dimanche 21 septembre 2014

La France, l'Allemagne, l'Europe et moi

Quand on me demande d'où je viens, aujourd'hui, je réponds toujours "France et Allemagne". Ce n'est pas une réponse pratique, mais faute de mieux, je m'en contente. Car derrière cette question anodine se cache une véritable quête d'identité que je suis loin d'être le seul à partager. Quand on a deux nationalités, et qu'en plus on vient d'une zone tampon entre deux cultures qui n'a cessé de fluctuer, comment répondre simplement à "d'où viens-tu ?" ?

Comme j'ai l'intention de vous montrer bientôt l'Alsace et la Forêt Noire, je pense que c'est l'occasion rêvée de faire une petite rétrospective historique. Accrochez-vous, va y avoir du bloc de texte.

Alors déjà, plaçons l'Alsace, région française, et le Bade-Wurtemberg, Land allemand, dans leur contexte actuel, pour ceux qui n'ont aucune idée de où tout ça se trouve. L'Allemagne et la France partagent une frontière commune, dont une grande partie - mais pas toute - est délimitée par le Rhin, une "frontière naturelle".
Je ne vous ferai pas l'affront d'écrire qui est qui. (source)
La région française qui partage cette "frontière naturelle" c'est l'Alsace, et son voisin allemand, c'est le Bade-Wurtemberg :

(ou en allemand : Baden-Württemberg) (source de la carte)
Maintenant que vous avez une bonne idée de quoi je parle, remontons dans le temps.

Si la Souabe du temps de Charlemagne existait encore, ça me faciliterait bien les choses, puisque mes deux régions d'origines sont l'Alsace et le Bade-Wurtemberg, qui s'y trouvaient toutes deux comme on peut le voir sur cette carte :
La Souabe carolingienne : L'Alsace et le Bade-Wurtemberg sont dedans. (source de la carte)
Les frontières étant ce qu'elles sont, je ne suis Souabe sur aucun papier, mais historiquement, c'est le cas, quant à la langue, je suis bilingue français-allemand mais ne parle aucun dialecte. Ça devient compliqué. J'ai pourtant vécu dans en France et en Allemagne, dans les régions natales de mes parents : La Forêt Noire en Bade-Wurtemberg, d'abord, le pays de ma mère, et l'Alsace, en France, pays de mon père. Magie de l'Europe, je n'ai jamais vraiment eu à me poser de question en traversant le Rhin pour rendre visite au reste de ma famille, et la frontière n'a jamais été que la ligne qui démarque le moment où les panneaux changent de langue. Les dialectes des deux côtés du Rhin sont tellement similaire que marteler le fleuve comme étant une frontière naturelle me fait doucement rigoler, de toute façon.

L'Empire Romain. L'Alsace et le Bade-Wurtemberg sont dedans. (source de la carte)
Mais alors, cette frontière arbitraire qui fait de moi un binational, d'où sort-elle ? Et bien de ce cher Jules César, pour commencer. Notre Proconsul étant en guerre depuis des lustres pour "conquérir la Gaule" se doit de fixer une limite afin de pouvoir annoncer une victoire totale à Rome et rentrer pour son triomphe. Or il a défait le chef germain Arioviste en "Alsace", et en fixant la frontière sur le Rhin, César s'épargne une prolongation sanglante de sa campagne à l'Est - après tout il faut bien s'arrêter quelque part. Néanmoins, il faut préciser que déjà à l'époque, cette limite était arbitraire : des Germains et des Celtes vivaient largement des deux côtés du Limes, la frontière romaine, et dénommer la rive gauche "Gaule" et la rive droite "Germanie" est aussi subtil et correct que les frontières que les colons ont tracé à la règle en Afrique des siècles plus tard.

Mais soit, après la défaite de la coalition germanique menée par Arioviste, l'Alsace se trouve désormais officiellement du côté gaulois, dans ce qui s'apprête à devenir l'Empire Romain. Malgré plusieurs tentatives de pousser plus avant le Limes, ce dernier n'arrivera pas à envahir la Germanie, et la perte de trois légions dans les forêts du Teutobourg lui fera abandonner toute velléité sérieuse sur les nations germaniques : Le Bade-Wurtemberg, en revanche, situé dans le Sud de la Germanie, subira une période d'occupation romaine. Je précise que l'Alsace et le Bade-Wurtemberg en tant que tels n'existent évidemment pas encore, hein, mais c'est pour bien comprendre comment on en est arrivé là. Puis le Limes finira par reculer définitivement jusqu'au Rhin lors du déclin de l'Empire.

