samedi 18 novembre 2017

Au-revoir Finlande, bonjour Suède.

Après six ans et demi en Finlande, le Destin me fais bouger une fois de plus, vers la Suède, cette fois-ci. Un grand changement qui amène son lot de questionnements et de réflexions. C'est l'occasion pour moi de revenir sur plus de six années dans un pays qui me plaît, et mes sentiments vis-à-vis de ce nouveau départ.

Déjà, pour être clair, je ne pars pas parce que je ne m'y plais plus, au contraire. La Finlande n'est pas parfaite, mais elle me convient, culturellement, socialement, bon, je dirais pas économiquement parce qu'avec mes contrats 0h merdiques, on ne peut pas dire que je roule sur l'or. Et la raison principale de cette situation ce n'est pas mon éducation professionnelle - j'ai obtenu mon diplôme en Finlande - mais la langue. Si j'étais parvenu à apprendre le finnois, j'aurai déjà un vrai travail. Malheureusement, ce n'est pas le cas. 

Le théâtre national finlandais.
Il y a plein de raisons et de facteurs qui ont fait que j'échoue, entre les quatre premières années à gérer ma bipolarité sans suivi ni traitement, le coût prohibitif des cours intensifs alors que je galérais déjà à remplir mon frigo correctement, puis le fait que lorsque j'ai eu mon diplôme avec un peu de retard je n'étais plus éligible pour les cours du TE-Toimisto (le Pôle Emploi local), m'obligeant à me rabattre sur des cours moins intensifs et du coup moins efficaces. J'ai passé le niveau 1 il y a des années grâce à un cours intensif qu'on m'avait offert, j'ai donc pu observer que cette méthode-là fonctionnait bien sur moi, mais les deux heures par semaine ou les cours merdiques de survie proposés par ma fac, non, ça n'a pas marché. Problème de temps, de méthode, de capacités à un moment donné, bref, on peut trouver plein de raisons à cet échec, il n'empêche que ça reste cela : un échec. J'ai un vocabulaire passif correct, mais impossible de faire mieux que des phrases bateaux et ma liste de courses. Après plus de six ans, c'est faiblard. J'ai souvent croisé des étrangers vivant en Finlande qui me disaient avoir abandonné l'apprentissage de la langue et se débrouillaient juste en anglais, des gens qui y vivaient depuis plus de dix ans, et dans ma tête je me disais : "Pas moi." Je ne voulais pas devenir l'un de ces mecs-là, or l'horloge tique et nous y sommes presque, aux dix ans, et je dois me contenter de jobs pourris parce que, ben, je ne parle pas finnois (et pour travailler dans le social, c'est un peu compliqué). Ma précarité actuelle, je la dois à cet échec de l'apprentissage de la langue, il fallait donc y remédier d'une façon ou d'une autre.

Or, ma compagne a eu un poste à Lund, dans le Sud de la Suède, et elle m'a quand même demandé si je serai prêt à la suivre avant de prendre sa décision. Et j'ai dis oui. Certes, ça implique de laisser mes amis de Finlande derrière moi, comme je l'avais déjà fait en quittant la France. Ça ne veut pas dire qu'on ne se reverra jamais, juste rarement, occasionnellement. Je laisse derrière également des lieux qui me sont désormais chers, où j'ai fait mon trou, des choses à boire et à manger qui vont me manquer comme me manquent déjà saucisson, speck et Malzbier (et oui, je pense à toutes choses Terva). Mais cela veut aussi dire sortir de cette impasse linguistique qui me précarise et me pèse, chaque année un peu plus. Le suédois sera un nouveau défi, que tout le monde me présente comme "facile, surtout puisque tu parles allemand et anglais". On verra. En attendant j'ai une nouvelle chance, dans un pays qui n'est pas pour me déplaire à première vue. La Finlande était mon plan A, les autres pays nordiques mon plan B, et le retour en Allemagne mon plan C. C'était comme ça depuis qu'Ada avait rompu et que j'étais confronté à un futur en Finlande en solitaire. Surtout qu'à l'époque je n'avais pas fini mes études, et j'étais dans le creux de la vague médicalement et socialement parlant. Mais j'ai persévéré, j'ai obtenu mon diplôme, puis j'ai essayé de m'en sortir pendant l'année qui a suivi, je peux passer au plan B sans trop de regrets, car je repars de Finlande avec la satisfaction d'avoir fini ce que j'étais venu y faire en premier lieu. J'ai réussi les études pour lesquelles j'avais déménagé. Malgré la tristesse des au-revoir et l'impression de laisser une nouvelle fois mon cercle d'amis derrière moi, il y a aussi un sentiment d'accomplissement.

