mardi 29 avril 2014

C'est l'été !

En Islande, on est enfin en été.

Comme leurs lointains - mais néanmoins très précisément catalogués dans des arbres généalogiques / génétiques - ancêtres norses, qui n'avaient que deux saisons*, les Islandais d'aujourd'hui considèrent la mi-avril comme le début de l'été. En même temps avec leur temps imprévisible, il n'y a qu'une chose qui puisse faire la différence : Y a-t-il en moyenne plus de soleil ou de pluie ? Or, mi-avril, et si la météo est d'accord, y a un peu plus de soleil.

Non sérieusement, y a du ciel bleu et tout !

Comme on voit c'est ni un bal costumé, ni un club de vieux.
D'ailleurs, c'est tellement fabuleux que les Islandais attendent ça comme les Français attendent une victoire au mondial de football - à la différence qu'ils l'obtiennent. Le premier jour de l'été est donc un jour férié, avec sortie de drapeau pour l'occasion, la totale. Fête nationale les amis ! 

Une tradition qui remonte au passé pré-chrétien, et il fut donc de bon aloi pour moi de célébrer ce retour de l'été en participant au Sigurblót de l'Ásatrúarfélagið, l'Assemblée des Ásatrú Islandais. Qui sont ces gens ? Ce sont des néopaïens dont la religion reconnue par l’État (c'est en fait la deuxième religion du pays après le christianisme) a pour principe de faire revivre la religion des scandinaves pré-chrétiens (en fait c'est un peu plus compliqué que ça mais j'y reviendrai probablement dans un article sur eux). Et donc on a célébré le premier jour de l'été par le Sigurblót, qui est le sacrifice de la Victoire - approprié pour la fin de l'hiver gris et froid et le retour de la vie.
A droite nos jeunes troubadours, à gauche avec la corne, l'une des Goði.

C'était assez marrant d'arriver en avance avec deux amis qui m'ont conduis sur place, et d'aider à tout monter - la tente, les barbecue, etc - et d'avoir l'impression que ce serait une fête qui durerait toute l'après-midi jusqu'au soir, avec des cartons pleins de saucisses, de soda, bières et malt (la Karamalz locale), pour finalement une fête de deux-trois heures maxi. "C'est juste un blót !" Ah bah oui...

Bon, toute la bouffe est partie quand même, hein.

Crédit photo : Sigríður Sirrý Dagbjartsdóttir

Ce fut l'occasion de me prêter à une joyeuse ronde pour tenter une danse traditionnelle des îles Féroé, avec un succès honorable pour une première fois... bon... hein... Au son de quelques jeunes gens bien sympathiques qui avaient ramené leurs instruments (tambourins, flûtes, Hurdi-Gurdi), le tout... sous le soleil ! Oui, oui, le soleil ! Et croyez-le ou non, mais on sort de deux jours et demi de soleil DE SUITE. J'y crois, je vais voir le début du beau temps avant de partir.

M.A.J : L’acoustique de la tente est un peu merdique mais ça donne quand une idée, voici donc rien que pour vous mesdames et messieurs un interlude musical ajouté à l'arrache !


En revenant j'en ai profité pour prendre quelques photos de l'église Kópavogur alors que le ciel se couvrait et m'offrait un ciel superbe. Depuis le temps que je passe à côté en me disant "tiens, faudrait que j'aille voir ça de plus près" sans jamais prendre le temps... Pour info, j’habite à 5 minutes de cette église maintenant, et celle-ci se trouve juste à côté de la gare de bus. Je précise car j’ai une petite vidéo en projet où cette église pourra vous servir de repère !
 
Besoin d'expliquer son surnom d’Église McDonald's ?