Venus du "Bade-Wurtemberg", entre autres, déferlent plus tard les Alamans, tribu germanique que les romains repousseront tant bien que mal, jusqu'en 406, ce fameux épisode de l'Histoire où le Rhin gela et où les Alamans et d'autres tribus germaniques traversèrent cette "frontière naturelle" à pied pour mettre les Romains en déroute. Les Alamans s'installent en Alsace, et même quand les Francs, une autre tribu germanique installée du côté de Paris, les vaincs en 496 sous le règne de Clovis, ils restent l'ethnie dominante dans la région dont le dialecte que certains parlent encore aujourd'hui est leur héritage direct. L'"Alsace" est alors franque et se fait christianiser, et le restera jusqu'en 962, où elle intègre le Saint Empire Romain Germanique. Et s'il y a eu un deuxième et un troisième Reich allemand, c'est parce que le Saint Empire est considéré comme le premier. Officiellement, c'est la première Allemagne, et l'Alsace en fait partie. Et c'est une période qu'on considère encore aujourd'hui comme son Âge d'Or, quand les bibliothèques humanistes fleurissaient, quand Gutenberg y inventait l'imprimerie, bref, vous saisissez.
Le Saint Empire Romain Germanique. L'Alsace et le Bade-Wurtemberg sont dedans. C'est justement à cette époque que la Souabe contient les deux. (source de la carte)
Pendant la Guerre de Trente Ans, de 1618 à 1748, la région sera en partie dépeuplée (60% environ, quand même) par nos amis les Suédois qui y inspirèrent pour des siècles l’expression même de terreur et de carnage. Une réputation qui ne doit pourtant pas nous faire oublier l'épisode ridicule du vaisseau de Vasa. Heureusement, des Suisses alémaniques trop heureux de s'installer dans cette plaine fertile n'ont pas hésité à donner de leur personne pour repeupler tout ça. Mulhouse, quant à elle, était une Cité État républicaine indépendante et s'en est donc bien sortie.

Les conquêtes de Louis XIV, dont l'Alsace. (source de la carte)
A partir de 1365, le Roi de France commence à s'intéresser de près à l'Alsace et y fait des incursions pour la voler à l'Allemagne. Il faut dire que la plaine et riche en ressource et en culture. Et quand les Français commencent à envahir la région, les Alsaciens se sentent-ils Français ? Demandons son avis au général de Breisach : « Je ne puis m'empêcher de dire que l'autorité du roi va se perdant absolument en Alsace. Les dix villes, bien loin d'être soumises au roi, sont presque ennemies. Il m'a paru de leur part une grande affection pour l'indépendance et un grand désir de demeurer membres de l'Empire. La noblesse de la Haute-Alsace va presque le même chemin. Haguenau a fermé insolemment la porte au nez de M. Mazarin et la petite ville de Münster l'a chassé honteusement il y a quelque temps. Je crois que le roi devrait prendre le temps qu'il jugerait à propos de Colmar et Haguenau à la raison. » Ou encore au cardinal Mazarin, justement : « Aucune ville d'Alsace ne pouvait me recevoir, soit parce qu'elles sont protestantes, soit parce qu'elles sont autrichiennes de cœur, soit parce qu'elles ont trop souffert des troupes françaises. »

Bref, l'intégration au Royaume de France ne se fait pas dans la joie et la bonne humeur. Ce qui commença avec Louis XI se conclut avec Louis XIV qui finit par prendre Strasbourg en 1681. L'Alsace est devenue française, sauf Mulhouse, qui reste une République Indépendante. Un siècle plus tard, c'est la Révolution Française, et curieusement, les Alsaciens sont très motivés pour renverser le roi. Étonnant, non ? La République de Mulhouse n'intègre qu'alors la France à son tour - et n'a donc jamais été sous l'autorité du Royaume de France. 

Détail remarquable, Rouget de Lisle compose à Strasbourg le Chant de Guerre pour l'Armée du Rhin, pour l'occasion. Néanmoins ce chant sera rendu célèbre par ceux qui l'ont chanté, des corps d'armées révolutionnaires venus de Marseille. Et oui, la Marseillaise, l'hymne national de la République Française, c'est le Chant de Guerre pour l'Armée du Rhin, et il vient d'Alsace.

