue sur les montagnes des deux côtés... quand il fait beau. Alors je n'ai pas eu trop à me plaindre, il n'a fait que neiger un peu et venter. Mais le soleil s’est montré assez généreux pour me permettre de profiter de ma ballade malgré un froid certain. J'ai essayé de rendre l'ambiance à travers une vidéo qui est donc moins démonstrative, comme je le fais d'habitude, mais plutôt une tentative de faire quelque chose basé plutôt sur l'émotion et le ressenti. C'est mon premier essai à ça, alors on me pardonnera les maladresses.

C'était vraiment apaisant de pouvoir se balader sur la plage de sable volcanique - ça m'a rappelé Santorin, sans les hordes de touristes remplissant leurs bouteilles plastique de "sable souvenir", mais bon, peut-être en été ?... Maintenant que la Finlande m'a habitué à ce que mes cheveux battent mon visage façon essuie-glace dès que le vent souffle un peu plus fort, et que le temps islandais qui change toutes les dix minutes m'est plus familier, les bourrasques mêlées de neige et parfois de grêle entre deux rayons de soleil ne me gênent plus. Ce fut donc un réel plaisir, parfois à crapahuter sur les rochers, à faire crisser la neige ou le sable, à me poser face aux vagues de l'atlantique et la marée montante...


(Pour les gens qui habitent déjà près de la mer ça ne semble peut-être pas extraordinaire, mais je rappelle que les deux fois où j’ai vécu sur une côte, c'était la Méditerranée et la Baltique. Point de vue marée, on repassera.)
La plage de sable, avec le phare, au fond...
Les montagnes se mêlent presque aux nuages... Et la marée recommence à monter.
Au loin on discerne Reykjavík...
Les rochers volcaniques font un chouette cadre pour se poser et regarder la mer...

La déco bien rustique à deux pas de la petite source chaude.
En bonus, ma première expérience avec les sources chaudes... d'une certaine façon (oui, j'avoue, le titre est un peu racoleur, mais j'ai été invité, ainsi que l'autre étudiante qui vit avec moi, par deux de nos boss à faire le "Cercle Doré" quand le temps sera meilleur, ça me permettra de vous en montrer plus). Il n'empêche, même petite, ça reste une source chaude, et comme il y avait de la neige j'ai pu offrir à mes pieds un peu de relaxation après quelques heures de marche. D'ailleurs, j'ai réussi à convaincre une femme d'un groupe de touristes américains de faire trempette à son tour, papotant avec l'un des gars qui est "également travailleur social". J'ai demandé où et il a répondu assez fier "...à New York". Je sais pas exactement ce que j'ai répondu, probablement "ah.", parce que les trois nanas du groupe se sont gentiment foutu de sa gueule en disant "Haha, not impressed !".

En même temps j'étudie à Espoo, Finlande. Je vois pas en quoi je suis censé être impressionné. Vous ? ^^

(Ah oui, et le gars voulait absolument faire une photo d'elle avec moi, tous les deux dans les pieds dans la source, "ça fera une bonne photo, comme elle est rousse et toi ta barbe est rousse !" Je n'ai toujours pas saisi le rapport avec la bonne photo.)

Bref, en attendant mieux plus grand, voici donc ma première vidéo "ambiance" :

lundi 17 mars 2014

Civisme à l'islandaise

Juste quand j'arrivais en Islande, les choses commençaient à se gâter dans le débat sur l'accession (ou non) du pays à l'Union Européenne. Autant dire que moi qui était intéressé de voir comment les Islandais géraient leurs affaires, j'étais servi. Vous aviez peut-être entendu que les négociations avaient été gelées suites à l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement sur fond de désaccords sur les quotas de pêche. Cela dit, l'UE avait clairement fait savoir que dès que l'Islande voudrait reparler accession, l'Europe était prête continuer les négociations là où on les avait laissées.

Sauf que.