La Suède sera un nouveau départ, il faudra tout recommencer, tisser des liens, trouver du travail, apprendre la langue. C'est excitant, c'est stressant, mais c'est normal.

Si je devais avouer mes quelques regrets, ce serait (sans ordre précis) : 

- Ne pas avoir vu la Laponie. Même ma sœur et sa petite famille sont allé à Rovaniemi quand ils sont venus me rendre visite. Moi, en six ans, jamais. J'ai écumé la côte Sud, j'ai vu l'archipel de Finlande en long en large et en travers, j'ai vu la Carélie, Savo, et la région des grands lacs. Mais la Laponie, jamais. Bon, objectif dans ces prochaines années : aller en Laponie, fut-elle la Laponie suédoise.

- Ne pas avoir fait la Route du Terva. Il n'y a probablement pas des tonnes de choses à voir (si ce n'est le paysage de la région, ce qui est déjà très attractif), mais comme on y produit encore du Terva à l'ancienne et tout, ça m'attire, forcément.

- Ne pas avoir été dans un Savu sauna, où la fumée reste à l'intérieur. Bon, ça se fera un jour ou l'autre.

- Ne pas être là pour le centenaire de la Finlande, qui a lieu une semaine après notre départ. J'ai bouffé du "Suomi 100" sur tous les produits possibles et imaginables pendant toute l'année 2017, mais le jour même, je serais pas là. C'est un peu con, mais c'est comme ça. Est-ce que j'aurais fait la fête comme un petit fou pour l'occasion ? Probablement pas. Est-ce que suivre l'événement depuis mon ordi chez moi à Helsinki m'aurait plus impliqué que sur mon ordi chez moi à Lund ? Probablement pas. Du coup je trouve ça dommage, mais c'est pas la fin du monde non plus, n'exagérons rien.

- Ne pas avoir réussi à apprendre le finnois, une langue qui me plaît beaucoup, que j'aime écouter, mais qui restera à jamais un mystère grammatical pour moi. Certains l'apprennent en quelques mois, d'autres jamais. C'est comme ça.


La gare d'Helsinki.
Les trucs qui vont me manquer : l'architecture Jugenstill d'Helsinki. Superbe, des magnifiques façades à chaque coin de rue, des sculptures, des moulures, des motifs floraux, plein de couleurs... Sans compter que la ville est construite avec des rues larges, très larges souvent, on est jamais loin de la mer, plein d'espaces de verdures, de rochers apparents... Une ville qui laisse la place à la nature, ouverte sur son ciel, qui respire. Oui, Helsinki va me manquer, c'est la ville que j'aurais eu le plus de plaisir à habiter. Sinon, le Terva (même si j'espère que les Suédois auront eux aussi plein de truc au goudron, ce serait le pied), les restaurants Harald où l'on mange fort bien, les vrais Salmiakki finlandais (je suis sûr que la Suède a également de la réglisse salée dans son répertoire, mais si c'est comme l'allemande, bof, bof), le mämmi, les ruispalat (un type de pain de seigle probablement inspiré par une semelle de chaussure)... non je déconne, bon débarras! La Prykmestar Savu, une bière locale fumée phénoménale (tout comme son prix), et probablement plein de trucs que je ne réalise pas encore avant de les perdre "pour de bon".

(Après faut pas déconner, la Finlande c 'est la porte à côté, on y retournera forcément de temps en temps.)

Ah l'Euro, aussi. Vivre dans le seul pays nordique a avoir choisir l'€ c'était allier l'utile à l'agréable. Là je suis parti pour jongler entre euros et couronnes suédoises, le rêve. Bon, pour compenser j'aurais une famille royale à la tête de mon pays de résidence, ce qui est... intéressant... ? 

Du coup j'ai hâte de découvrir la Suède et d'adopter de nouveaux favoris (spoiler :  ça ne sera pas le Surströmming). Bizarrement, et contrairement à ce qu'on pourrait penser quand on connaît mes intérêts, notamment historiques ou spirituels, je n'ai pas de passion spécifique pour la Suède, qui s'intègre pour moi dans un ensemble culturel nordique qu'il m'a déjà été donné d'explorer un peu, cf. ce blog, d'ailleurs. Je sais que je vais changer de pays, qu'il y aura des différences culturelles avec la Finlande, mais je ne vis pas cela comme un changement radical et n'ayant pas de fétiche de la Suède (je n'en avais pas spécialement pour la Finlande à la base non plus), je m'y lance avec curiosité et nervosité, notamment quant à mes capacités effectives à apprendre une nouvelle langue, plus qu'une réelle excitation béate. Enfin, un peu quand même. Je pense que ça vient également d'un manque de réalisation concrète de ma part. Quand les cartons seront dans le camion, ça commencera à devenir plus réel, et je me dirais "Oh yeah, la Suède !". Surtout qu'on déménage dans une petite ville apparemment toute mignonne, dans un chouette appartement... mais tout ça trouvera son chemin sur ce blog, vous verrez bien. En attendant je suis encore en Finlande, mon esprit est toujours ici, à Helsinki, et je n'arrive pas à me mettre au suédois en ligne. Je ne me projette pas encore, quelque part... Difficile de croire que c'était mon dernier été en Finlande, mon dernier Ruska, et que dans quelques semaines je vivrais mon premier marché de Noël suédois.