La même au couchant... Je trouve le choix de la couleur de l'éclairage assez... intéressant. En tout cas de nuit c’est chouette !
 Et parce qu'on le voit pas souvent flotter au vent par ici - bien moins qu'en Finlande :

Si comme moi vous avez longtemps confondu le drapeau norvégien et islandais, rappelez vous que la Norvège copie leur ancien souverain le Danemark - et l'assume -  en rajoutant simplement une croix bleu dans la blanche sur fond rouge, tandis que l’inversion bleu / rouge du drapeau islandais par rapport à leur ancien souverain la Norvège est totalement accidentelle. Oui, oui, ça n'a RIEN A VOIR. Haha, ils sont mignon. Et ils assument pas :-D

Bon, ceci pour dire que malgré le manque de nouvelles chronique je vais bien et tout hein, c’est juste que mon stage s'approche de sa fin, et que ça devient un peu plus dense du coup, entre le projet que je dois mettre en place et le rapport à rédiger... Cela dit, j'ai quand même commencé à profiter du temps en allant faire une promenade dominicale sur Esja, la "Montagne de Reykjavík". Je vous en parle bientôt :)

 


Voilà une vue d'Esja. Vous comprenez pourquoi je veux en faire un article à part.
 *L'hiver et l'été, donc, l'hiver durant d'octobre à avril, le beau temps, lui durant de juillet à août. 

(D'après eux, hein)

samedi 19 avril 2014

Un dimanche ensoleillé en Islande : Un Road-Trip (2/2)

Comme pour démontrer la véracité de mon article précédent (tout en m'offrant une parfaite excuse pour mettre le lien de la partie 1/2 ni vu ni connu), la ballade dans le Cercle Doré a été annulée pour cause de changement de temps, une demi-heure avant qu'on vienne me chercher. Ravalons donc notre déception, me dis-je donc, et occupons-nous de la partie vidéo de notre road-trip dominical.

Comme j'ai déjà digressé dans l'article précédent, et que c'est (encore) une longue vidéo, je vais aller droit au but.


(notez qu'on voit beaucoup plus pour une durée équivalente à ma marche nocturne et mouillée)

On pourra apprécier les chutes de Hraunfossar à leur juste valeur, et voir Snorralaug, le fameux Bain de Snorri, une source chaude ayant appartenu à la résidence du célèbre lettré à qui nous devons la compilation/rédaction de l'Edda en prose et de la Heimskringlasaga, notamment (mais pas que !) et sans qui les études norses ne seraient pas ce qu'elles sont aujourd'hui. Car bien qu'il ait très, très fortement adapté les mythes qu'il relate à ses agendas (la chrétienté, bien sûr, mais aussi si volonté didactique d'expliquer le fonctionnement de la poésie traditionnelle aux jeunes scaldes de son temps), Snorri Sturluson a permis de sauver du néant une quantité de savoir incroyable qu'il nous aurait été difficile, parfois impossible, de reconstituer des siècles après (déjà qu'à son époque c'était limite...) Le musée étant encore fermé, nous n'y sommes évidemment pas entrés par effraction, bien qu'au prix où ils font raquer les gens ce n'aurait été que justice (Très cher, surtout pour un si petit musée, mais comme il est perdu au milieu de nulle part, j'imagine qu'ils ont beaucoup de (faux)-frais, hein). Mais on a pu voir sa source chaude, où notre auteur médiéval a donc papoté avec ses potes en buvant des bières. Un lieu éminemment chargé d'Histoire, donc.
La petite chapelle près de Snorralaug est vraiment mignonne.

Bah quoi, on est un fanboy ou on l’est pas.

Cela dit, une fois de plus je n'avais pas de serviette (ça commence à devenir récurrent, je crois que je vais TOUJOURS emmener une serviette maintenant), autrement on aurait pu s'y baigner, à condition évidement de respecter la petite notice de sécurité qui dit en tout petit que quand le bassin vient d'être rempli faut attendre un moment ou tu finis bouilli.

L'entrée du musée, Þóra, et cette tour qui de loin... hum...
Un peu partout dans la plaine on voyait des fumerolles monter du sol, parfois même pas de trous, simplement de la végétation, et beaucoup de constructions (maisons mais pas seulement) utilisent visiblement la géothermie même de façon assez rustique, avec les vapeurs évacuées par des cheminées en métal et des gouttières. En même temps, ils l'ont gratos fourni clefs en main par Mère Nature, ils seraient cons de pas en profiter ! Du coup ça ressemble à des usines miniatures avec leur panache de fumée mais c'est simplement la vapeur géothermique.