Le nouveau gouvernement, dont la grosse promesse électorale qui les a amené au pouvoir était qu'il y aurait un référendum sur cette fameuse accession, a unilatéralement décidé que finalement non, c'était pas la peine de voter, et que de toute façon c'était mieux pour les Islandais. Ils ont donc dit "On annule notre candidature d'accession".

Pour ceux qui ne sont pas trop familiers avec le comment que ça marche donc l'UE, s'ils font ça et souhaitent retenter l'accession plus tard (quand la crise sera passée et qu'ils se diront que finalement l'idée n'était pas si mal après tout, par exemple), contrairement au "gel", l'annulation les obligera à tout reprendre depuis le début. Ce qui peut prendre cinq ans. Ou dix. (Et l'UE sera peut-être refroidie aussi, situation Turque inversée). Autant dire qu'avant d'annuler la démarche comme on choisi un yaourt au lieu d'une compote au dessert, il vaut mieux y réfléchir à deux fois. Le gouvernement islandais, lui, il n'a pas réfléchi. Et depuis, tous les samedi, c'est des centaines/milliers de gens qui se rendent devant le Parlement pour manifester. Je rappelle à tout hasard que le pays compte 300 000 personnes. Vous comprendrez que contrairement à la France ou l'Allemagne, on ne peut pas ignorer une manifestation. il se peut qu'un tiers de votre électorat soit devant vous, à cet instant précis. Voire plus.

Et c'est là que j'ai été bluffé. En France, on utilise à volonté la fameuse phrase de Voltaire (qui n'est d'ailleurs pas de lui) : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je mourrai pour que vous puissiez le dire." Sauf qu'on s'en sert surtout quand ça nous arrange en terme d'image, voire pour en réalité se défendre soit-même et ses sympathies, alors qu'un engagement en faveur de l'opposition est en fait assez rare (et encore plus rarement l’œuvre de mouvements populaires). Là, j'ai été positivement surpris par l'ampleur des protestations, notamment... de ceux qui veulent rompre les négociations avec l'UE. 

Parce qu'on leur a promis un référendum, et que même si la décision prise par le gouvernement est celle que beaucoup espèrent en définitive, ils veulent voter, et veulent que ceux qui soient pour puissent s'exprimer et le cas échéant, gagner. Les indécis ne font pas comme en Europe Centrale, attendant de voir qui gagne pour se plaindre. Les gens manifestent pour un débat, pour obtenir des informations des deux bords, pour être éduqués sur l'UE afin de pouvoir voter en connaissance de cause. Et des informations, pas des déclarations à l'emporte-pièce qu'on leur a déjà bien servi. Un beau résumé de la situation :
 
Une personnification de l'Islande se demande "UE ?" et les deux bords lui crient "OUI!!!" et "NON!!!" La légende dit "Informez-vous sur le positif et le négatif et VOTEZ"
Des gens qui manifestent parce qu'ils veulent voter en sachant de quoi ils parlent, j'ai cru que je ne verrai plus ça de mes yeux. J'ai discuté avec une femme après une des manifestations, alors que la foule se dispersait en attendant la semaine suivante, et des gens se sont glissés dans la conversations pour donner leur avis, ravis de m'expliquer de quoi tout cela s'agissait. La plupart étaient indécis voire contre l'entrée de l'Islande dans l'UE, mais insistaient sur l'importance de laisser les gens choisir. J'ai discuté avec pas mal de monde, et même si je ne parlerai pas d'une majorité écrasante, je pense que si le référendum avait lieu, le Non l’emporterai. Cela dit, beaucoup m'avouent clairement ne presque rien savoir sur les conséquences d'une adhésion ou d'une annulation de la procédure, et c'est justement ce qu'ils veulent clarifier et demandent à leur classe politique. Ils refusent la décision à l'emporte-pièce malgré la crise et le chômage, ils ne souhaitent pas de solution vite-fait bien-fait, ils veulent garder le pouvoir et leur mot à dire, prendre le temps de réfléchir, en gardant en tête que s'ils disent Non aujourd'hui et annulent la procédure, ils ferment la porte de l'UE à leurs enfants. Et ça n'a ici rien de partisan, pros et antis sont unanimes.