Bon, je vous laisse, je dois préparer l'appartement à notre fête de départ.

Le pont pour conclure l'article, métaphore de transition, de passage vers l'ailleurs, tout ça. Je suis un poète.


Ah et je reprends les article sur la Norvège "bientôt", promis.

jeudi 28 septembre 2017

Surströmming, une abomination culinaire

Rien que le titre de cet article est une hérésie. Surströmming n'a rien de culinaire.

La plupart des lecteurs de ce blog savent déjà qu'après plus de six années passées en Finlande, un nouvel horizon m'appelle tandis que je m'apprête à déménager en Suède pour suivre ma compagne. De gros changements en perspective sur lesquels je reviendrai peut-être dans un article dédié, parce que mine de rien ça fait beaucoup de choses en ébullition dans ma tête et qu'un blog sert aussi de soupape pour ce genre de choses. Mais en attendant de traiter de ce sujet d'une extrême légèreté, intéressons-nous plutôt aux vrais problèmes sérieux. Parlons bouffe. La Finlande m'aura offert l'occasion d'apprécier de nouvelles choses, comme le mämmi (souvenez-vous), le goudron (j'y reviendrai bientôt), le Kalakukko (un pain fourré au poisson), le Salmiakki (de la réglisse salée) et tant d'autres. Chirac aurait dit une fois qu'il n'y a qu'en Finlande qu'on mange moins bien qu'au Royaume-Uni. C'est peut-être un poil exagéré. On aime ou on n'aime pas, le sujet divise mais on est loin du désastre culinaire annoncé.

En revanche, en Islande, on est passé au cran au-dessus avec le hákarl (souvenez-vous). Là encore, réputation terrible à l'international, les locaux assumant eux-même qu'il s'agit d'un "goût qu'on acquière" avec le temps, et un concept assez peu ragoûtant à la base (un requin qui n'urine pas, et dont la chaire est saturée d'acide urique - donc toxique - mais qu'on laisse faisander pour la rendre comestible. L'Islande, le pays du bon goût.) J'avais déjà fais une vidéo où je goûtais du hákarl et, malgré l'impression de respirer de l’ammoniaque, c'était pas si horrible que ça. C'était mauvais, hein,  qu'on soit bien d'accord, mais loin de l'horreur escomptée.

Quelques années plus tard, je m'apprête donc à quitter la Finlande pour la Suède. C'était donc le moment idéal pour réaliser un vieux projet que j'avais échafaudé il y a des années avec mon ancien coloc Finlandais, à la fois l'occasion de nous amuser avant de nous quitter (c'était déjà lui qui avait filmé la vidéo du mämmi, entre autres), et de me préparer à mon nouveau pays d'accueil. Les astres étaient alignés, il était temps de nous attaquer à la bouffe à la réputation la plus détestable qui soit.

Le Surströmming.


Internet regorge déjà de vidéos de gens goûtant avec plus ou moins de succès à cette spécialité suédoise constituée de hareng de la Baltique fermenté selon une recette bien particulière qui implique deux bains de saumure différents et tout, on n’est pas dans du simple "mettez le hareng dans la boîte et basta". Vous ne voudriez pas rater votre poisson, n'est-ce pas ? (Attention, c'était du sarcasme). Je savais donc à quoi m'attendre. Mais quelque part, la semi-déception du hákarl m'avait échaudé et je me disais que les gens incommodés des vidéos Youtube exagéraient pour la mise en scène. Du coup j'y suis allé avec un peu de nervosité, tout en ayant conscience que ma vidéo serait peut-être moins... parlante. Après tout, si ça pue et que c'est pas bon, bah c'est vite réglé comme pour le hákarl.