Quant aux chutes, ce fut un chouette moment. Déjà l'endroit est superbe et dégage une force incroyable - est-ce le son de l'eau bouillonnante, la beauté du paysage, ou quelque chose de plus mystique, qui sait ? - une expérience qui a elle seule vaut la peine de faire tout le trajet depuis Reykjavík si on en a l'occasion. On y a pic-niqué dans l'herbe et fait un peu de randonnée non-balisée (certaines zones sont interdites, notamment pour protéger la flore, mais d'autres sont simplement "à vos risques et périls"), ce qui m'a permis de vous montrer la partie déchaînée du torrent dans la crevasse avant les chutes.

En fait, les protections sont principalement exclusivement pour protéger la flore, puisque là où ils ne veulent pas qu'on piétinent les plantes, ils mettent des filins en métal. Là où le sentier se transforme en falaise à-pic plongeant dans les eaux torrentielles, il n'y a pas de filin ou de barrière, seulement un petit pictogramme.

On sent les priorités.

Cela dit, il n'y a pas que les falaises qui puissent représenter un danger pour le randonneur imprudent. C’est pourquoi je vous laisse sur ce petit bonus dans lequel Orri vante la "surprenante" beauté de la nature islandaise :

Un dimanche ensoleillé en Islande : Un Road-Trip (1/2)

Quand les gens en Islande me disaient que le temps change beaucoup, j'avais d'abord tendance à sourire, hocher de la tête pour approuver tout en se disant "ouais, bon, j'ai passé quelques saisons en Finlande, je maîtrise." Mais après deux mois passés à subir les aléas complètement imprévisibles de la météo islandaise, force m’est de constater que non seulement ils avaient raison, mais qu'ils avaient omis de préciser "d'heure en heure". Parce que le temps, ici, n’est pas qu'un simple sujet de conversation pour remplir les blancs dans une discussion un peu molle. Le temps, ici, c'est la main du destin qui va décider de ton week-end, de ton après-midi, de ton mode de transport pour rentrer du boulot. Le temps, c'est un des dieux que tu pries assidûment chaque fois que tu veux faire un voyage, une ballade, même un achat au cente ville.

C'est quand même plus sympa sans la grêle, non ?
Plein soleil, pluie, neige, grésil et grêle vont se succéder au cours de certaines journées dans un ordre et un rythmes totalement aléatoires. A cela s'ajoute le facteur vent qui transforme un bel après-midi ensoleillée en ce jour où vous avez failli perdre vos doigts. Sans crier gare. Au moins, en Finlande, il fait froid et on le sait, le vent n'attend pas qu'on soit suffisamment loin de chez soi pour soudainement venir vous faire regretter votre choix vestimentaire, invitant son ami la grêle pendant dix minutes avant de laisser la place au soleil. Et observer l'horizon ne sert à rien, on ne voit rien venir.

Enfin si, mais à la dernière minute.

Une fois, je me trouvais dans un bâtiment assez haut à Reykjavík avec une belle vue sur la mer et les montagnes de l’autre côté. Beau temps, températures agréables. Soudain, mon regard est attiré par une masse blanche et massive qui arrive par la gauche. Poussée par le vent, un mur de brouillard semble tout à coup fondre sur la ville, si vite que je le vois engloutir les immeubles. Avant même de réaliser ce qui se passe, l'immeuble est pris dans un blizzard et les montagnes ont disparu. Je ne vois même plus la mer, seulement les constructions avoisinantes. Le temps de faire quelques blagues et commentaires sur le temps, peut-être dix minutes, et la neige s'arrête d'un coup. Le brouillard se dissipe et le mur de blizzard repart, continuant son chemin comme si de rien était. Vingt minutes plus tard la neige a pratiquement fondue sous un soleil radieux et les rues semblent avoir simplement pris un peu de pluie. C'était tellement grotesque que je me serai cru dans un cartoon. Et c'est comme ça tout le temps, pluie, neige et franc soleil se succèdent dans la même journée en quelques minutes.