Et ça fait plaisir à voir.


Bon après, je vais pas dorer le tableau non plus, le gouvernement qu'ils vilipendent est celui qui les a foutu dans la merde en faisant de l'économie ultra-libérale débridée, qu'ils ont remplacé juste à temps pour la Crise, et rappelé quand le pays était définitivement au fond du trou comme si le nouveau gouvernement y était pour quelque chose. Donc bon, le syndrome de la mémoire courte peut frapper ici aussi.

Mais quand même !

PS : Vous apprendrez donc également que ESB, ce n'est pas que The Empire Strikes Back, mais également Evrópusambandið. Étonnant, non ?

dimanche 16 mars 2014

Hákarl : Le requin faisandé islandais

Aujourd'hui, je serai bref, car la vidéo en dit déjà assez. Je ne ferai que vous donner le lien qui vous expliquera ce dont il s'agit.

Bon appétit.




Ce que je viens de goûter, en français.

What I just tried, in english.

dimanche 9 mars 2014

Mottumars : Mars de la Moustache !

Comme je l'avais mentionné précédemment, le mois de mars est en Islande consacré à la lutte contre le cancer, mais je n'ai pas précisé que c'était le cancer chez les hommes (pour les femmes c'est en octobre) et à cette occasion, ils ont une campagne de sensibilisation / solidarité basée sur un signe de ralliement qui plaira à coup sûr à tous les amateurs d'un style capillaire à nouveau en vogue, j'ai nommé :

La Moustache

Moustache March / Schnurrbart März / Mars de la Moustache (quand la traduction sonne pourrie, c'est là qu'on sent qu'on change de famille linguistique)
On peut donc soutenir la lutte contre le cancer chez les hommes en achetant des goodies à moustache (comme des stylos, etc), mais aussi montrer son soutien en se laissant pousser la moustache. Les femmes peuvent acheter des colliers à moustache au lieu de se raser le duvet, évidemment (et une partie de la somme revient à la lutte contre le cancer). On n’est pas des brutes. Des spots télé / internet sont aussi faits chaque année pour rappeller à qui l'oublierait que c'est le mois de la moustache :


Moustache est à prendre au sens large, et une grosse barbe fait naturellement l'affaire. Les bus eux aussi sont de la partie et arborent la moustache de mars :
 
Like a bowss.

Et comme c'est aussi une question de style, à chacun sa moustache !

Mais alors, se laisser pousser une moustache n'engage à rien et ne sert à rien, me direz-vous. Comment cela aide-t-il à vaincre ce fléau médical ? Eh bien sur le site de mottumars.is, vous pouvez comme n'importe quelle campagne de ce genre faire un simple don, où bien... présenter une photo de votre fabuleuse création capillaire et les visiteurs peuvent vous récompenser en envoyant une somme (qui va naturellement dans la recherche, pas dans la poche du moustachu). Ainsi il s'agit d'une sorte de concours où les moustaches sont bénévoles et les prix sont des dons qui reviennent à la bonne cause !

Alors vous aussi, où que vous soyez, ne laissez pas gagner le cancer sans combattre. Soyez forts, soyez audacieux, soyez braves, soyez solidaires.

Arborez une moustache.

vendredi 7 mars 2014

La Dordogne : Un peu de soleil et de foie gras entre deux tempêtes de neige

Alors qu'en Islande le temps est aux tempêtes de neige, au froid et à la glace, j'ai pensé qu'il serait agréable de se replonger pour un moment dans les contrées ensoleillées du sud de l'Europe. Après tout, le Nord, vous en bouffez à longueur d'articles depuis presque trois ans, alors un peu de chaleur aujourd'hui, et de l'inédit en plus : La Dordogne (Département qui se situe au Nord-Est de la Région Aquitaine, elle-même située dans le Sud-Ouest de la France et couvrant le sud de la côte atlantique, comme nous nous en souvenons naturellement tous depuis le primaire. N'est-ce pas ?*).

