jeudi 28 août 2014

Le Lone-Trip islandais : Mývatn & Dimmuborgir

Pour bien comprendre mon état d'esprit, Mývatn fut l'une des plus chouettes étapes de ma présence en Islande. Oui, oui, rien que ça. Et ce pour plusieurs raisons :

Si vous comprenez, head-banguez.
L'endroit était superbe, le temps également, j'ai rencontré des gens sympas, et puis je sais pas, le contraste avec l'ambiance un peu glauque de mon passage à l'Est ? Toujours est-il que ce fut un plaisir de passer toute la journée de mardi à me promener dans les formations de lave de Dimmuborgir et de crapahuter sur le cratère Hverfjall pour embrasser l'ensemble du paysage. Ah, pour les gens qui écoutent des genres musicaux similaires aux miens, et bien qu'en règle générale je déteste faire des selfies, je dédie cette photo, parce que bon, voilà.

Mais commençons par le commencement. J'ai passé la nuit dans un gîte / camping un peu en dehors de la ville, parce que bon, hein, je suis pas à un peu de marche près (et que 60 euros la nuit, faut pas rêver). La veille, j'avais rejoins le site en profitant du cadre : D'énormes plaques de lave refroidie brisées qui s'empilent, s'ouvrent, se concassent... La roche noire a encore la forme des coulées, mais des crevasses se sont ouvertes avec le temps, parfois beaucoup plus profondes qu'on ne pourrait le penser. Une bonne partie des abords du lac est encore recouverte de lave refroidie, bien que la nature verte et vive ait déjà bien repris ses droits.

Les formes laissées par les coulées, lentement brisées par le temps.
Le lac et les montagnes derrière, bucoliques avec la petite église et tout... et le champ de lave.
L'une des gérante du gîte, Ingibjörg, a été l'une des chouettes rencontres. Elle est photographe et m'a montré l’impressionnant album de son travail sur l'Islande, des photos magnifiques qui m'ont fait baver d'envie... et qui m'ont rappelé qu'il fallait absolument que je demande à Peter de m'apprendre à faire de vraies, belles photos pros. Elle m'a aussi conseillé des endroits à voir, donné quelques astuces et infos, et en parlant elle a découvert que je connaissais un peu de culture traditionnelle islandaise, et que j'écoutais des rímur. Toute contente, elle m'a parlé de son club de danse folklorique et m'a offert un enregistrement de rímur. Une femme en or !

Suivant son conseil, je me met en marche pour aller voir les formations volcaniques de Dimmuborgir, à quelques kilomètres de là, ce qui me fait longer le lac sous un soleil radieux. Car oui, ici, on est bien au printemps (je n'ose pas dire été). D'ailleurs, détail amusant, Mývatn signifie le "lac des mouches" (oui, je sais, ça ferait un beau ballet), et les mouches en question sont pratiquement arrivées du jour au lendemain... quand j'étais là. J'avais donc l'insigne honneur d'être présent pour l'ouverture de la belle saison... et donc celle des mouches. Mais ça ne m'a pas dérangé, en fait, c'est surtout le soir en rentrant que ça s’est remarqué, la journée ayant été particulièrement agréable !

Un muret en pierre volcanique au bord du Lac des Mouches. 'tain, c'est pas très classe, une fois traduit...

Une vue du lac calme et du ciel bleu. On le sent le contraste avec les jours précédents ?
Après un peu de marche sur une route où j'ai pu saluer moutons et vaches, je dois bifurquer dans le champs de lave pour rejoindre Dimmuborgir, au bout d'une longue piste noire. Je papote avec un retraité allemand qui s'arrête pour prendre une photo mais ne me proposera pas de m'emmener plus loin, hein, alors que c'est assez clair qu'on y va tout les deux, à Dimmuborgir, mais soit. Il me saluera le lendemain avec un petit coup de klaxon en me croisant sur la route en sens inverse, comme pour me souhaiter bonne chance, ça m'a fait plaisir ! Et la vue sur le cratère était suffisante pour me faire oublier de râler !

Hverfjall m'appelle, au loin. Lui répondrai-je ?
Finalement j'arrive à une sorte de café-restaurant-souvenirs où je fais une pause, assis à la terrasse qui surplombe l'ensemble de colonnes et d'étranges statues naturelles faites de lave refroidie. L'ensemble une ancienne cité en ruine, d'où son nom Dimmuborgir, Cités Noires, un nom qui claque à côté du Lac des Mouches, surtout quand on sait que les chrétiens y voyaient l'endroit où Satan se serait écrasé lorsqu'il fut chassé du paradis. Bref, un endroit d'enfer ! (PadamPshiii, merci, merci). Vu de la terrasse, l'ensemble ressemblait à une sorte de labyrinthe naturel rouge et noir, invitant le visiteur à venir s'y perdre...

Si vous choisissez de prendre à gauche, allez page 12...
Désolé, on ne peut pas toujours choisir l'angle de la prise de vue par rapport à la position du soleil :-(
Lorsqu'on s'engage dans les chemins qui sillonnent les Cités Noires, plusieurs sentiers s'offrent au visiteur, de facile à "vaguement balisés, à vos risques et périls". En réfléchissant un peu, il était assez facile de combiner plusieurs sentiers pour en voir un maximum sans repasser 36 fois par les mêmes endroits, tout en rentrant au gîte au final ! J'ai donc suivi une partie du sentier "médium" avant de revenir sur mes pas en prenant le sentier "à vos risques et périls, mettez de bonnes chaussures", avant de repartir par un sentier qui sortait de Dimmuborgir et rejoignait Reykjahlíð en passant à côté du cratère...