Ce qui n'est évidemment pas sans rappeler l'inénarrable :


Décidément, entre ça et et la maison des fous, je sais pourquoi j'ai toujours préféré Astérix.

Mais revenons à l'Islande.

Cela explique l'un des aspects de la culture islandaise, le rapport relatif à la ponctualité et à l'organisation, notamment lorsqu'il s'agit d'un événement. Le maître-mot est : flexibilité. Comme on ne sait jamais de quoi le temps sera fait, beaucoup de choses se font à la dernière minute, et improviser, changer radicalement d'avis ou de programme à la dernière seconde, ça fait partie du jeu - et ça déteint sur la vie de tous les jours. C'est pas la Grèce non-plus, mais après la Finlande, on le sent bien, le contraste.

Mais quelle est cette boule de feu flamboyante en plein Avril ? Et par quelle magie le ciel a-t-il pris cette couleur bleutée ?
Du coup, organiser un voyage se passe en deux temps. D'abord on regarde la météo et on planifie quand on veut partir et où. En effet, on changera plus volontiers la destination, qui dépend grandement du temps qu'il fera, plutôt que la date, parce que si on a du temps libre, autant en profiter quoi qu'il arrive. On annulera certaines excursions purement et simplement sans ronchonner, parce que c'est la vie. Dans un deuxième temps, on revérifiera le temps juste avant de partir, histoire de savoir si on annule tout une heure avant de partir. Voilà, le voyage est prêt. De toute façon on embarque les vêtements chauds, alors pas besoin de se casser la tête.On m'a même dit "en été, on décide de nos vacances en fonction du temps et donc on bouge sur l'île en suivant la météo".

Autant dire que l'organisation allemande tend à avoir des sueurs froides.

Fort heureusement pour moi, ce dimanche, le temps nous fut favorable, et enfin j'ai pu me balader en dehors de Reykjavík. Avec Þóra et Orri, deux collègues de boulot, on a pris la voiture et fait un petit tour dans l'Ouest du pays sans un ciel clément, pour aller voir le Bain de Snorri à Reykholt et les chutes d'eau de Hraunfossar :
Celle-là est de Þóra
Je vous fais un petit résumé avec quelques photos et promis, demain - quand la vidéo aura fini de charger sur youtube, ahem - vous aurez une vidéo qui va bien. (Évidemment, les problèmes habituels de copyright pourraient potentiellement ralentir cette démarche, on ne m'en voudra pas)(N'est pas ?)

A l'aller on a pris le tunnel pour aller plus vite et profiter du temps, mais au retour, on s'est fait plaisir et on a longé toute la côte, nous permettant d'admirer le Fjörd où la région avait l'habitude de "s'occuper" des baleines pêchées. Un endroit magnifique avec de belles plages de sable noir et tout. Comme en Carélie, l'absence quasi totale d'autres voyageurs sur les routes m'a donné une agréable impression d'espace et de liberté. Les paysages eux-mêmes sont à couper le souffle, surtout quand la plaine immense s'étend face à vous, bordée par des montagnes et des glaciers... L'herbe était même assez verte dans la région du Bain de Snorri, à la riche activité thermale, alors qu'à Reykjavík tout est encore assez jaune. Quant aux chutes, je penses que les images parlent d'elles-même. 

Le paysage offre aussi quelques surprise grâce à ses vallons et ses crevasses. On peut avoir l'impression de rouler pendant des plombes face au vide complet d'une plaine à découvert, et soudain, au détour d'une descente invisible jusqu'alors, on réalise qu'on avait face à soit une grande ferme dissimulée par une simple colline.

Hraunfossar, c'est beau.
L'absence de forêt, déjà remarquable dans Reykjavík et ses alentours malgré quelques bosquets (comme à Perlan) devient criante. Les amateurs de forêts comme moi se trouveront bien désemparés face à ce qui ressemble terriblement au Rohan - bon en même temps...