Haha, comme je la sors de nulle part, l'Aquitaine, et vous n'avez rien vu venir !

Bon, d'accord, l'Europe du sud vous pensiez déjà à l'Italie, à l'Espagne... mais j'y ai pas encore mis les pieds, donc je dois me contenter de vous mettre quelques images de l'Ouest français, ce qui pour un Alsacien comme moi ressemble déjà franchement au Sud. Non mais sérieusement :

On dirait le Sud, non ? Le Foie Gras en sup. Et oui, j'expédie le cliché Delpeyrat de suite, ça, c’est fait. Et puis y a les petits drapeaux occitans par-ci par-là pour rappeler que le Français n'est que notre lingua franca. Et puis merde, soleil qui tape et kssksskssksss dans les fourrés, le Sud, quoi !
Sarlat-la-Canéda, pour les amateurs d'architecture médiévale
Ayant de la famille expatriée en ces terres de soleil et de vieilles pierres, j'avais eu l'occasion d'y passer quelques jours à l'été 2012 - ça ne fait donc pas tout à fait deux ans et oui je sais je mets un temps fou à mettre mes photos en ligne - et si je vous disais depuis quand je stocke des photos pour un article sur le Haut-Koenigsbourg vous me jetteriez des cailloux. Durant ces quelques jours j'ai eu l'occasion de (très) bien manger, viande et foie gras, évidemment, mais aussi poisson, histoire de ne pas trop taper dans les poncifs. Mais le régal fut aussi et surtout pour les mirettes. Le paysage épargné par l'urbanisme galopant offre des ballades superbes dans des villages médiévaux qui méritent le détour. Et même pour les Alsaciens qui sont presque blasé du "village-médiéval-typique-achetez-mon-moule-à-kouglof-madame", puisque le style architectural est différent, et le paysage aussi. Le gré rose des Vosges est ici remplacé par la Pierre Jaune du Périgord, de taille évidemment. C'est là l'avantage du calcaire, la belle couleur des pierres et du paysage... l'inconvénient c'est l'eau, on s'en doute. Investir dans un purificateur pour ne pas dessécher sa peau et laisser mourir ses robinets au feu doux est donc fortement recommandé.

Je n'ai fait que passer, je ne peux donc pas vraiment parler des habitudes et du mode de vie. Les gens rencontrés furent fort hospitaliers, les moustiques fort nombreux et voraces, et le temps fort clément. Et la bouffe excellente, bien sûr. Après un an en Finlande à mener la vie étudiante, passer un semaine en Dordogne fut comme finir une grève de la faim et être invité à un buffet. Quand les gens m'ont vu dévorer leurs spécialités dans les restaurants ils ont dû se demander si je revenais d'une zone de guerre. 

En avant donc pour visitez-la-dordogne.fr, en commençant par Sarlat-la-Canéda. Pour être honnête, je ne sais pas si beaucoup de gens vivent VRAIMENT à Sarlat, car même si ça n'est pas non plus Santorin et son côté Disneyland, on sent quand même que y a probablement 10 fois plus d'habitants de mai à septembre, si vous voyez ce que je veux dire... Tant mieux pour l'économie locale évidemment, mais les gens vivent-ils vraiment dans ce centre-ville somptueux ? J'ai quelques doutes... Mais j'espère qu'il y en a et que ce n'est pas qu'un décor, car l'endroit est magnifique !