Les structures monumentales prennent parfois des formes étranges : tours, arches, tunnels, crevasses... Il y a des tas de sentiers et de pistes d’animaux qui partent dans tous les sens, des entrées de grottes, de fissures dans la lave... Et le sentier "sauvage" nécessitait de grimper en partie sur des "chemins" et des escaliers qui montaient à flanc de roche.

Que voyez-vous ?
Je m'émerveille devant cette création de la nature...
Le Grand Œil voit tout.
Comme on le voit, on est assez tranquilles sur le chemin "difficile". Du coup fallait compter tout de même avec les parties boueuses et les crevasses traîtres. Bonnes chaussures impératives !
Une colonne cyclopéenne s’élève dans l'horizon impie de la Cité Noire. (HPL-fans, vous encore)
Des fois j'aimerai être calé en géologie pour bien comprendre comment on arrive à ce résultat-là.

Au fond d'une cavité, le tunnel continue si on s'y glisse, mais je n'y ramperai pas...
Une chambre de magma vide a fini par s'effondrer, créer ce grand trou par lequel on accède via un petit tunnel... Parfait pour se reposer au frais quand le soleil tape un peu trop fort.
De près la lave offre un festival de couleurs et de textures, malheureusement d'une grande fragilité...



Prendre le chemin difficile m'a permis de profiter de Dimmuborgir sans me taper les autres randonneurs, notamment beaucoup de Français que j'entendais jacasser à la terrasse en se plaignant de trucs ridicules, et un boloss qui se la pétait en pseudo gangsta impeccable alors que c'est vraiment pas l'endroit où tu viens en tenue urbaine proprette, le mec on voit qu'il vient en voiture avec sa copine et qu'il prend des photos depuis la terrasse... Y avait quelques classes islandaises aussi, très polies (les enfants disaient bonjour et tout), mais profiter en paix de la ballade c'était quand même sympa. J'ai bien croisé deux mecs qui prenaient le chemin en sens inverse mais ils prenaient à peine le temps de regarder, prenaient des photos vite fait et repartaient, j'ai trouvé ça dommage...
Le chemin qui sortait de Dimmuborgir pour traverser les champs de lave jusqu'au cratère passait par cette arche, comme une porte de sortie monumentale. Un panneau indique cependant de ne pas grimper sur la roche en dehors du sentier, donc évidemment, le groupe de touristes suédois que j'y ai croisé prenait la pose... assis un peu partout, sauf sur le sentier. Put*in de touristes.
Prochaine étape : Hverfjall !

Alors avant de partir, j'ai oublié de mentionner un petit détail... Car après tout le côté volcan, Satan tombé du ciel et Lac des Mouches, une seule légende manquait à l'appel, et non des moindre. Pierre maudite ?  Présence démoniaque ? Non. Enfin presque.

Le Père Noël.

Enfin leS PèreS Noël, puisqu'en Islande, la tradition retient 13 Compagnons de Yule / Noël, les Jólasveinarnir. 13 trolls progénitures de la géante Grýla, équivalent féminin du père Fouettard germanique (Tel notre Hans Tropp alsacien !), un monstre qui vient aux alentours du Solstice d'hiver / Noël pour s'emparer des enfants pas sages. Et les manger. Et elle, y a pas le Saint Nicolas derrière pour sauver les petits enfants en détresse. Au lieu de ça elle a 13 horribles gamins qui viennent enfoncer le clou en foutant le boxon. Ah, le Solstice, c'est pas une fête de fillettes !

OK, maintenant on dit qu'ils "jouent des tours" - aha, l'euphémisme ! Parce que bon, jouer des tours, dans la légende d'origine, ça inclue meurtres et actes de barbarie, y compris manger des enfants. Aujourd'hui, des panneaux vous accueillent à Dimmuborgir, leur résidence, en les représentant comme ceci :

Ils sont pas mignons, nos ogres voleurs et meurtriers ? Aah, la magie de Noël dans le Nord !
Bon, faut dire qu'aujourd'hui, leurs mœurs se sont adoucies, et comme le Bouc de Yule de Fenno-Scandinavie (oui, le Père Noël en Finlande s'appelle d'ailleurs toujours ainsi, Joulupukki. Vous voyez les petites décos de boucs en paille sur la table et dans le sapin d'un autre œil, maintenant, hein ?), ou comme Saint-Nicolas d'ailleurs, nos Compagnons de Yule ont été lentement assimilés au Père Noël, une figure qui regroupe décidément bien du monde son son manteau rouge... On notera à ce propos que comme dans tous les pays nordiques, Noël est toujours appelé Yule / Jól / Jul / Joulu, c'est à dire le nom de la célébration pré-chrétienne du Solstice d'Hiver. Y a des restes, comme ça!

Bref, d'après le folklore islandais, j'étais à la maison des Pères Noël. Qui habitent dans un champs de lave.


 Mais ils devaient être en vacances, j'ai vu personne :-(

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