Il me faut mentionner que la tête atterrée d'Orri en apprenant que les toilettes coûtaient 100 couronnes au musée de Snorri (puis rebelote aux chutes) n'a pas eu de prix ! D'ailleurs, aux chutes d'eau, le toilette n'était pas surveillé et l'application du tarif laissée à l'honnêteté des usagers. Si les Anglais, les Allemands et les Polonais avaient droits à une simple annonce du tarif, pour une raison ou pour une autre les Français avaient une longue et belle phrase leur expliquant que le site avait besoin d'être entretenu et que ça coûtait des sous et que vous comprenez déjà qu'on vous fait pas payer l'accès au site... bref, le bon sens quoi, on se doute bien sur un site gratuit pourquoi ils font payer 100 couronnes (60 centimes) le toilette - enfin, aimeraient que vous payiez 60 centimes, hein, parce que je suis pas convaincu que beaucoup le fassent sans surveillance. Je me demande du coup s'ils se sont senti obligés de l'expliquer en seulement en français parce que :
- Ils avaient un(e) francophone à disposition (mais pourquoi pas en islandais ou même en anglais, du coup ?)

Ou :
- Les Français sont ceux qui auraient plutôt tendance à se plaindre de devoir payer 60 centimes ?

J'ai mon idée sur la question, je vous laisse vous faire votre propre opinion sur la question. ^^





Une dernière photo de notre retour, en vous donnant rendez-vous bientôt : Demain, si tout va bien, je fais le Cercle Doré ! Et pendant ce temps là vous aurez droit à la partie 2 de cet article, celui avec la vidéo.


PS : Ada, ich hatte dir etwas versprochen...
Glücklich ? :-p

mardi 8 avril 2014

Les bus et la bouffe : Islande VS Finlande

Il y a déjà de cela quelques semaines m’arrivait une mésaventure dont certains ont déjà entendu parler, en rapport avec l’un des sujets qui nous intéressera aujourd’hui, à savoir : Les transports en commun. En effet, après une bonne soirée de concert à Reykjavik, je me suis retrouvé à minuit sans bus pour rentrer. Deux solutions s’offraient à moi. Il y avait l’option financièrement désavantageuse de tendre mon bras désespéré afin d’attirer l’attention de l’un des vautours taxis qui n’attendaient que ça, ou marcher.

Cette vidéo vous  présentera la sympathique marche de nuit qui s’en suivit. On se retrouve après pour un développement sur les transports en commun, et d’un autre sujet passionnant : La bouffe. Aujourd’hui on va comparer pas mal avec la Finlande, je préviens hein, histoire de justifier le tag « Finlande » de cet article.



Partie I : Les Transports publics

Alors comme je n’ai pas traduit mon moment de frustration et que tout le monde ne se tape pas mes vidéos (qui sont longues,  je sais…) je vais résumer l’affaire des transports publics de Reykjavik.

« C’est de la merde » est la version concise qui me vient spontanément à l’esprit, mais je vais faire un effort et développer, d’autant que tout n’est pas à jeter. Par exemple, comme je l’expliquais dans la vidéo, il suffit de dire à son chauffeur que l’on veut changer à tel arrêt pour telle ligne, et le gars appelle son collègue pour lui demander d’attendre. Ce qui est cool quand on est un peu stressé, qu’on fait le trajet pour la première fois ou qu’on a un rendez-vous (ou les trois à la fois). C’est plus chiant quand on a un rendez-vous et que… on est assis dans le bus, à serrer les dents, les fesses et les poings parce que le bus est déjà en retard et qu’on a envie de gueuler « Démarre et laisse l’autre prendre le suivant, bordel de perkele ! ». Genre le matin pour aller au boulot, quand toi t’as couru pour ne pas rater ton bus et que… voilà.


Le pont dans la vidéo, de jour. J'ai pas résisté au côté Stargate :-p
D’autant que le système est très basic, en plus. En dehors du grand axe central qui sort de Reykjavik, rares sont les arrêts desservis par plus de trois lignes, hors chaque ligne passe tous les quarts d’heures, jusqu’au soir ou on passe à toutes les demi-heures. Ah, et aussi les bus quittent la gare centrale presque tous en même temps. Donc tous les quarts d’heures (ou demi-heure) t’as une vague de bus, et si tu la rates, ben… cuitas les bananas. Comparons à une autre région capitale prise au hasard, disons… Helsinki, hein, juste pour l’exemple. Bah y a toujours tout un tas de lignes, des arrêts partout et une répartition régulière. Et surtout y a des bus après minuit.