Pouvez-vous faire plus pittoresque ? Ajoutez-moi une femme en tablier suspendant son linge qui sent la lavande, à la limite.
Comme d'habitude dans les cités médiévales, on voit encore très bien le tracé des murs d'enceinte originaux...
C'est parti pour les ruelles serrées et les marches innombrables disposées au hasard ! Tu sais, celles où tu n'es jamais à l'aise que ce soit en montant/descendant rapidement ou lentement, deux par deux ou une par une. Oui, celles-là.
Là tu t'attends à voir une damoiselle soupirer à sa fenêtre en attendant son Prince. Y a même le rosier grimpant façon château Disney ! (La réalité derrière cette image bucolique ? Les femmes aimaient à faire leur broderie aux fenêtres car, sous prétexte de se mettre au plus près de la lumière, elles pouvaient observer tout ce qui se passait dehors et avaient tous les jours de nouveaux trucs à ragoter, à une époque où il faut bien avouer, elles se faisaient chier comme les blés. Merci au guide du Haut-Koenigsbourg pour cette explication)
Faut aimer les chambres aux angles franchement aigus.
La cathédrale Saint-Sacerdos se révèle depuis cette petite rue sinueuse.
A l'intérieur, les vitraux créent un superbe jeu de lumière sur les dalles polies par le temps...
L'orgue du XVIIIème fort classe !
"J'suis trop gothique-an."
La nef, simple mais classique. Encore une fois on remarque bien la pierre de taille locale, et on devine cette fois les deux vaisseaux latéraux (A moi, souvenirs des cours d'Histoire de l'Art !)
Les abords de la cathédrale avec tombes et caveaux...
Une de ces rues où il fait vraiment bon se balader malgré la chaleur du soleil... j'ai presque oublié ce que ça fait.
Et si vous cherchez l'Âne des Collines, il est à l'UMP.
Voilà pour Sarlat, j'ai encore d'autres endroits à vous montrer en Dordogne, mais je vais les garder pour aérer mes articles sur l'Islande, histoire de ne pas vous montrer que de la neige, encore et encore.

Et encore.


(Bon après, moi j'aime ça mais je pense à vous, un peu de variété, quand même !)


*En fait ce petit résumé géographique à peine forcé était, à la base, prévu pour mes amis non-Français qui utilisent Google Translate et n'y connaissent que dalle à la géographie française, et donc écrit spécifiquement à leur attention. Puis je me suis souvenu de la moyenne nationale au baccalauréat.

mercredi 5 mars 2014

L'Islande au quotidien

Aujourd'hui un peu de culture du quotidien alors que se concluent les trois jours un peu spéciaux de leur période de Carnaval. Déjà, notons que depuis hier il neige à gros flocons, après deux semaines qui sentaient plutôt le retour du printemps. Finalement, on en remet une couche avec la neige et la glace, rock'n'roll ! De plus, nous sommes désormais en mars, ce qui veut dire que nous sommes le mois de la lutte contre le cancer. A cette occasion, les hommes se laissent pousser la barbe - ou au moins la moustache - en signe de solidarité, et les femmes portent des colliers ou des bracelets avec des moustaches. Même les bus portent des moustaches ! Apparemment, l'année dernière l'équipe de handball islandaise a heurté quelques sensibilités en débarquant face à l'équipe allemande qui a cru que leurs adversaires se moquaient de la moustache de leur... entraîneur.

(Haha, je suis sûr que vous avez cru voir venir un Point Godwin ! )

Mentionnons aussi qu'après deux semaines, je peux répondre à un grand dilemme qui me travaille depuis mon arrivée. D'un côté, les bienfaits de vivre sur une île volcanique recouverte de rivières, de glaciers et de sources chaudes, à savoir : Eau chaude et froid à volonté, directement tiré du sol, en illimité haut-débit, la totale. De l'autre, la contrepartie, à savoir : Cette fragrance délicate fortement associée au volcanisme résultant d'une présence perceptible de souffre.

Autrement connue sous le nom populaire "d’œuf pourri".