Cependant, la Révolution qui promettait la justice et l'égalité tourne vite à la boucherie généralisée, aux massacres et à la Terreur. Après 15 ans de ravages, pour rétablir l'ordre et arrêter le bain de sang, les Français qui avaient crié "Mort au Roi !" crient désormais "Vive l'Empereur !"

Bien joué, les mecs.

Le Premier Empire Français. L'Alsace est dedans, pas le Bade-Wurtemberg, qui n'est qu'"inféodé" (source de la carte)
Napoléon Bonaparte va alors conquérir l'Europe pour répandre la bonne parole révolutionnaire, emportant dans son escarcelle le Code Civil et offrant donc à toute l'Europe l'administration moderne à la Française, celle qui, aujourd'hui encore, sert de modèle de base à plus de la moitié des systèmes juridiques du continent. Toutefois, si certaines terres conquises sont intégrées à la France, comme la Belgique, la Hollande et la Ruhr par exemple, le Bade-Wurtemberg lui ne sera qu'inféodé à l'Empire Français sans jamais en faire partie, il fait partie des ces États Allemands qui se querellent entre eux depuis la chute du Saint Empire. Ces États finiront heureusement pas arrêter leurs petites guerres intestines lorsqu'ils comprendront la force de l'unité face à un ennemi commun : En l’occurrence, Napoléon. Durant la Bataille des Nations, en 1813 à Leipzig, ils s'allient et réussissent à défaire les armées d'occupation française en formant la Confédération Germanique.

Alors que la France se remet péniblement de sa défaite et tente de se reconstruire sans être certaine si elle veut une République ou une Restauration, l'idée d'unité allemande croît de l'autre côté du Rhin. Le succès de l'unité allemande va commencer à faire germer deux projets distincts : Les ambitions autrichiennes, et les ambitions prussiennes. Les Autrichiens, accros aux empires titanesques qui se doivent de recouvrir toute la carte de l'Europe - un truc de Habsbourg, probablement - rêvent d'une Grande Allemagne qui se composerait, évidemment, de l'Autriche-Hongrie et des États allemands, sous la couronne viennoise, cela va sans dire. Les Prussiens rêvent d'une Allemagne plus "petite", mais plus forte. Après un bras de fer entre les deux puissances dominantes du monde germanique, c'est finalement la Prusse qui humilie l'Autriche dans l'Affaire du Schleswig-Holstein après une victoire militaire, à la surprise générale des autres nations européennes. Guillaume II, prince prussien, et son ministre génial, Otto von Bismarck (le père de la Real-Politik), emportent le pot et rassemblent les États allemands sous leur autorité. (source de la carte)
Seulement, pour pouvoir mettre la pâtée à l'Autriche, la Prusse avait dû s'assurer que la France ne prendrait pas ces mouvements de troupe pour une menace, ni ne viendrait participer pour soutenir l'Autriche si elle le lui demandait, en échange de promesses mirobolantes. La France de l'époque, c'est le Second Empire de Napoléon III. Malgré l'évidente tromperie de Bismarck, Napoléon III est tombé dans le panneau et - encore plus stupide ! - décide de le lui faire payer par les armes... alors que la Prusse vient de mettre une tatane à l'Autriche, puissance militaire dominante du continent, dois-je le rappeler. Mais non, notre Empereur se sent d'humeur joueuse et déclare la guerre à l'Allemagne.

Il perd la guerre en sept mois.

La France est humiliée, occupée par les troupes allemandes car oui, l'Allemagne s'est unie sous la houlette de Guillaume II, Empereur du Second Reich Allemand. Ce Reich est proclamé dans la galerie des glaces de Versailles, le bijou architectural de Louis XIV, ce Roi qui avait arraché l'Alsace au Saint Empire Romain Germanique... qui est venu la reprendre. Nous sommes en 1871, l'Alsace redevient Allemande, et emmène la "Lorraine" avec elle (enfin, la Lorraine façon de parler, la Moselle quoi)
Le Second Reich allemand. L'Alsace et le Bade-Wurtemberg (pas encore unifié) sont dedans. (source de la carte)
Après ça, les gens se rappellent un peu mieux, en général. La France, défaite et humiliée, doit payer 5 milliards de Francs Or en rançon, pour voir enfin partir les troupes d'occupation allemande, ce qu'elle fait grâce à une mobilisation populaire (l’État n'ayant plus un rond). Cela dit, les Allemands restent réglo et partent dès le dernier franc payé. Guillaume II a un Empire et des caisses pleines, et les Français ont les boules et la rancune. L'Alsace, quant à elle, sera partagée durant cette période allemande. Certes, le Kaiser va injecter énormément de fond dans les université des les travaux publics, y compris dans la restauration magistrale du Haut-Koenigsbourg. Mais des événements comme l'Affaire de Saverne ternissent le tableau : Certains Alsaciens ont longtemps l'impression de n'être que des citoyens de seconde zone auquel le Reichstag ne fait pas confiance. Pourtant, de manière générale, l'Alsace s'enrichit considérablement, notamment grâce à ses infrastructures massivement modernisées. On sent quand même que la "francisation" depuis la conquête de Louis XIV a porté ses fruits et que la région est divisée sur son appartenance.
 