Toutefois, il m'avait été recommandé par plusieurs sources indépendantes de : 

1) Ne pas l'ouvrir à l'intérieur.
2) Ne pas l'ouvrir à proximité des habitations.
3) Ne pas l'ouvrir sans avoir pris la précaution de plonger la boîte sous l'eau.
4) Ne pas l'ouvrir.

Nous avons donc pris le bus et marché un peu pour nous isoler en forêt, dans un coin où nous avions déjà tourné une vidéo par le passé (nostalgia trip oblige), que nous savions isolé, pratique pour poser la conserve et à l'abri des rafales de vent pour éviter le sfffrrfffrrssshhfrr de la Norvège. Tout était prêt, il n'y avait plus qu'à commencer.


La vidéo parle d'elle-même, Surströmming ne déçoit pas. Si l'odeur met un certain temps à se répandre, laissant croire un instant que "c'est pas si terrible, finalement", elle est véritablement putride. C'est la chose la plus immonde que j'ai jamais goûté. Ou même juste senti. Quand quelqu'un viendra vous faire chier parce que vous ne mangez pas assez de nourriture bio, naturelle, sans additifs, sans conservateurs, offrez-leur du Surströmming. Du hareng, de l'eau, du sel, ei muuta. 100% naturel. Le résultat est juste à vomir. Littéralement. J'ai mâché mon morceau deux trois fois avant de le cracher, impossible d'avaler ma bouchée pourtant précautionneuse. Je pense que j'aurais tout rendu si j'avais avalé ce truc. La texture a l'air gluante, notamment avec les boyaux de poisson qui flottent dans l'eau, mais le poisson a encore sa colonne et donc il faut un peu tirer dessus pour arracher un morceau. La chaire est aussi ferme que les harengs marinés qu'on trouve dans n'importe quel supermarché finlandais (qui eux sont bons, hein, je précise), et moins "moelleuse" qu'un rollmops. Ah et aussi c'est proprement dégueulasse, l'avais-je déjà précisé ?

100% Nature. Et la nature, c'est forcément bon.
Alors dans la vidéo vous me voyez joyeusement nous débarrasser de la boîte (préalablement vidée de son contenu innommable sous les arbres) dans une poubelle. Mais nous n'étions pas débarrassés de l'odeur pour autant, parce que même en rinçant vite fait mes mains avec des mouchoirs et un peu d'eau, l'odeur persistait. On passe à la supérette pour me laver les mains : plus de savon. On va donc acheter des lingettes nettoyantes : horreur, l'odeur est comme "activée" par l'humidité. Il faut les laisser sécher pour limiter les dégâts. 40 minutes de bus avec cette odeur de poisscaille pourri sur les mains ! Arrivé chez mon ancien coloc, lavage de mains. Cinq fois, avec trois détergents différents. Toujours les doigts qui puent. Retour chez moi, re-lavage de mains, savon, bicarbonate de soude... et toujours une vague odeur écœurante sur les mains... Nous sommes le lendemain et, fort heureusement, ça y est, j'en suis venu à bout. Donc si d'aventure vous aussi souhaitiez tenter votre chance avec le Surströmming, conseil d'ami : mettez des gants, ou préparez-vous à vivre avec les conséquences de vos actes pendant de longues, très longues heures (ou chaque fois que vous humez vaguement l'odeur de poisson sur vos mains, votre cerveau se rappelle de cette bouchée fatidique en mode syndrome de stress post-traumatique, hauts-le-cœur en sup).

Pour en savoir plus, la page française de wikipedia est un peu succincte. Je note qu'ils associent le Surströmming à d'autres plats "similaires", genre le hákarl justement et... le gravlax ? Mais c'est génial le gravlax ! (si vous aimez les tranches de saumon cru un peu salées). Rien à voir, mais alors rien du tout avec l'haleine matinale de Cthulhu qu'est le Surströmming. Par contre le Kiviak, le pingouin fermenté des Inuits, m'intrigue. Hop, sur la liste.

La page anglaise est plus fournie, avec quelques anecdotes rigolotes, comme ce propriétaire allemand qui a jeté dehors sans préavis un locataire qui avait répandu du jus de Surströmming dans la cage d'escalier. Poursuivi pour cela devant la justice, le propriétaire a plaidé sa cause en ouvrant une boîte de cette horreur en pleine cour. La justice, comprenant la gravité de l'incivilité commise par le locataire, a étrangement donné raison au proprio.

Bref, ça y est, j'ai enfin testé le Surströmming comme je me l'étais promis il y a longtemps sans jamais oser trouver le temps de le faire. Et donc, en conclusion : c'était pas très bon.

Maintenant que c'est derrière moi, la Suède ne peut plus rien me servir de pire.