Oui, ouvrir le robinet revient à prendre une bouffée d'odeur d’œuf pourri, et quand je me brosse les dents et que je me penche au robinet pour me rincer la bouche, j'ai du mal à savoir si c’est seulement une odeur ou aussi un goût. Quand je bois l'eau du robinet dans un verre, ça va, mais prendre directement à la "source" n'est pas toujours des plus charmants. Et cette odeur flotte aussi dans l'air, parfois, sans que je puisse déterminer les facteurs qui font que aujourd'hui, oui, demain, seulement le matin, mais hier, non. Alors je vous le raconte par souci d'honnêteté, parce que ça ne se sent pas dans mes photos d'aurores boréales ou d'églises pittoresques.

Et les films / pubs d'agences de voyage se gardent bien de mentionner le facteur olfactif quand ils vantent les mérites de cette île au demeurant magnifique.

J'ai pesé le pour et le contre, et même si prendre une douche demande une certaine discipline sensorielle, j'ai conclue que ça ne me gênait pas. J'ai hésité longtemps, et j'espère m'y habituer bientôt et ne plus le sentir (une collègue islandaise me disait que ça lui faisait aussi quand elle rentrait de voyage), mais c'est supportable et je m'y fais petit à petit. Ce qui reste chiant avec l'eau c'est la vitesse incroyable avec laquelle l'argent vieilli... (mes bagues ont pris dix ans de patine en une semaine, si j'attends un peu je peux bientôt les vendre à des touristes façon Grèce en leur disant "original, original". Ils n'y verront que du feu)

Et c'était pas de l'industriel ! La thermos donne l'échelle :-p
Bref, maintenant que j'ai fait preuve de ma tempérance syndicale et évité l'habituel portrait idyllique qui va bien, retournons à nos moutons. Lundi fut le premier jour des Trois Jours Spéciaux, le Jour des Boules (et non, je ne ferai pas cette blague). Ce jour-là, tout le monde mange selon une thématique commune : la forme de boule. Boulettes de viande ou de poisson, et pâtisserie en forme de boule, une sorte de chou à la crème géant, LE dessert symbolique de cette journée. On s’empiffre donc, mais pas autant que le second jour où le grand truc c'est de manger du porc salé et de la soupe de haricots blancs. Le jour est appelé Jour de l’Éclatement, soi disant parce qu'on se goinfre à se faire éclater la panse. 

Mais je suspecte que ça ait plutôt un rapport avec la soupe.

La petite couche de confiture qui change tout !
Le troisième jour est plutôt un carnaval, on se déguise et on récupère des bonbons. Non pas lors de défilés, apparemment ça c'est pas leur truc, mais plutôt façon Halloween, en débarquant dans les kiosques et les boutiques vendant des bonbons et en chantant des chansons (plus rarement en rackettant les gens à la porte de leur domicile... mais y en a.). 

Et si vous pensez que ça ne fonctionne qu'avec les grands yeux sur-expressifs des petits enfants aux voix cristallines et innocentes, détrompez-vous. 

A l'unisson avec une collègue déguisée en Grominet (et moi portant un élégant chapeau qui n'était pas sans rappeler le goût exquis et irrésistiblement charmeur de Jack l’Éventreur) (preté par une de mes boss, je n'ai pas emporté ça en me disant "tiens, qu’est-ce que j'ai oublié de prendre pour partir en Islande ? Oh, bah un chapeau de carnaval, tiens !" Mais quelque part ça doit faire parti d'une sorte de tradition avec le chapeau de cow-boy en Grèce et feu mon chapeau nageur... puissent les courants du Sud-Savo le porter vers de meilleurs horizons), nous avons entonné Frère Jacques (elle en islandais, moi en français, le truc pas moche du tout) et... ÇA A MARCHÉ. J'ai eu un bonbon et deux rouleaux de réglisse/pâte d'amande (combo de la môôôôôrt), pareil pour elle et l'autre collègue qui a filmé la scène sur son portable ( la vidéo est sur Facebook mais je suis pas sûr que vous puissiez la voir si vous n'êtes pas "amis avec moi...).

La pause de midi qui a suivi m'a également permis de profiter d'un grand monument de la tradition culinaire islandaise : 

Le hot-dog.