Côté français, la soif de revanche va croître pendant quarante ans, jusqu'à ce qu'éclate la Première Guerre Mondiale en 1914. Le mot d'ordre ? "Récupérer l'Alsace et la Lorraine !" Genre. Il faut en fait comprendre "Casser la gueule aux sales boches.", ça n'allait pas beaucoup plus loin que ça. Les Allemands, eux, vont suivre leur allié autrichien dans la guerre, puis la défaite en 1918.

La France est très contente. Non seulement elle reprend l'Alsace-Moselle, mais elle impose à son tour une rançon sous forme de "dédommagement", officiellement appelé "indemnités de guerre" malgré les appels à la prudence de ses alliés. Mais la revanche, ça ne se laisse pas passer. Mais pourquoi faire dans la mesure quand on peut exiger d'une nation défaite et exsangue... 132 milliards de marks or ? Incapable de payer, l'Allemagne est plongée dans une misère noire que le Krach de 1929 ne va qu'empirer. La tête écrasée dans la merde par le Traité de Versailles, affamée et en colère, l'Allemagne va céder aux sirènes du populisme (tiens, un peu comme l'Europe des années 2010...) et se tourner vers un petit caporal autrichien qui a ramené avec lui son éducation politique viennoise, vous vous rappelez, les velléités de Grande Allemagne. Pas la peine de vous faire un dessin, Adolf Hitler prend la nationalité allemande, puis le pouvoir, puis les Sudètes, puis l'Autriche, puis le couloir de Dantzig, puis... l'Alsace et la Lorraine ! On y revient toujours !

L'Allemagne entre 1918 et 1937. Remarquez comme le Bade, le Wurtemberg Bade et le Wurtemberg-Hohenzollern ne sont pas encore rassemblés en Bade-Wurtemberg (ce qui n'arriva qu'en 1952) On peut distinguer le tracé de l'Alsace-Moselle qui sera reprise par les Allemands en 1940. En violet, l'Autriche, annexée en 1938. (source de la carte)
En effet, après que la France et l'Angleterre aient déclaré la guerre à l'Allemagne qui en est désormais à son troisième Reich, sans toutefois oser envahir le pays alors que toutes ses troupes sont en Pologne et que le cœur industriel allemand, la Ruhr, est sans défense, les troupes allemandes déferlent sur l'Europe de l'Ouest, remettent une tatane à la France et l'obligent à capituler. Et comme dans la mesquinerie absurde les Allemands ne valent pas mieux que les Français, ils forcent les vaincus à signer l’armistice de 1940 dans le même wagon que celui où les Français avaient fait signer l'armistice aux Allemands en 1918, et reprennent l'Alsace-Lorraine comme un trophée. Tralalère, c'est moi qu'a gagné.

Cette fois, l'occupation passe mal, et la population, qui commence à en avoir marre de changer de drapeau tous les vingts ans, n'est pas des plus cordiales avec l'occupant. Les méthodes du Führer, moins charmeuses que celles du Kaiser, passent par les menaces et l’incorporation de force des Alsaciens-mosellans dans la Wehrmacht. Ces jeunes hommes envoyés sous uniforme allemand pour mourir sur le Front Est sous peine de représailles contre leurs familles, on les appelle Malgré-Nous. Et mon grand père était l'un d'entre eux.

La guerre tournant rapidement au vinaigre pour le Reich, la France finira par reprendre l'Alsace et la Moselle en 1944-45, malgré une forte résistance allemande dans la Poche de Colmar. L'Alsace est redevenue française, et l'est restée depuis lors. Mais cette histoire n'est pas terminée.