N'est-ce pas ?

PS : Si la conserve a bien été achetée et consommée jetée dans les buissons en Finlande, la marque est bel et bien suédoise, il ne s'agissait pas d'une abomination équivalente finlandaise. Proudly made in Sweden.

samedi 16 septembre 2017

Soleil et mouches à Vardehovda

Une photo spoiler juste pour la miniature sur Facebook ? Non, pas du tout.
Oui, ce titre est nul, mais il répond à celui de l'article précédent et... au bout d'un moment, faut bien trouver quelque chose. Après tout c'est le 133ème article de ce blog, on me pardonnera bien ça. Bref, Vardehovda, un des sommets d'un plateau pas loin de Bjørkheim. Pour s'y rendre, deux options : une longue marche à pied, ou prendre la voiture jusqu'au parking intermédiaire puis se promener dans le relief sur le circuit. (Bon, en fait y a une troisième option mais j'y reviendrais plus tard, hihi). Grosses feignasses que nous sommes, nous avons pris la voiture. Après, c'était ça ou commencer la balade qu'on voulait faire à 18h. Ce qui aurait été dommage, par ailleurs, puisque contrairement à notre balade sur Kyrkjevegen, ce jour là il a fait beau. Très beau même, et en plus il y avait peu de vent. Que demander de plus ?

Arrivant au parking, on a découvert qu'il était payant. Ce qui ne voulait pas dire que, comme dans n'importe quel parking payant français ou allemand, il y avait une borne où après paiement la machine imprime un petit ticket, non, non. Ce qu'il faut comprendre c'est qu'il y a une boîte cabossée avec une fente pour mettre votre argent dedans, avant de remplir vous même votre ticket de stationnement à la main grâce au bloc vierge posé à côté de la boîte. 

La confiance. Le truc impensable en Europe centrale, et oui je pense à toi, "parking" d'Eguisheim.

Nous étions donc face à un parking payant en mode "À vot' bon cœur, m'sieurs dames !" Et le pire, c'est qu'on avait justement pas assez de monnaie pour faire le compte exact. Rien ne nous empêchait de mettre légèrement moins que demandé, en fait rien ne nous empêchait de remplir notre ticket sans rien payer ! Mais comme nous avions trop de scrupules, je suis allé changer un gros billet chez le chauffeur d'un bus garé sur le parking. Et donc on a bel et bien payé le prix complet du ticket. Conscience légère.

Une fois ce détail réglé et notre pacte de confiance mutuelle tacite avec la Norvège renouvelé, nous sommes partis sur le chemin de terre pour grimper sans aucun problème vers le sommet.

Non je déconne, on a dû s'enfoncer un peu dans un marais avant, mais rien de grave, hein. Surtout que moi j'étais en rangers, comme d'habitude, donc bon, s'enfoncer jusqu'au dessus de la cheville dans la boue, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre, comme le disait si élégamment notre inénarrable ex-président Jacques.

J'aurais pu faire un panoramique, mais comme j'ai eu la flemme, on va faire le balayage en plusieurs photos.
C'est assez clair, je crois, que le sol est humide.
Marais, lac, on ne sait plus trop bien.
Dès le départ par la courte zone marécageuse, nous avons été introduis aux joies des moustiques et des mouches, qui nous suivront joyeusement tout au long de notre balade. Heureusement, ça n'est pas devenu gênant, "pas comme en Laponie" disaient les autres qui ont eu la chance de passer du temps dans ces contrées septentrionales. J'en profite pour étaler platement mon envie, vu qu'après 6 ans en Finlande, j'ai toujours pas réussi à remonter plus au Nord que Joensuu. Bon, après j'ai des amis qui ont passé leur vie en Finlande, où ils sont nés, et n'ont jamais été plus au Nord qu'Oulu, donc quelque part, faire comme eux c'est un genre de facteur d'intégration. Bref, je digresse.

Comme nous étions déjà sur le plateau, les différents "sommets" ne semblaient pas forcément très hauts (sur les photos ça semble assez "plat"), mais les montagnes à l'horizon donnent tout de même une idée de l'échelle. Nous ne sommes pas ici dans les hauts sommets de la chaîne scandinaves, plutôt sur les bords. Mais la vue était des plus agréables, surtout que cette fois la météo permettait d'avoir une vue dégagée et de prendre des photos/vidéos sans gouttes d'eau sur l'objectif. Du coup, voilà quelques photos de la balade suivies d'une vidéo pour vous emmener avec moi sur le sentier.