Parce que oui, les bus ici c’est Cendrillon : Après minuit la fête est finie. Déjà que le week-end t’as moitié moins de bus, soit tu sors et tu prends ton dernier bus à 23h44 (pour la ligne 6, par exemple, trop bien la Teuf de Grandes Personnes !), soit tu rentres en taxi (kling kling ! € € € !). Ou tu bien tu la joues « Rien à foutre, j’suis un touriste, j’me promène ! », comme moi. Mais c’est plus long, forcément (et potentiellement plus humide).

Mention spéciale à leur site internet où tu peux calculer ton trajet et tout et tout. Franchement, je me plaignais des cartes de Reittiopas, j’ai revu mes  critères à la baisse depuis que je dois me farcir Straeto. Sérieusement, c’est le site le plus pourri en matière de cartes que j’ai jamais vu. Déjà commençons par le commencement, la destination. Tu peux écrire l’adresse correcte à la virgule près, il va te demander une fois sur deux de « confirmer l’adresse » parmi une foultitude d’adresse d’une liste proposée par ses soins, y compris des adresses qui n’ont non seulement rien à voir, mais peuvent même ne pas être dans la même ville ! (alors que tu avais inclus le code postal) et qui pourtant sont plus haut dans la liste de suggestions que l’adresse que tu cherches. Adresse qui peut même ne pas être proposée. Voilà voilà.
Ensuite tu choisis si tu veux « parti » ou « arriver » à telle heure… ce qui ne sert pas à grand-chose puisque le moteur de recherche du site va te sortir des horaires qui t’amènent au lieu souhaité une heure en avance au lieu de se rapprocher de l’heure souhaitée. Du coup, tu peux rajouter 20 bonnes minutes à ton calcul pour avoir de suite les horaires que tu cherches.

Pour compenser ce flot de frustration, la crique de Grafarvogur de jour.
Et puis ensuite y a les cartes… Les cartes t’indiquent où tu commences, où le bus roule, et où tu descends. Mais si tu dois marcher pendant dix minutes, quand Reittiopas te sors des cartes, certes parfois peu claires, mais qui te montrent quels chemins emprunter, Straeto lui tire un trait tout droit vers ta destination, ignorant les routes, les rivières, les rochers, et même la mer. En gros, quand tu descends du bus, Straeto te dis : Vole, mon ami, vole !

Hé, Ducon, si je savais voler je me serais pas fait chier à prendre le bus jusqu’ici. D’uh.

On notera aussi que deux arrêts se faisant face n’ont pas forcément le même nom (pratique pour s’y retrouver !) et que deux arrêts consécutifs peuvent avoir le même nom (les deux arrêts consécutifs « Kringlan », du nom du centre commercial du même nom, par exemple). Hourra !

Je sauverai quand même leurs plans dans les arrêts de bus qui sont beaucoup plus clairs qu’en Finlande, et les horaires des lignes mieux indiqués aux arrêts et dans les livrets, avec clairement indiqués : la station de départ, la station d’arrivée (et donc le sens de la ligne…), ainsi que tous les arrêts de la ligne et à quel arrêt on se trouve (et du coup on peut se repérer sur la ligne). En Finlande, même les Finlandais avouent ne pas forcément comprendre les cartes de HSL, c’est dire. Bon point pour Straeto, mais loin d’être suffisant.

Là où les Islandais marquent des points c’est : La politesse de leurs chauffeurs et la propreté de leurs bus. Là par contre, je suis positivement surpris. Et aussi que tous les bus indiquent l’arrêt suivant. Et que y a pas besoin de faire de grand signe au chauffeur pour qu’il s’arrêt comme en Finlande où se tenir debout, porte-monnaie en main, au bord de la route, n’est pas suffisant pour faire stopper le bus.

Mais les horaires de merde et les retards constants, mais surtout ce très, très mauvais site font que je préfère globalement HSL. Le réseau de bus d’Helsinki-Vantaa-Espoo est plus efficace et plus pratique malgré ses défauts.