Étant donné que "toute la France a résisté", comme nous l'inculquait le Grand Charles, la France a droit de s'installer à la table des vainqueurs, et elle en profite. L'Allemagne est dépecée comme un cerf, les Soviets prennent ce qui deviendra la République Démocratique d'Allemagne, un système autoritaire encore plus paranoïaque que le régime nazi qu'il remplace, tandis que la République Fédérale d'Allemagne est divisée en trois zones d'occupation, britannique, américaine, et française. La France occupe donc militairement la riche région industrielle de la Ruhr, comme au bon vieux temps de ce cher Napoléon, mais aussi... Le Bade-Wurtemberg ! Enfin lui aussi a droit a un peu de variation culturelle !

Plusieurs casernes sont alors déployées sur le territoire allemand dans la zone d'occupation française, y compris dans une petite ville de Forêt Noire appelée Donaueschingen. Des soldats Français viennent faire leurs mutations dans ce pays plein de charmes qui ne sont pas forcément tous culinaires. Dans une époque où l'Europe post-guerre mondiale se décidait enfin à s'unir et à travailler ensemble, les haines se sont (très) lentement estompées, l'amitié franco-allemande a fini par germer. Les casernes françaises en Allemagne ont fini par être transformées en Brigade Franco-Allemande où soldats des deux pays travaillaient côtes à côtes, et justement, la première caserne de ce genre fut Donaueschingen, où mon père fut affecté deux fois. Il fut présent lorsque la BFA fut créée et c'est lors de son premier séjour à Donau (pour les intimes) qu'il y rencontra ma mère, une Allemande.

L'"amitié" franco-allemande, je ne vous fais pas un dessin, pouf, me voilà.

Quelques années plus tard, le Mur tombe, l'Allemagne se réunifie, moi je déménage en France après avoir passé ma prime jeunesse en République Fédérale d'Allemagne. Enfin, je déménage... en Alsace. Je pense qu'après ce petit résumé de l'histoire du bassin Rhénan, on comprend que l'Alsace française c'est bien beau, mais c'est pas complètement vrai, en fait. Si culturellement et linguistiquement il n'y a pas de doute sur sa nature germanique, historiquement on est sur une constante balance, un jeu de ping-pong absurde dont les alsaciens furent les grands perdants. A chaque changement de nationalité, la langue officielle précédente est bannie, punie... et c'est un mini-génocide culturel qui s'enclenche à chaque fois. Le dernier en date a d'ailleurs failli tuer le dialecte alsacien. L’Alsace est germanique et française et allemande. Et c'est justement ce que je suis aussi. De par ma culture et mon éducation parentale, je suis germanique, de par mes origines et mes racines, je suis Français et Allemand. Et de par mes opinions et mon éducation personnelle, je suis Européen. Au bout d'un moment, cette dichotomie franco-allemande a fini par perdre son sens lorsqu'il s'agit de définir mon identité.

Mais encore une fois, faute de mieux, je dois m'en contenter.

Les frontières aujourd'hui, en 2014. En bleu, l'Union Européenne. L'Alsace et le Bade-Wurtemberg sont dedans. (source de la carte)


Pour rappel :


La France en tant que pays commence avec Clovis couronné Roi des Francs en 481. Récemment conquise, l'Alsace en faisait partie.

L'Allemagne en tant que pays commence avec le Saint Empire Romain Germanique en 962. Récemment conquise, l'Alsace en faisait partie. La République Fédérale d'Allemagne, elle, n'est réunifiée que depuis 1990.

L'Alsace, qui a été constamment prise et reprise par la Franc(i)e et l'Autriche/Allemagne depuis la chute de l'Empire Romain est, ironie du sort, la région d'origine des Habsbourg, la plus grande et influente dynastie royale / impériale d'Europe.

Le Bade-Wurtemberg en tant que Land n'existe que depuis les années 50. La Forêt Noire, elle, n'a aucune existence administrative et n'est qu'une région culturelle.

L'Union Européenne commence avec la Communauté Européenne du charbon et de l'Acier en 1951. La France et l'Allemagne sont parmi ses membres fondateurs. 

L'Alsace accueille de nos jours à Strasbourg le Conseil de l'Europe, le Parlement Européen et la Cour Européenne des Droits de l'Homme.

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