Le route qui sert de départ à la promenade. On remarque les maisons aux toits traditionnels couverts d'herbe, particulièrement communs dans la région.
Quand on regarde vers le haut.
Quand on regarde vers le bas.
La personne sur cette photo souhaite rester anonyme, mais je peux révéler que son prénom commence par un C.
Une vue par-delà le "sommet" du plateau. Montagnes et forêts sont au programme.
Vue d'un sommet depuis un autre sommet. Celui que nous voyons au loin est le "vrai sommet".
Chaque sommet est matérialisé par un cairn.
Vue sur les lacs depuis le vrai sommet.
Tentative de panoramique mal réglé, donc trop lumineux. Mais ça donne une idée.
Sommet plus haut = cairn plus gros. La taille compte, apparemment.
Votre gentil accompagnateur pour cette visite. Remarquez le style sehr seyant pantacourt-rangers, ja ?
On redescend.
La jolie végétation sur ce versant.
Vue du chemin.
Notez l'arbre solitaire qui tient debout au milieu du rien.
Et donc pour ceux qui n'en ont pas eu assez avec les photos ou qui souhaitent simplement refaire cette visite avec mes petits commentaires, j'ai monté une vidéo à l'ancienne qui inclue un petit bonus à la balade à la fin.


Alors la baignade était complètement improvisée. À la base, on voulait juste aller jeter un œil au névé qu'on avait repéré pendant la balade. En s'approchant, on a trouvé la rivière très sympathique avec sa chute d'eau en cascade, et puis finalement j'ai regardé Lucas et dit "on se baigne ?". Et on s'est baigné. Sauf que, sans serviette, il a fallu se laisser sécher au soleil et au vent sur le bord du sentier, nous attirant les regards curieux d'un groupe de randonneurs. C'était franchement agréable de se rafraîchir après la longue marche sous le soleil, et le petit vent "chaud" qui soufflait après coup nous a fait sécher rapidement (zéro coup de soleil, mesdames et messieurs, on applaudit bien fort ce petit miracle !).

Le névé et la rivière fraîche mais agréable.
La rivière coule vers son lac, et vue sur l'écurie.
Et donc il paraît qu'une dame d'un certain âge est passée et a fait un clin d’œil à Céleste qui a pris quelques photos. Je vous laisse donc sur cette vue de rêve.

lundi 11 septembre 2017

Pluie et vent à Kyrkjevegen

Après une bonne nuit de sommeil paisible, notre première journée à Bjørkheim fut l'occasion d'une balade sur le relief avoisinant. Nos amis avaient une carte de randonnée du coin très précise, mais malgré tout nous ne sommes pas parvenus à déterminer quel était exactement le nom du sommet que nous nous sommes fixé comme objectif. En revanche, le chemin qui y montait portait un nom : 


Kyrkjevegen. Littéralement la route de l'église. Alors le nom, comme ça, vous évoque quoi ? Moi j'imagine un adorable petit sentier praticable par lequel même le couple de personnes âgées qui vivent dans leur ferme peuvent se rendre à la messe sans risque.

Sauf que non, évidemment.

Bon, ça n'a pas l'air si terrible, au début. Je le sens bien.
Regardez ! Il y a même de jolies fleurs toutes mignonnes, quelle promenade de santé ça va être !
Alors déjà il nous a fallu un moment pour trouver le début du sentier en question, balisé par des marques de peinture rouge pas forcément évidentes à repérer de prime abord. On n'était clairement pas sur un sentier du Club Vosgien. Mais bon, après quelques détours dans la pampa, on a fini par trouver le sentier et à le suivre sans trop de problème, jusqu'à un marais. Et là, démerden sie sich. Alors en fait il fallait traverser le marais (pas de planches hein, c'est pas la Finlande, donc splouitch splouitch comme il faut) traverser un peu en biais et reprendre un peu plus loin, passer une petite butte rocheuse et... retraverser un marais - "plus ou moins tout droit, ça le fera" - et enfin s'engager sous le couvert des arbres pour une montée vers le plateau. Alors la montée, elle commençait tranquille, avant de progressivement se raidir. Et là, c'est le moment où j'ai réalisé que j'aurais dû faire plus de sport. J'avais arrêté de courir quand l'hiver s'était installé sur Helsinki et n'avais pas repris au printemps... grossière erreur. J'en ai donc chié des barres, alors que les autres crapahutaient plus ou moins tranquillement, et ce ne serait pas la dernière fois pendant ce séjour. Mais bon an mal an j'ai réussi à suivre le groupe jusqu'au plateau où nous avons pu profitSHRRRer duFRRRHHpaysaSSSHHRRRFFFgeFFFFFR. Et du vent, donc.