HSL WINS.

EDIT : Ah oui, je crois avoir oublié de mentionner que le week-end, les bus commencent à tourner à vers 11h. Voilà, voilà.

Partie II : La nourriture

On fait souvent des blagues sur la « cuisine finlandaise », notamment en se rappelant que notre cher ex-président Chirac avait lancé, en voulant taquiner nos amis britanniques « Il n’y a qu’en Finlande qu’on mange moins bien qu’en Angleterre ». Eh bien, Jacques, t’as jamais mis les pieds en Islande, mon pauvre ami.

Mouton fumé, haricots blancs en sauce. Oh yeah.
Qu’on ne se méprenne pas, ils ont des plats délicieux ici, hein, notamment quand il s’agit de mouton. Dos d’agneau (Hryggur) et mouton fumé (hangikjöt) furent de fabuleux festins, avec des sauces délicieuses (notamment une aux haricots blancs, bonheur et extase inclus) et de sympathiques préparations de pommes de terre et patates douces au four. Rien à redire, c’est divin. Mais en Finlande aussi il y a des mets exquis, notamment quand on tape dans le poisson. Et ce n’est pas de cela que parlais notre ami Jacques ni tous ceux qui blaguent sur la nourriture en Finlande. Non, ils parlent de Ruispalat, de Mämmi, de patates vapeur et de mélanges de viande bizarres. Il me faut donc remettre les pendules à l’heure (pas celle d’été, puisque les Islandais sont les seuls Européens de l’Ouest à ne plus changer d’heure en été) (Ce fut une découverte rigolote lors d’un appel sur Skype) (Bref).

Rustique ne veut pas dire mauvais.

Certes, la cuisine finlandaise est très paysanne et en cela assez proche de ce qu’on peut manger en Alsace et plus généralement le bassin rhénan (Baeckahoffa etc.), en moins riche et une attention portée plutôt sur le poisson. Et c’est très bon, même si ce n’est pas de la cuisine de resto français prout-prout. Assaisonné juste comme il faut, un bon équilibre des ingrédients, un souci de faire au mieux avec ce qu’on trouve sans tomber dans le misérabilisme (bon, ok, y a ce pain où ils mélangent de l’écorce d’arbre à la farine pour économiser, mais c’est plus un souvenir nostalgique des disettes d’antan qu’autre chose, on te le sert pas à la cantine) (Et c’est pas mauvais en plus). Les pirogues caréliennes par exemple, pour prendre quelque chose de l'alimentation courante, c'est simple, c'est rustique, mais c'est bon.

En Islande, ils ont ce coté « on ne perd rien » aussi, mais sans la retenue qui sied à une nation qui ne vit plus dans la famine permanente. Passons les espèces de boudins de gras et foie (lifarpylsa) et de gras et de sang (blóðmör) (à consommer chaud ou froid, moi je ne peux que le manger chaud parce que froid, tout farineux et friable et tout, je peux pas. C’est juste plöah). C’est encore la catégorie rustique, façon Blutwurst, et apparemment les amateurs de Haggis apprécieront (n’ayant jamais jamais goûté cette spécialité écossaise, je ne peux donc juger)

Mais dans le genre « on ne perd rien » y a quand même hamsatólg, le gras de mouton frit en accompagnement de… poisson.

Alors un bon filet de hadock islandais oui. Le goût du mouton oui, de son gras frit uniquement, bon, à la limite. Mais quand je mange du poisson, c’est pour le goût du poisson. Là c’est une overdose de gras au goût très fort mélangé au haddock, et à manger vite car le gras refroidit rapidement et devient une belle couche blanchâtre dans le fond de l’assiette. Et ne parlons plus du hákarl, le requin faisandé, j’en ai assez mangé pour un bout de temps ^^ D’ailleurs, il y a aussi Skata, un autre poisson qu’ils laissent faisander quelques mois, dans un trou cette fois, qui est plutôt un plat de Noël ici mais beaucoup plus courant dans l’Ouest. Si je passe par-là j’essaierai d’y goûter, il paraît que c’est encore pire. En attendant je peux manger du harðfiskur, des lamelles de poisson séchés à la texture sembable au papier recyclé que les locaux te vendent ainsi : « C’est bon si tu mets plein de beurre. »

Et comme j’ai rouspété à cause du manque de bon pain en Finlande, permettez-moi de faire amende : C’est pire en Islande. Leur pain de consommation courante c’est le pain de mie.