Oui, je sais, c'est un peu décevant de prime abord. Parce que OK, ils ont des plats typiques (genre la tête de mouton, les testicules de moutons, le fameux requin à la chair toxique qu'on fait mariner dans le sol pendant quelques mois pour le rendre comestible... bref, de la vraie gastronomie) mais ils ont aussi des plats populaires, et rien dans ce domaine ne bat, dans le cœur des Islandais, le Hot-Dog. Il y a même un kiosque à Reykjavík dont on me parle à chaque fois que le sujet du hot-dog refait surface, où Cold-Play et même Bill Clinton lui-même ont mangé des hot-dog et dit qu'ils étaient bons.

Autant dire que si le Président des États Unis d’Amérique te dit que ton pays fait des bons hot-dogs, c'est comme être couronné par le Pape au Moyen-Âge : Le titre est à la fois incontestable et éternel. Gloria in Exelcis Calidis Canem*.

Parce que je ne suis pas un simple blog-bouffe et que je vous respecte, lecteurs, pour votre temps gaspillé sur cet article, je ne vous ferais pas l'offense de photographier un hot-dog, aussi bon soit-il, comme si c'était du jamais vu, alors pour compenser l'absence d'illustration appropriée, voici la vue de ma fenêtre quand les nuages se sont mis à rouler par-dessus la montagne.
J'ai également découvert un excellent vendeur de glaces (une visite au musée était prévue avec des handicapés du centre mais horaires d'hiver obligent......... grr.), un autre pilier des coutumes culinaires islandaises. Ces gens aiment les crèmes glacées. Beaucoup. De là à y voir l'originaire étymologique de leur pays, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai évidemment pas. 

Mais quel heureux hasard, quand-même ?

D'ailleurs dans le même genre, ici France se dit Frakkland. Si vous avez vu la nouvelle version de Battlestar Galactica, vous savez probablement à quoi je pense. 

Coïncidence ? Je ne crois pas.


Prochain Point Culture du Quotidien : Le référendum volé sur l'Union Européenne, ou une belle leçon de civisme (de plus) made in Iceland.


Et comme ici on me demande beaucoup de comparer l'Islande et la Finlande (la France et l'Allemagne bizarrement ça les intéresse moins, alors que d'habitude "Aaah, France, Paris, Disneyland !"... mais aussi en Grèce, un petit vieux dans la montagne dans un Français approximatif " La France ? Ah, Sarkozy ! Fasciste !" Aaaah, 2010.) , je commence une petite série :

L'ISLANDE :

Contrairement à la Finlande : La mer ne gèle pas en hiver.

Comme en Finlande : Les films et séries ne sont pas doublés.

Contrairement à la Finlande : Ils se sentent obligé de faire des pauses au milieu des films. Au cinéma. Hérétiques.

Comme en Finlande : Ils aiment la réglisse...

Contrairement à la Finlande :... mais pas spécialement salée ^^

Comme en Finlande : Ils picolent comme des trous le week-end en achetant leur alcool dans une ligne de magasin à monopole façon Alko.

Contrairement à la Finlande : Ils savent moins se tenir quand ils le font. Plus nerveux, l'Islandais bourré, moins dépressif mais plus... réactif.

Comme en Finlande : Il y a des Français partout. PARTOUT.

Contrairement à la Finlande / Comme dans le reste de l'Europe outre la Finlande, apparemment : Ils sont choqués d'apprendre que le goudron, ça se boit, et ça se mange. Et que c'est super bon.



*Latinistes, on se calme, hein, c’est juste une blague. Cela dit, comme vous avez souffert devant des déclinaisons improbables et que mon apprentissage du Finnois m'a fait comprendre l'étendue de votre tourment, si vous voulez tout de même fructifier vos centaines d'heures de martyr en vous la pétant, allez-y. Faites-vous plaisir. C’est peut-être la seule fois que ça vous sera utile cette année, certes, mais c'est quand même la classe.