Plus on montait, plus la végétation peinait à se maintenir, forcément. À mi-chemin, les arbres se desséchaient (on voit bien que les bouleaux ont du mal) et les buissons prenaient lentement le relais.
Y a pas à dire, j'aime les ballades en forêt, surtout quand il y a de vieux arbres biscornus et des rochers couverts de mousse.
Le sentier face à nous en arrivant au bord du plateau.
Le même sentier derrière nous, pour donner une idée. C'est toujours bien de se retourner de temps en temps quand on fait des ballades.
Nous sommes à présent cernés par une dense bruyère. Quelques arbres tentent de résister aux assauts du vent.
Le "sommet", plus ou moins, du plateau.
Un bout de ciel bleu ! Du soleil !
Un petit lac d'altitude et le toit d'une ferme.
Des arbres vaillants.
On peut reconnaître le tracé des pistes de ski sur la montagne d'en face. Apparemment le coin est très prisé des skieurs, en hiver.

Et donc contrairement à mes articles sur Åland, j'apparaîtrais bien dans ceux sur la Norvège. Regardez bien l'inclinaison de la barbe, vous connaîtrez le sens du vent.
On a mangé recroquevillés dans une dépression du terrain, derrière un gros arbuste pour nous protéger du vent, puis Céleste et moi sommes redescendus tandis que nos amis continuaient un peu plus loin (oui parce que je sais qu'on ne dirait pas comme ça, sur ces images, mais il ne faisait pas que venteux et humide. Il faisait un peu frais aussi).

Alors j'avais prévu de commenter un peu la ballade dans une petite vidéo façon vlog à l'ancienne, renouer avec les débuts de ce blog. Je vous invite donc à regarder... cette vidéo d'ambiance musicale sans (quasiment) aucun commentaire. (Oui, ce fut un désastre). Vent, pluie, rien ne m'aura été épargné dans cette vaine tentative de vidéo commentée. J'essayais d'attendre des accalmies, ça reprenait dès que j'appuyais sur le bouton record. Au bout d'un moment j'ai abandonné. Du coup, au lieu de moi vous invitant à nous suivre sur le sommet du Kyrkjevegen, je vous propose une vidéo d'ambiance, où le bruit du vent aura été avantageusement remplacé par un morceau de musique traditionnelle norvégienne, Den Som Rulla Ette Gølve' interprété par Egil Syversbråten. Un peu de Kultur dans cet article de gros touriste.


Notez l'anémomètre qui me sert de barbe, pratiquement à l'horizontale dans certains plans. Venteux, je vous dis.

dimanche 3 septembre 2017

Bjørkheim, une introduction à la Norvège

Notre logis par beau temps.
Cet été, Céleste et moi sommes partis en compagnie d'un couple d'amis pour une semaine en Norvège. Le pays étant très cher, partir en groupe permettait de casser les coûts, notamment la location d'un pied-à-terre, d'une voiture, l'achat de nourriture, etc. À la base, tout avait commencé par l'idée de faire une grosse semaine en voiture avec un autre ami, pour rejoindre un autre ami (vous suivez ?) qui habite près de la côte Ouest du pays. Ce plan tombant à l'eau, nous avons changé notre fusil d'épaule, troquant un voyage organisé autour d'une voiture pour un voyage à quatre organisé autour d'une maison. Une autre approche, donc. Pas vraiment de grand road-trip, même si clairement c'est le mode de visite qui conviendrait le mieux pour la Norvège, mais l'avantage d'explorer une zone plus en profondeur.

Nous avons donc loué une maison dans un coin paumé appelé Bjørkheim, et comme il y a plusieurs localités portant ce nom là, je parle du tout petit Bjørkheim "près" de Geilo et Gol, dans le Buskerud, Norvège de l'Est. Bon, ça ne vous dit pas forcément grand chose, donc en gros on était plus ou moins au milieu de la partie renflée qui compose le premier tiers Sud du pays. C'était une ravissante petite maison perdue dans les champs au milieu du relief, avec une grange comme dépendance et des moutons partout autour qui se promenaient plus ou moins librement. Un endroit très calme et paisible, très rural. D'ailleurs, le propriétaire prénommé Olaf faisait régulièrement des tours de tracteur puisque nous étions en pleine saison de la fauche du foin (ce qui expliquera les nombreuses bottes de foin dans les champs sur la plupart de mes photos). Un plus pour nous, puisque nous avons donc eu droit à la bonne odeur du foin fraîchement coupé.