LE PAIN DE MIE !

Il y a bien des brötchen mais c’est déjà « spécial ». J’imagine que je dois me réjouir en pensant que ça m’aura au moins appris à apprécier le rayon pain du S-Market un peu plus justement. Néanmoins, là où le supermarché islandais bat le finlandais, c’est au rayon fruits et légumes. Les fruits sont beaux, et ils sont bons, et ils sont à des prix *kofkof* raisonnables. En tout cas plus honnêtes niveau qualité/prix qu’en Finlande (et pourtant voilà, niveau Import, on peut pas dire que les Islandais soient géographiquement privilégiés).

Je remarque qu’ils sont aussi très américanisés dans leur culture du snack (ils mangent énormément de pop-corn de marques US, les canettes de coca de 50 cl, les sauces etc.), ce qu’ils admettent eux-mêmes. Le fait d’avoir eu longtemps une clientèle américaine à cause des bases militaires, et la proximité avec le continent jouent beaucoup. Ils ont aussi  les chaînes US et britanniques – dont ils regardent assidument le football… – avec les pubs qui vont avec… (Les pubs anglaises c’est… une expérience.). Ils sont aussi très clients de Domino’s Pizza, ce qui est chiant vu que je préfère Pizza Hut, mais dans l’état actuel de mes finances ça fait pas une grande différence :-D Et puis y a le Hot-Dog.

Je vous en parlais, le hot-dog c’est leur grand truc, d’après une étude le kiosque à hot-dog  serait même leur « restaurant préféré », c’est dire. L’amour pour ce met délicat fut d’autant plus renforcé par la reconnaissance d’un autre ex-président, un certain Bill Clinton, qui par un commentaire positif a offert la notoriété éternelle à ce qui s’appelle « le meilleur hot-dog de Reykjavik », ni plus, ni moins. Ils en sont tellement fiers que la photo souvenir se trouve sur un panneau dans la file d’attente – toujours longue ! – au-dessus du vendeur et leur sert même d’avatar Facebook !


"Je suis Bill Clinton et je n'ai pas eu de relations sexuelles avec cette femme."

 Bah j’y suis allé, au « meilleur hot-dog de Reykjavik ».  J’ai attendu dans cette file qui ne s’épuise jamais, j’ai savouré ce pain exceptionnel coupé en deux pour accueillir une savoureuse saucisse accompagnée d’une délicieuse  moutarde et d’une attrayante couche de ketchup avec quelques copeaux d’oignons délicatement frits.


Non, je déconne, en fait ça avait juste le goût d’un hot-dog hors de prix.

Je me plaignais des fromages finlandais, dont le top reste Ottermanni, on est donc au niveau fromager du Babyel, et ben je suis désormais servi avec un « fromage » qui ressemble plus à une crème ou une pâte à tartiner brune pâle qu’on appelle « mysingur » et que ma collègue Þorrà décrit en ces termes : « C’est comme de la terre et de la merde combiné avec une touche de caramel. » Voilà.

Mais le Skyr, leur fromage blanc très similaire au quark qu’ils mangent en quantité, je dois dire que c’est vraiment très bon. Et surtout, Valdys, le glacier situé en face du Musée de la Marine… Des glaces pareilles pour ce prix j’en rêve à Helsinki ! Les glaces ET les cornets sont faits maison, et sont tout simplement fabuleux. Quiconque met les pieds à Reykjavik SE DOIT de prendre une glace chez Valdys. C’est dit.


Même s’ils ne font pas de glace au goudron. Harald wins :-p


PS : Il m'est également très plaisant de pouvoir boire facilement de la Karamalz, ou du "Malt Extract" qui a exactement le même goût. J'en parlerais sûrement dans un petit tarticle spécial.