Et par temps couvert. Inclus : la "route" goudronnée.
Du coup, on est arrivé par avion à Oslo par une matinée pluvieuse, mais on n'a pas pris la direction du centre-ville (on a gardé la visite de la capitale pour la fin). Au lieu de ça, on a rejoint notre maison de ferme - avec deux petites étapes dont je parlerais plus tard. Ce qui nous a d'abord étonné en roulant aux abords d'Oslo, c'était à quel point ce coin de Norvège ressemblait à la Finlande ! Relativement plat, couvert de forêts où le bouleau domine. Mais au fur et à mesure, les sapins ont commencé à prendre le dessus, l'horizon s'est élevé en relief de plus en plus haut, et on a fini par passer du Sud de la Finlande à la Forêt Noire. Car c'est bien ce que ça m'a évoqué, avec ces vallées boisées parsemées de fermes, même si l'architecture était évidemment nordique, très similaires aux fermes finlandaises. Mais il y avait comme un air de Schwarzwald qui planait sur certains coins, ce qui n'était pas pour me déplaire. En revanche, l'échelle était toute autre. Les vallées creusées par les glaciers n'en finissaient pas, les forêts non plus, paysages somptueux garantis.

Franchement, y a quand même un air de Forêt Noire, non ?
Bon, je dois prévenir dès maintenant, énormément de photos de paysages ont dû être prises par la fenêtre de la voiture en marche, parce qu'on ne pouvait pas s'arrêter à tout bout de champs. Je vous laisse imaginer à quel point c'est facile de cadrer une photo en roulant. Mes excuses d'avance pour cet article et les suivants.
Bon, comme ceci est l'article d'intro, je vais mettre quelques trucs au clair. Comme je viens de l'écrire, j'ai beaucoup photographié et filmé depuis la voiture en marche. Donc non seulement c'était pas évident de cadrer correctement, mais surtout il est très difficile pour moi de vous dire très exactement où a été prise chaque photo. Donc à moins que ce soit clairement spécifié, les photos d'illustrations de paysages sont exactement cela : de l'illustration. Le plus précis que je puisse être c'est que la plupart de ces photos proviennent d'un cercle d'une demi-journée de route autour de Bjørkheim. Merci de votre compréhension, tout ça.

Une photo d'illustration, prise quelque par dans le Sud-Est de la Norvège.
Mais retournons à Bjørkheim, notre camps de base. Après avoir visité deux églises en bois debout sur le trajet (article à venir), nous avons donc atteint ce petit coin tranquille et visité les lieux, une grande maison avec bien plus de lits que nécessaire pour notre petit groupe de quatre, et équipé d'un sauna (parce que c'est important le sauna). Le cadre, comme je l'ai dit, est rural, avec plusieurs fermes aux alentours, une écurie dans les hauteurs, et un genre d'hôtel pas loin qui semblait étrangement désert. On rejoint la maison par une route goudronnée rudimentaire criblée de cratères et de bosses carrément marquées par les locaux avec des cercles de peinture rouge pour alerter les conducteurs (oui parce que les premières fois on entend bien racler le bas de caisse). Angoisse donc, surtout avec une voiture louée où le moindre accroc pourrait doubler la facture au moment de la rendre. Nos conductrices prendront rapidement le coup de main et slalomeront entre les obstacles avec brio. La plupart du temps. Alors la supérette la plus proche nécessite quand même une demi-heure de voiture pour s'y rendre, donc ça va, mais vaut mieux pas oublier l'essentiel quand on fait les courses.

Il nous est donc arrivé de nous promener aux alentours, voilà de quoi avoir une idée de Bjørkheim :

Vue de la maison : la route et en rouge, en hauteur, l'écurie.
Outre les moutons, nous avions donc aussi des chevaux pour voisins. 
Sur le bord de la route, un abri à l'abandon.
A côté de l'hôtel déserté, une balançoire qui n'a pas vu beaucoup d'enfants dernièrement.
Une rivière coule à quelques pas de là.
Libres de se promener dans de grands terrains, il n'était pas rare de croiser des moutons partout sur les routes.
Maintenant qu'on a posé le décor du camp de base de Bjørkheim, on va pouvoir visiter un peu la région au fil des articles (probablement trois ou quatre articles à venir). Au programme de la marche, du vent, de la grimpette, du vent, des églises en bois de bout, des chevaux, du vent. Oui, je sais, y a comme une insistance, là, mais quand, comme moi, vous essayez de filmer des vidéos en extérieur (sans microphone adapté, évidemment, je tourne avec mon appareil photo), c'est un détail qui vous tape rapidement sur le système. LE VENT.

Et oui, y aura de nouveau des vidéos. Ça faisait longtemps, hein ?